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Friday, March 29, 2024
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Togo: L’armée limite la progression des groupes armés extrémistes

Ceci est une analyse de Edouard Kamboissoa Samboé, journaliste et Observateur des groupes armés extrémistes au Nord du Togo. Lecture !

La zone des trois frontières est désormais connue comme étant la source des groupes armés qui écument le nord-est du Togo. Il pourrait s’appeler le Gourma togolais à cause de la langue Gourma ou Gulmantséma, majoritairement parlée dans cette localité des trois pays. Il s’agit du village de Tiwouri (Togo), Gnorgou ( Burkina) et Namouri ( Bénin). Trois villages qui forment la zone des trois frontières entre les trois pays, dit la zone du «Gourma Togolais», «Béninois ou Burkinabè». La particularité de cette localité, c’est qu’elle abrite un fleuve, des courants d’eau, des collines et une foret qui fait jonction avec le parc W Arlit de Pendjari. Elle est ainsi connue comme le point de départ des incursions des armés en terre togolaise. Nous sommes dans la corne nord-Est du Togo, parsemée de colline , comme le relief de Kpembolé.

Il s’agit d’une superficie d’environ 170 km en demi-cercle qui part du Centre-Est du Canton de Pognon, jusqu’au nord du village Mokaga, dans l’Est du Canton de Mondouri, jusqu’à l’entrée de la préfecture de Matéri dans le Bénin. Ce démi-cercle prend en compte les villages de Pognon-Est, Tchimouri, Kpembolé, Blamonga, Tambima, Sankpartchagou, Kpekankandi, jusqu’à l’émiettement de certains villages de Mondouri. Une zone jadis de non droit, que partageaient les groupes armés qui essaiment l’Est du Burkina Faso et le Nord du Bénin.

Pacifique, jadis considérée comme une zone de pâturage, mais aussi, une faune qui abrite des animaux sauvages. Autrefois, empruntée par les transhumants jusqu’à la vallée de fleuve Oti. Cette zone forme un cercle complet avec le septentrion du Bénin et le sud-Est du Burkina. Le Togo a la plus petite superficie, contrairement à ses voisins, à partir de cette zone. Des combats ont fait rage, opposant l’armée togolaise aux groupes extrémistes. Dans la dynamique, des mines artisanales ont été posées, faisant des victimes dans l’armée togolaise. Des représailles de l’armée togolaise contre les incursions ont entraîné des morts et des replis des groupes extrémistes, qui se terrent dans les localités de la province de Kompienga, avec des mouvements au Nord du Bénin.

La contagion……

La zone des trois frontières ou le gourma togolais, une zone contagieuse des extrémistes violents, au regard de leurs activités depuis Mai 2022. De Tiwouri, le point névralgique des groupes armés qui ont révélé pour la première fois, leur appartenance, au GNIM ou GSIM; la gangrène avait finalement touché les villages voisins comme Kpembolé, Blamonga, Kpekankandi, Sankartchagou, Tambima, Tchimouri, Lalabiga etc. Des villages plus au nord par rapport à Tambate, le centre du canton de Koundjoaré, qui à la suite des descentes meurtrières au premier semestre de l’année 2022, obligeait le gouvernement togolais à vider lesdits villages de leurs habitants. Comme le gouvernement togolais, les groupes armés avaient réclamé cette partie du pays pour asseoir leur base. Trois mois après leurs descentes meurtrières, c’est finalement l’armée togolaise qui règne en maître dans cette partie du pays. Et, la population crie, la première partie de la victoire, celle d’une accalmie précaire.

De l’identité des combattants…

Même si la plupart des combattants, selon les témoignages des habitants de Kpembolé, Blamonga, Kpekankandi, etc parlent le gourma ou gourmantshéma, une langue majoritairement parlé dans la zone, l’origine des combattants proviendrait du Burkina voisin. Bien entendu, il n’est étranger pour les observateurs des groupes armés que le GNIM ou les éléments EIGS ont signalé leur présence dans cette partie du Burkina.

Mais la réalité est que ces groupes sont mobiles entre l’Est du Burkina, le Nord du Bénin, et le Nord-Est du Togo. Objectif, se camoufler dans le relief transfrontalier, et mener des attaques ciblées. On pourrait penser qu’il s’agit d’ouverture faite par les éleveurs transhumants ( longtemps présents dans la zone) aux groupes extrémistes pour opérer, en temps partiel, avec pour base arrière la zone Est de Kompienga ( province du Burkina). Mais les faits sont têtus. Beaucoup d’éleveurs de cette zone ont vu leurs bétails arrachés de forces par les mêmes groupes extrémistes. En effet, cette zone est toujours vue comme un passage saisonnier des transhumants vers la cote et vice-versa. Plusieurs conflits entre agriculteurs et éleveurs avaient entraîné des morts courant 2014, dans la préfecture de Kpendjal. A l’époque le préfet de Kpendjal (Togo), celui de Matéri ( Bénin) et le haut commissaire de la province de Kompienga ( Burkina) avaient pris des initiatives pour faciliter les transhumances. même si les conflits de cette nature étaient légions, les mécanismes de gestion de conflits permettaient d’éviter les extrêmes. D’ailleurs, des conflits terriens avaient trouvé des solutions locales, dans le village de Lalabiga, sous l’égide du préfet de Kpendjal de l’époque.

