La magie de la communication consiste à trouver les mots justes pour interpréter ou qualifier une situation à laquelle fait face la société. Le mot juste dans une bonne communication suffit à apaiser en grande partie un évènement difficile. Ce savoir-faire maîtrisé par les politiciens leur est d’un secours immense en cette période d’inflation généralisée. Un mot revient sans cesse dans les discours actuellement : résilience.
Comme le disait William Shakespeare, « les mots sont comme les abeilles : ils ont le miel et l’aiguillon ». Mais ils « ne bâtissent pas les murs » pour reprendre l’auteur français Romain Werlen. Ainsi, le plus souvent, il suffit d’un mot bien placé pour habiller un désastre en une situation convenable. Cette crise économique et sociale généralisée secoue tous les Etats de la planète. Et elle est diversement traitée selon les peuples et leurs gouvernants. Les populations les plus pauvres sont encore celles qui paient le prix cher car leur situation s’empire. En réalité, l’implosion sociale est une résultante possible de cette flambée des prix à laquelle est soumise la population. Aussi pour imbiber l’aiguillon du miel, il a fallu trouver le mot ou l’expression idéale pour dire au « pauvre » qu’il est « fort » et sage en résistant dans sa situation miséreuse, d’où le mot « résilience ». En son sens ordinaire, la résilience exprime la caractéristique d’un métal à résister au choc. C’est également par extension la capacité à surmonter les chocs traumatiques. Ainsi une personne résiliente est celle qui se montre solide face aux épreuves de la vie.
A l’analyse, la résilience n’exprime pas la victoire sur une situation mais plutôt la capacité à résister, à demeurer dans ladite situation. En même, le mot apparait comme un adjectif exprimant une certaine appréciation d’un caractère louable. Et c’est là, toute la supercherie des « hommes et femmes » politiques qui utilisent allègrement ce mot à l’endroit des populations pauvres comme pour leur dire : « bravo, vous tenez bon ! ». Et apparemment la pilule passe puisque certaines couches sociales sont heureuses de ce qualificatif. Mais à l’arrière-plan, ces « politiques » ne s’empêchent de se remplir les poches. Ils sont pour la majorité exonéré des dépenses sociales basiques. Ils ont les meilleurs salaires. Ils détiennent les sociétés les plus rentables dans leurs pays.
Barth K.