L’un des plus grand défis auquel font face certains pays de l’Afrique de l’Ouest reste l’érosion côtière. Le Togo, qui se retrouve entre le Ghana et le Bénin aussi touchés par le phénomène, connaît depuis quelques années, un recul de côte des plus inquiétants dans la sous-région et dans le monde. Habitations, écoles, hôpitaux, terres et routes se retrouvent dans le ventre de l’océan, laissant les populations impuissantes et sans voix. Malheureusement, le désastre continue, faute de politique pouvant atténuer ou limiter un tant soit peu les dégâts et permettre aux victimes de souffler. État des lieux.
Logée entre le Ghana et le Bénin, la côte togolaise à une longueur de 48km. Le littoral représente 11,2% (6395 km2) de la superficie totale du Togo et concentre 45% de la population, manifestation de l’existence d’une forte concentration humaine. On estime à 2,3 millions d’habitants, le nombre de personnes résidant dans cette zone (littoral), en particulier dans la capitale Lomé, soit 36% de la population totale. Il apparaît donc clairement que les activités économiques se développent dans cette partie du pays. Cependant, le pays connaît un recul très dynamique de son littoral, en fonction des zones. Par endroits, ce recul dépasse 15 mètres par an.
Selon les études réalisées par CICC et Ministère de l’Environnement et des Ressources forestières (MERF) en 2010, on estime aujourd’hui qu’environ 500 mètres de terre se retrouvent dans le ventre de l’océan, avec les routes, les villages et de nombreuses infrastructures tant publiques que privées, depuis le début du phénomène de l’érosion côtière dans les années 1960. « Il y a quelques années, de notre village à la plage, nous parcourions au moins 1 kilomètre. Aujourd’hui, la plupart de nos richesses se retrouvent au fond de la mer. Nous reculons, mais elle continue de nous pourchasser. Nous savons que nous sommes provisoirement ici, puisque la mer, à certaines périodes, rentre dans nos maisons », a confié le chef du village de Doévikopé, Togbui Bobolè K.
Selon une étude de la Banque Mondiale réalisée en 2017, le Togo est plus touché que le Bénin, la Côte d’Ivoire ou le Sénégal qui souffrent également de l’érosion côtière. Le phénomène a donc dû coûter au Togo 4,4% de son Produit intérieur brut (PIB et la dégradation de l’environnement due au recul du littoral coûte plus de deux tiers du PIB annuel.
Maisons, écoles, bars, routes…engloutis
L’érosion côtière, au-delà du rongement de la côte et du recul de la plage, ce sont aussi des conséquences directes sur l’habitat et la vie même des riverains. La plus manifeste, c’est l’écroulement des habitations. Plusieurs maisons ont été englouties par l’océan, ce qui oblige les populations riveraines à se déplacer constamment. Autrefois proches de la mer, elles s’installent de nos jours le long de la route, fuyant ainsi la furie de l’océan.
Agbodrafo-Kpémé…de plus en plus dans la mer. « Moi je suis né ici (Agbodrafo, Ndlr). Lorsque j’avais 15 ans, si j’ai bonne mémoire, arrivé à la mission catholique qui se trouve à la plage, vous allez parcourir encore au moins 1 kilomètre avant d’atteindre la mer (ça doit être dans les années 66-67). Aujourd’hui vous allez constater comme moi que la mer est juste à une dizaine de mètres (…) Mon père avait des cocotiers sur le littoral, ils avaient commencé par tomber. Aujourd’hui il n’y a plus de cocotier…C’est dû à l’avancée de la mer », confie Edoé Gunn, le maire de la commune des Lacs 3 rencontré dans le cadre de cette enquête. L’autorité communale évoque comme repères une station Texaco en bordure de la mer, de même qu’un bar dancing célèbre, engloutis aujourd’hui par l’océan. L’église catholique tient encore à peine. « De ce bâtiment, vous pouviez faire plus d’un kilomètre avant de voir la mer…Mais aujourd’hui quand il y a des vagues violentes, l’eau vient stagner juste derrière», se désole-t-il.
Kpémé n’est pas épargné. « J’avais un frère qui (y) travaillait, un de ses amis avait une maison là-bas et on allait chez lui. Mais aujourd’hui les habitations tout le long de la plage n’existent plus, emportées par la mer », relate le maire, avec nostalgie. Goumoukopé et Gbodjomé sont aussi touchés. « Il y avait un monsieur là-bas (Gbodjomé, Ndlr) du nom de Klu Nattey (technicien d’océan). Ensemble avec la population, ils ont essayé de poser des sacs de sable pour empêcher les vagues, mais ça n’a pas tenu », informe l’autorité communale , ajoutant qu’il a fait par la suite des puits qui ont permis de récupérer un peu de terre, et c’est à partir de cette expérience réussie que l’Etat lui a confié les travaux de résilience de la plage sur le tronçon Agbodrafo-Aného au registre du projet WACA dont la phase de construction des infrastructures de protection de la plage a été lancée le 3 novembre dernier à Aného par le Premier ministre Victoire Tomegah-Dogbe.