Ceci étant, comme la plupart des habitants de cette zone, on allie l’agriculture à élevage; d’ailleurs plusieurs d’entre eux possèdent des troupeaux de bétails. En conséquence, les éleveurs de ces zones pourraient voir ces groupes extrémistes actifs, comme des éléments étrangers, au regard de leurs modus opérandis. On s’accorde dire qu’il s’agit d’individus enturbannés , souvent armés et menaçant abandonner les terres; en général des hommes qui s’en prennent aux chefs de famille. Face à cette violence, on pourrait penser que les transhumants face à ces extrémistes pourrait jouer du cache-cache , afin de continuer de profiter du pâturage, désormais controlé par ceux-ci. Une forme d’entente forcée pour continuer de mener élevage. La preuve, dans certains villages ciblés par les groupes armés, les populations n’hésitent pas à nous dire que seuls « les hommes forts ou les éleveurs nomades», peuvent y traverser.

Au regard de l’expérience du Mali, du Burkina et du Niger, il s’avère que les groupes extrémistes n’ont pas de communauté fixe, et que toute ethnie peut faire l’objet d’enrolement, alors même que plusieurs communautés sont souvent ciblées. La langue étant un vecteur de communication, les groupes armés qui écument le nord-Est du Togo, n’utilisent certaines langues, qu’à cause du faite qu’elles sont communément partagées par les communautés de ces pays. Sans une dose d’humilité et de maîtrise de la localité, cela pourrait donner sujets à interprétation.

La réponse de l’armée togolaise…

Les FAT ( forces armées togolaises), d’abord surprises par les attaques meurtrières des localités frontalières avec le Burkina, contre les civils et les hommes des leurs rangs, sont désormais à l’offensive. De l’observation, l’armée togolaise accule les groupes armés jusqu’à leur refoulement hors de leurs frontières. Ceci à travers trois stratégie visible. De ces zones infestées par les groupes armés, l’armée togolaise les a vidé de leurs populations et remplacées par les continents des forces spéciales et des unités d’élites qui patrouillent et sécurisent lesdits villages. Des témoins ont signalé courant juillet et début août des coups de feu dans les encablures de la frontière avec le Burkina.

Les entrées et les sorties desdits villages sont sous contrôles des checkpoints d’éléments lourdement armés qui veillent au grains. Les pièces d’identités sont contrôlées et les passants passés au peigne fin de leurs intentions de traverser les villages. De la frontière avec le Bénin à l’Est à la frontière avec le Burkina au Nord-Est, l’armée patrouille et des éléments postés à des points stratégiques. Les individus douteux sont soumis aux investigations et les habitants sont répertoriés par les militaires. Dans cette commune comme Mandouri, et les villages infestés par les groupes armés, les étrangers sont connus. Plusieurs habitants desdites localités témoignent qu’à force de frotter les militaires, ils sont désormais connus pas les forces de défense et de sécurité. L’ambiance semble bon enfant. Les habitants des localités vidées, sous contrôle de l’armée , visitent leurs concessions et leurs champs pendant la journée, mais n’y résident point. Des éléments de l’armée patrouillent à longueur de journée dans les champs et les alentours des villages infestés.

Nous avons aperçu des hélicoptères de combat effectuer des tournés de routine et contrôles dans le ciel de ces zones ciblées par les groupes armés. De ces militaires rencontrés et postés, ou en patrouille, ils ont fait montre d’un sang froid lors des échanges et des contrôles, mais aussi d’une forme de professionnalisme souvent attribué aux policiers aux contacts des populations civils.

L’armée semble avoir compris la contribution des civils aux renseignements. En ce sens , des éléments postés, au contact des populations civils, nombreux parlent le Moba ou Gourma, la langue majoritairement parlé dans la région des savanes, ou sont natifs de cette région. Ce qui semble être un atout des éléments de langages avec les populations locales. On y rencontre lors des passages des détachements de l’armée presque dans chaque localité.

Les premiers bilans…

Les populations civiles assurent être plus en sécurité, depuis la présence des forces de défense et de sécurité togolaise. Nombreux notent l’absence , voire la diminution des attaques armés dans leurs villages. D’autres assurent se rendre dans leurs villages pour les récoltes, sous le regard sécuritaire de l’armée. Selon les populations locales, trois mois après les premières attaques meurtrières, l’accalmie revient. L’antidote des FAT, selon les témoignages concordants des civils, est trouvé contre les groupes armés extrémistes.

L’humanitaire précaire

Mais la situation humanitaire démeure précaire, avec un lot de déplacés internes, une crise humanitaire de grande envergure, des individus affamés, coincés dans leurs déplacements, l’absence des services sociaux de base et de soutien psychologique. Malgré les enregistrements des déplacés , beaucoup déplorent l’absence des aides de l’Etat et espèrent la paix pour retourner dans leurs villages. Mais pour l’instant, des militaires expliquent que les groupes armés essaient d’y revenir, mais sont souvent repousser par les frappes de l’armée togolaise. En attendant , le retour des populations civils dans leurs villages, l’immédiat révèle des obligations humanitaires, des conventions auxquelles le Togo s’est souscrit. Mais aussi un devoir de collaboration de bon voisinage avec son voisin du nord, le Burkina Faso, sans laquelle, l’insécurité du Burkina, impactera toujours le Togo.

Edouard Kamboissoa Samboé

Observateur des groupes armés extrémistes au Nord du Togo,

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