L’élection de députés africains au Parlement français et l’institution d’assemblées locales à travers l’organisation d’élections pour le choix de leurs membres ont été quelques-unes des mesures faisant partie du train de réformes : suppression du régime discriminatoire de l’« indigénat » dès la fin de la guerre, abolition du travail forcé dans un délai de cinq ans, représentation élue de députés africains à l’Assemblée constituante française, que le Général Charles de GAULLE, chef en puissance de l’État français en reconstruction, a fait décider à la Conférence de Brazzaville.
Convoquée du 30 janvier au 8 février 1944, soit avant même la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette conférence tente de sauver, sur le continent africain, les intérêts coloniaux de l’État français menaçant d’être balayés par un soulèvement généralisé des peuples africains dont les premiers soubresauts ont d’ailleurs déjà commencé à se manifester dans plusieurs territoires coloniaux. Or, la France, sortie totalement exsangue de cette guerre, est dans l’incapacité totale de résister à cet ouragan populaire qui se profile à l’horizon comme conséquence de la révolte contre les affres de toutes sortes que ces peuples ont subis au titre de l’effort de guerre : impôt de capitation, surexploitation à travers la pratique esclavagiste du travail forcé, brimades et exactions, envoi de troupes allant servir de « chair à canon » en première ligne sur les fronts de la guerre, etc
Organisées le 10 novembre 1946, les élections législatives pour le choix du député du Togo à l’Assemblée nationale française voient le triomphe du Comité de l’Unité Togolaise (CUT), une association que les nationalistes togolais ont tout juste transformé en parti politique un peu plus de sept mois auparavant, le 27 avril 1946. C’est en effet son candidat, le Dr Martin K. AKU qui est élu, ayant battu à plate couture dans toutes les circonscriptions Nicolas GRUNITZKY, le candidat présenté par le Parti togolais du progrès (PTP) avec le soutien de l’administration coloniale française.
Le 8 décembre 1946, c’est au tour des élections à la toute première assemblée locale de l’histoire du pays, l’Assemblée Représentative du Togo (ART), d’être organisées selon le système discriminatoire du « double collège », le premier étant celui des citoyens français et, le deuxième, celui des non-citoyens français. Pour cette deuxième série d’élections auxquelles il se présente, tout comme le premier, sur le mot d’ordre du combat pour la réunification du peuple Ewé, le CUT triomphe et rafle à nouveau presque tous les 30 sièges en compétition pour le choix des « délégués » comme on appelait à l’époque ces députés locaux.
Le 16 décembre 1946, est convoquée la Réunion inaugurale devant installer cette nouvelle Assemblée et élire ses différents organes. C’est Sylvanus OLYMPIO, à l’époque 1er Vice-président du CUT, qui est élu à la Présidence de l’institution au terme du vote qui a lieu.
Le Procès-verbal officiel que nous publions ci-dessous relate le déroulement de cette historique séance.
Lomé, le 16 octobre 2022,
Claude AMEGANVI,
Secrétaire chargé de la coordination du Parti des travailleurs
Le Procès-verbal officiel que nous publions ici relate le déroulement de cette historique séance.