Ce vendredi 13 janvier marquait les 60 ans jour pour jour de la mort du premier président élu du Togo, Sylvanus Olympio. Pour marquer cette date, ses partisans ont effectué un pèlerinage sur sa tombe.
Le fils, Gilchrist Olympio, n’était pas là. Ce sont deux délégations différentes qui ont fait le pèlerinage ce vendredi matin à Agouè en territoire béninois pour les dépôts des gerbes de fleurs.
Tout d’abord, les membres de l’Union des forces de changement, le parti de Gilchrist Olympio, tous vêtus de blanc : parmi eux Naty de Souza, pour qui c’est un rituel depuis plusieurs années. « Chaque année, j’ai l’habitude de venir pour assister à la commémoration de l’anniversaire de la mort du président Olympio. »
Ensuite, les « femmes pyramides », une association de femmes de la société civile, toutes vêtues de noir, ont aussi déposé une gerbe. Miranda Aziakpor, la porte-parole de la délégation. « Quand il était en vie, il a lutté pour l’indépendance de ce pays, il a travaillé avec les braves femmes, donc nous aussi, en tant que femmes togolaises, femmes pyramides, nous voulons mettre nos pieds sur les pas de nos grands-mères pour lui rendre hommage, pour lui dire que tout le travail qu’il a pu accomplir avec nos grands-mamans, nous aussi, nous avons tissé notre code sur l’ancien code. »
À la mi-journée, tous partisans et héritiers politiques de Sylvanus Olympio se sont retrouvés autour de l’archevêque de Lomé à la cathédrale pour une messe pour le repos de son âme. Puis, les membres de l’Alliance nationale pour le changement se sont retrouvés à la rue Vauban, l’endroit où Sylvanus Olympio a été abattu, pour une libation.
Outre cette cérémonie en terres béninoises, une messe pontificale a également été célébrée à la cathédrale de Lomé par l’archevêque. Au cours de cette messe, l’ancien président de la commission Vérité, justice et réconciliation, entre 2009 et 2012, Mgr Nicodème Anani Barrigah a saisi l’occasion pour interpeler les acteurs politiques.
Du haut de cette tribune, je saisis cette occasion pour poser ces questions qui assaillent l’esprit de tant de Togolais : le temps n’est-il pas arrivé après 60 ans pour que nous regardions ensemble l’histoire de Sylvanus Olympio de manière plus dépassionnée afin d’envisager ensemble notre avenir. Le temps n’est-il pas venu pour que la dépouille mortelle de notre premier président puisse enfin reposer chez lui, dans la terre pour laquelle il s’est battu ?
Pourquoi le corps du père de la nation togolaise repose-t-il au Bénin ?
Depuis 1963, la dépouille du premier président du Togo repose à Agoué, une localité béninoise située sur la côte juste à la frontière. Un lieu qui ne doit rien au hasard : c’est là que les ancêtres de Sylvanus Olympio, venus du Brésil, se sont installés au XIXe siècle.
Après son assassinat, sa famille y transfère son corps clandestinement, selon Godwin Tété, auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire du Togo et d’une biographie du président.
L’écrivain soutient qu’au vu du contexte politique très tendu de l’époque, il paraissait imprudent d’inhumer le chef de l’Etat en terre togolaise. Une situation toujours complexe durant la présidence de Gnassingbé Eyadema, qui avait immédiatement affirmé devant la presse être l’assassin de Sylvanus Olympio, avant de revenir sur sa déclaration en 1992.
Vingt ans plus tard, alors que Faure Gnassingbé a succédé à son père à la tête du pays depuis 2005, une Commission vérité, justice et réconciliation recommande le rapatriement du corps du père de la nation togolaise. Mais sa famille s’y est toujours opposée.
Joint par RFI, Jean-Sylvanus Olympio, neveu du défunt président, explique qu’aucune excuse n’a été présentée par la famille Eyadéma, une condition indispensable pour que le premier président togolais repose dans son pays.
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