« Tout pouvoir est provisoire ; celui qui l’exerce doit savoir qu’il aura un jour à rendre des comptes » (Albert Jacquard). Faure Gnassingbé veut être incontournable sur le continent. Il s’active depuis un temps pour la réussite des transitions au Mali et au Tchad, notamment.
A ce propos, Lomé, a accueilli, il y a quelques jours, la troisième réunion du Groupe de suivi et de soutien à la transition au Mali (GST-Mali), un cadre de discussions mis en place pour accompagner la transition au Mali.
D’après le site de la présidence togolaise, le choix de Lomé pour abriter cette réunion internationale est inhérente à « l’implication constante du chef de l’Etat Faure Essozimna Gnassingbé pour le maintien du dialogue en vue d’un aboutissement paisible et satisfaisant du processus de transition au Mali. »
Le ministre malien des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop a d’ailleurs témoigné sa reconnaissance à Faure Gnassingbé pour « son engagement à soutenir le processus de Transition au Mali et son action décisive ayant permis la levée des sanctions économiques et financières de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le Mali ».
Sur le dossier tchadien, Faure Gnassingbé est également très actif. Lomé aurait déjà accueilli au moins sept (7) rencontres entre le pouvoir tchadien et les groupes rebelles, si on en croit le site d’informations du parti au pouvoir. Qui rappelle que « tout en se distinguant par sa respectabilité sur le continent et sa perspicacité diplomatique, Faure Gnassingbé s’illustre par sa grande capacité à trouver des leviers essentiels à concilier les positions et les parties ».
Le chef de l’Etat est aussi fort impliqué dans la crise entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Sa médiation s’est soldée par la libération des trois femmes des 49 soldats ivoiriens arrêtés au Mali dont une grande partie est issue des forces spéciales. Une performance qui a évincé le reste de l’actualité au pays. Le tableau tel que dépeint est réluisant. Cependant, c’est l’arbre qui cache la forêt.
Parlant de transitions surtout démocratiques, les Nations Unies et plusieurs institutions de promotion de bonnes normes de gouvernance et de démocratie ont engagé le 6 septembre à Dakar, une évaluation approfondie de la mise en œuvre des principaux cadres normatifs en vue d’améliorer la situation en Afrique de l’ouest par une meilleure adaptation des cadres et outils de soutien.
Justement dans la région ouest-africaine, le Togo qui se démène à faire aboutir des transitions dans les autres pays, se présente comme la seule calamité démocratique. Le seul Etat figé dans le temps. Faure Gnassingbé qui rêve d’une présidence à vie contre la volonté de son peuple nage à contre-courant du vaste mouvement démocratique. Il est le seul dirigeant à accumuler quatre mandats présidentiels -un record en Afrique de l’Ouest- et pourrait prolonger son bail à la tête du Togo à cause des largesses des députés « godillots » qui lui ont ouvert en 2019, un boulevard dans la Constitution togolaise.
Pour l’expert indépendant Alioune Tine, « le Togo est un cas d’école dans les transitions démocratiques pipées à l’avance. Une espèce de monarchie qui ne dit pas son nom. Le Togo est un problème pour le protocole additionnel de la Cedeao et pour la charte de la democratie et des élections de l’UA. »
Récemment, des intellectuels de l’Afrique de l’Ouest sont montés au créneau pour fustiger vertement l’« immobilisme politique » au Togo, seul pays à n’avoir pas connu d’évolution politique significative. «Le peuple est devenu morose parce qu’il endure un système politique qui rend pénible sa vie quotidienne privée de démocratie, privée de liberté et privée de l’État de droit », relèvent-ils.
La colère de la jeunesse togolaise, engloutie dans la crevasse toujours béante du chômage et sans repère, pourra se joindre au cri de ralliement d’Alioune Tine : « Il faut que ça change ».
Médard AMETEPE
Liberté Togo