Togo-« Mois du Consommer Local » : les défis, ces nœuds gordiens

L’initiative qui promeut la consommation des productions locales fait son petit bonhomme de chemin. L’évènement sera à son troisième chapitre en octobre. Mais il se pose toujours le problème de la dépendance aux produits importants.

« Chers producteurs, promoteurs de produits, de biens et services locaux, la
3ème édition du Mois du Consommer Local s’annonce remplie de belles
opportunités pour chacun de vous. Ensemble, perpétuons la tradition en
consommant davantage les produits togolais », a tweeté 21 septembre
dernier le ministère du Commerce, de l’Industrie et de l a Consommation
locale.

L’évènement qui tend à devenir un rendez-vous annuel, donne l’occasion aux
entrepreneurs locaux d’exposer leurs productions. Cette 3ème édition est le fruit
de la réussite de deux précédentes. En effet, lors d’une communication faite
par Kodjo Adedze, lors d’un Conseil des ministres tenu le 29 septembre 2021, il a dressé un bilan positif de la 1ère manifestation. « Suite à l’engouement suscité par la
première édition en 2020, du « Mois du Consommer Local » qui s’est traduite par une
appropriation du concept par les producteurs, les consommateurs, les structures publiques et privées, notre pays se prépare activement pour l’organisation et la tenue
de la deuxième édition », peut-on lire sur le site du gouvernement.

Le deuxième acte était placé sous le thème « Compétitivité des produits et services locaux sur le marché de la ZLECAf ». Les débats avaient tourné autour de la démarche qualité, des problèmes d’emballage, des prix, de la disponibilité des produits, entre autres. L’objectif poursuivi était « de les rendre compétitifs sur les plans national, régional et international ». Cette 3ème édition qui va s’ouvrir
octobre prochain devrait être un test grandeur nature pour le ministère en charge
du Commerce, de l’Industrie et de la Consommation locale. Car
des défis restent toujours à relever.

Défis


En effet, au lendemain de la clôture de l’acte 2 du « Mois du Consommer Local », une
rencontre s’est tenue le mardi 02 novembre 2021 au cabinet du ministère. Elle a
réuni les acteurs des filières volailles et poissons. « Nous devons nous pencher sur
tous l es maillons de la chaîne, produire en quantité et en qualité et être compétitifs pour répondre à la demande locale et assurer notre présence sur le marché de
la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) », avait déclaré
Kodjo Adedze lors de la réunion. Il avait reconnu que le Togo « a le potentiel pour
lever ces défis ». « Une action collégiale est menée au niveau du Gouvernement
pour emmener notre population à consommer ce que nous produisons.
Consommer ce que nous produisons n’est qu’un patriotisme avéré », avait
laissé entendre le ministre. A l’issue des échanges, il avait été également annoncé des rencontres avec d’autres acteurs des secteurs du textile, du riz, entre autres.
« Les produits locaux sont de qualité, leurs origines sont connues. Nous invitons la population à avoir confiance, en achetant local pour contribuer à la création
d’emplois et de richesse dans notre pays», ont exhorté les acteurs présents
à l a rencontre du 02 novembre 2021. Mais, il leur faudra attendre. Au Togo,
un puissant lobby des importateurs annihile toute volonté d’aller à l a
consommation locale. Les prix des produits importés sur le marché défient toute
concurrence. A cela s’ajoutent les publicités dans l es médias. Un ensemble de facteurs qui empêchent le décollage de l a consommation locale. Entre importateurs et producteurs locaux, c’est l’histoire de l’ogre et le petit poucet.

L’Etat, le cul entre deux chaises, n’arrive pas à jouer le rôle d’arbitre impartial. L’arrêté de Noël Koutera Bataka, l’ex-ministre en charge de l’Agriculture interdisant
l’importation des produits congelés resté lettre morte, est un exemple palpable de
la réalité du Consommer Local au Togo. On a objecté à l’ancien membre
du gouvernement le fait que la production locale ne suffit pas à couvrir
l’ensemble des besoins nationaux. Mais une telle décision venant d’un
ministre ne se prend pas sur un coup de tête. Elle se base sur des données en sa
possession…*

Lettre Agricole N°002

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