Vivre au Togo relève des acrobaties inimaginables pour la majorité de la population. Le pouvoir d’achat s’est érodé comme la peau de chagrin. Comme par enchantement, la pandémie à coronavirus puis la guerre en Ukraine sont brandies comme échappatoire pour nommer l’innommable.
Un peu partout, les pays ont pris des mesures idoines pour soulager un peu leurs populations. Au Togo, on continue de faire de l’esprit. Mieux, c’est le moment rêvé et tout trouvé pour entretenir les spéculations les plus viles. Entendu qu’on a en face un pouvoir dont la plupart des composantes sont des hommes d’affaires. Ah oui, c’est le grand paradoxe au Togo, jusqu’au sommet. Ceux qui sont censés réguler les prix sur le marché sont plutôt des commerçants qui profitent pour s’enrichir sauvagement et sans aménité. Exemple : le gaz butane.
On en était là quand Faure Gnassingbé a sorti vendredi ,16 septembre 2022, de sa gibecière les dix mesures phares d’application immédiate. « Dans le souci permanent de veiller au bien être de toutes les couches sociales de la population togolaise en liaison avec l’axe 1 de la feuille de route qui vise à renforcer l’inclusion et l’harmonie sociale et consolider la paix, tenant compte de la hausse du niveau général des prix à la consommation qui n’épargne aucun pays, après consultation des acteurs sociaux, soucieux de préserver le pouvoir d’achat des ménages, en général et de protéger les couches les plus vulnérables, en particulier, conformément à mon engagement de ne laisser aucun togolais de côté », soutient-il.
Malheureusement, quand on finit de lire et ceci attentivement lesdites mesures, ce n’est pas grand-chose. Les quatre premières notamment l’augmentation de 10% de la valeur indiciaire des salaires et des pensions de retraite pour les fonctionnai[1]res civils et militaires et les retraités du secteur public, la revalorisation additionnelle de 5% de la pension de retraite pour tous les retraités du secteur public (civils et militaires) et du secteur privé, l’indemnité mensuelle de transport de 10.000 FCFA à titre exceptionnel pour chaque fonctionnaire de l’État (payable hors bulletin) pour faire face à la hausse des frais de déplacement par ces temps difficiles et la gratification du reliquat de l’avance sur salaire consentie en janvier 2022 aux fonctionnaires et retraités sur les huit (8) mois restant à rembourser, afin de leur permettre de faire face à la rentrée scolaire et à la cherté de la vie, semblent concrètes. Encore qu’elles sont trop en l’air. Pourquoi augmentation de la valeur indiciaire au lieu d’une augmentation directe des salaires. Ailleurs, comme au Sénégal, quand il s’agissait de la valeur indiciaire, c’était une augmentation de 56%. Au Togo, les quatre mandats de Faure valent juste une augmentation de 20% de cette valeur.Quant à l’indemnité du transport sciemment payable hors bulletin, elle est juste temporaire, tout au plus fin 2022.Qui trompe qui ? En ce qui concerne le reste du prêt d’un mois aux fonctionnaires désormais abandonné, cela demeure une mesure risible à tout point de vue. Pour les pauvres retraités, ils ne demandaient que le paiement de leurs indemnités de départ à la retraite.
Quant aux six autres mesures, c’est rien de l’esbroufe. A quels parents d’élèves fait-on les transferts monétaires directs pour l’achat des fournitures scolaires ? Plus ridicule, on continue de parler de subventions d’engrais de surcroit en septembre et qu’on paie déjà trop cher ;18.000 FCFA le sac de 50 kg contre 12.000 ailleurs. De quelle subvention s’agit-il finalement ? Il en est de même pour le gaz butane dont le coût du Togo est le plus prohibitif de la sous-région ouest[1]africaine. Et ce n’est pas le fait de dire que les nouvelles mesures devront coûter dans l’immédiat plus de 50 milliards FCFA qui fera croire à un miracle opéré par le gouvernement.
Au demeurant, la plupart de ces meurettes s’adressent aux fonctionnaires qui représentent moins de 1% de la population togolaise. Au surplus, il en faut davantage pour les Togolais. La redistribution des richesses nationales est une condition sine qua non pour la cohésion sociale et le développement harmonieux du pays.
Honoré ADONTUI
Le Correcteur