David Kpelly a rendu hommage à l’ancien dirigeant du Mali Amadou Toumani Touré. A l’heure où l’Afrique de l’Ouest est en proie à une résurgence de coups d’État, l’écrivain togolais et activiste a notamment salué un des dirigeants militaires « les plus dignes ayant conduit la destinée de nos États ».
En ces temps-ci où les militaires au pouvoir dans notre sous-région suscitent sinon de la répulsion, du moins de la méfiance (à raison), j’aimerais qu’on se souvienne de cet homme : Amadou Toumani Touré.
A l’origine du coup d’État de 1991 ayant renversé Moussa Traoré, il organise une conférence nationale et remet le pouvoir à Alpha Oumar Konaré (on l’a alors surnommé “le soldat de la démocratie”), avant de démissionner de l’armée et se faire élire Président en 2002.
Père de multiples projets audacieux de la modernisation des infrastructures du Mali (routes, ponts, échangeurs, logements sociaux), ATT, a été le seul président de notre sous-région à lever la voix en 2011, quand tous ses homologues avaient gardé le silence, par peur et par opportunisme devant l’OTAN, pour avertir contre les risques d’une déstabilisation de la Libye pour l’Afrique de l’Ouest.
Aujourd’hui, nous nous rendons tous compte, hélas, trop tard, qu’il avait raison.
Les excès d’une opinion populaire trop facilement manipulable ont provoqué sa destitution, en 2012 par un coup d’État, le précipitant dans un triste et profond silence d’où il n’est plus sorti jusqu’à son silence éternel en 2020.
Même si son nom n’est pas aussi célèbre dans la mémoire des Ouest-africains aux côtés de ceux des militaires dont le passage au pouvoir a positivement marqué les esprits (Sankara, Rawlings), ATT reste, pour moi, l’un de militaires les plus dignes ayant conduit la destinée de nos États.