Avoir un rapport complexe avec la vérité. C’est le difficile exercice auquel Nador Awuku, deuxième vice-président du Comité d’action pour le renouveau (CAR), se livre sur une radio privée de la place.
C’est un secret de Polichinelle. La barque CAR tangue ou chavire. Le parti cher à Me Yaowi Agboyibo traverse une crise plus aiguë que certains de ses cadres ne veulent le laisser croire. Tout part de ce qu’une poignée de gens qui l’incarnent aujourd’hui donnent l’impression qu’il n’urge d’aller au congrès pour élire un successeur au « Bélier noir », décédé le 30 mai en terre française à l’âge de 76 ans.
Comment se porte le CAR aujourd’hui ?
A cette question du confrère, certains militants (naïfs ?) s’attendent à ce que pour une fois de bon, la vérité allait être dite afin que l’opinion nationale soit située. Sauf que Nador Awuku tente de faire croire que tout se passe bien au sein de cette formation politique créée au début des années 90.
« De façon structurelle, le parti va bien. Les organes statutaires fonctionnent. Les réunions que ces organes doivent tenir, ils les tiennent. Ça veut dire qu’il n’y a pas de problème. Maintenant une chose est de tenir les réunions, l’autre chose est de poser le débat de fond et de voir comment les régler. Ici les débats de fond, et naturellement, comme dans toute structure, on n’a pas toujours la même position. Mais ce n’est pas parce qu’on n’a pas la même position qu’il y a conflit, il y a crise. Disons que dans l’ensemble, le CAR va bien ». C’est la réponse que l’opposant donne. Des propos qui rajoutent à la confusion.
Et de lier l’inactivité du CAR, depuis plusieurs mois, aux conséquences de la pandémie de coronavirus. Or plusieurs partis politiques respectent les mesures anti-Covid-19 sans que l’on ne parle de crise en leur sein. Un argumentaire donc trop simpliste pour convaincre.
Linge sale
La situation qui prévaut actuellement au Comité d’action pour le renouveau inquiète une partie importante de ses militants. Il y a quelques jours, Togbui Dagban-Ayivon, le Coordonnateur régional Grand-Lomé brise le silence, évoquant ce que certains au bureau national du parti ne veulent pas que l’on dise publiquement.
Reçu dans une émission, le chef traditionnel d’Adakpamé sonne l’alerte : « Je ne voudrais pas qu’on endorme l’opinion. Nous sommes comme une barque à vue sur l’eau, au gré du vent, nous n’avons pas de capitaine. Le CAR est malade et nous en sommes tous malades. Huit mois après (les obsèques d’Agboyibo) on n’arrive pas à préparer un congrès », explique-t-il, déplorant que « Toutes les critiques (soient) battues en brèche ».
C’est dire que la crise est réelle et lancinante. Même si l’ancien président de la jeunesse du parti clame haut et fort que tout s’y passe bien. Si les textes sont respectés après la mort du « Bélier noir », le congrès extraordinaire élective devrait déjà être organisé. Il ne l’est toujours pas huit mois après l’inhumation de l’homme fort de Kouvé.
Les caisses du CAR sont presque au rouge. Un bon nombre de militants et sympathisants sont démobilisés. Le parti est absent sur le terrain politique. Non seulement le CAR s’enlise mais également court « vers la catastrophe » s’inquiète le chef traditionnel d’Adakpamé.
Quid de la solution ? Pour l’heure, certains estiment qu’il faut rapidement convoquer un congrès extraordinaire devant déboucher sur le successeur de Me Yaovi Agboyibo. Dans quelles conditions serait-il organisé et qui pourraient être candidats ? Nous y reviendrons dans une prochaine publication.
Faut souvent être honnête avec soit même et faire les choses comme il se doit