Doévikopé, la victime.
« Là se trouvait notre maison. Il y avait 6 pièces pour tous et chacun avait la sienne. Papa et maman avaient à part une chambre-salon WC douche. C’est ici que nous avons grandi avant que la mer ne commence à éroder la plage et la maison. Les 6 pièces sont parties en premier. On s’est tous retrouvés dans la chambre-salon. Un jour, la mer a tout emporté. A pareille heure, on ramassait ce qu’on pouvait (…) On nous avait trouvé un endroit où on a fait un abri provisoire en claie. On y est depuis deux ans, nous n’avons pas de moyens pour reconstruire une nouvelle maison». Habitante du village et victime de l’érosion côtière, Mme Akpénè Gbogbo nous racontait le drame vécu, montrant de la main et de loin dans la mer un endroit et des blocs de briques enfouis dans le sable, en fait des résidus de maisons englouties. Tout cela s’est passé il y a juste deux ans.
Postée près d’un puits haut d’environ 3 mètres perdu dans le sable, elle nous apprend : « Ce puits que vous voyez, c’était un puits familial, pour toute la maisonnée ». Assez expressif du phénomène. Là où elle habite actuellement avec sa maman, ses enfants et autres proches, c’est un abri provisoire fait en claies. Mais au rythme endiablé de l’avancée de la mer, elle n’est pas sûre d’y rester longtemps. « Nous savons que nous n’allons pas rester ici longtemps. Si la mer décide d’emporter tout en trois ou un jour, elle le fait », confie-t-elle, nous montrant un pan de mur tenant à peine debout, rescapé (sic) d’une clôture d’un terrain acheté, nous dit-on, par un expatrié, mais dont les autres côtés sont emportés par la mer.
Souffre-douleur de l’érosion côtière au Togo, symbole de ses ravages, Doèvikopé serait de loin le village le plus touché de la côte togolaise. Les sources avancent un chiffre de 1500 habitants et 492 ménages rendus vulnérables, parlent de trois (03) abris provisoires ou quatre (04) déplacements de certaines familles. Le village aura payé le plus lourd tribut de l’érosion au Togo, avec environ 2200 personnes sans abris, selon certaines estimations de 2018.
3e site pour Gbétsogbé.
«Nous sommes au 3e Gbétsogbé. C’est deux fois que la mer nous a chassés et qu’on a ramassé nos bagages…Même sur le 3e site actuellement, la mer vient jusqu’ici». Ce témoignage de Togbui Dzromawu Kodzo Gbétsogbé V rencontré est assez illustratif. L’heure était grave, le sujet assez important et il s’était fait entourer, pour la circonstance, de ses notables et autres membres de la famille et personnes ressources du village pour nous parler. Il se lisait sur les visages beaucoup de nostalgie, mais également de crainte, de fatalité…
Fondé en 1845, Gbétsogbé était vaste de 2 ha et la mer était distante des habitations. Mais de nos jours, le village et l’océan sont mitoyens et presque serrés-collés. Beaucoup de maisons ont été englouties au fil des années. « Ici, c’était notre champ, à peu près un kilomètre de la mer », confie le chef de ce village proche du port de pêche communément appelé Harbour. Il y a aujourd’hui à peine 60 m entre la mer et la maison de l’autorité coutumière. Et même parfois, lorsque les vagues sont fortes, elles viennent s’échouer sous la clôture. A côté, le WC communautaire tient encore à peine debout. Pour lui permettre de résister un peu, on a dû le clôturer d’un mur en brique.
« Nous avons déplacé nos morts deux fois. La 3e fois, on n’a rien vu ». Ce ne sont pas que les habitations qui ont été englouties. Comme indiqué dans le témoignage ci-dessus, les cimetières aussi sont passés à la trappe, avec les corps. Les populations n’ont donc pas perdu seulement leurs maisons et autres biens matériels ; la mer a emporté aussi leurs défunts, divinités, croyances, pratiques culturelles…
Doévikopé dépouillé de sa tradition
Une étude de la Mission d’observation du littoral ouest-africain (MOLOA) réalisée en 2015 estime entre 1,8 et 5 mètres, la perte du littoral enregistrée annuellement. A Doévikopé, les habitants sont constamment en déplacement à cause du déferlement les vagues de la mer et assistent à l’engloutissement de leurs maisons et autres infrastructures et biens. Les vagues, dans leur furie, emportent routes, habitations et infrastructures communautaires et socioculturelles (écoles, puits, latrines, etc.), mais également palais royaux, couvents vodous, donc les « dieux » et les morts, dépouillant ainsi les populations de l’« essentiel », leurs croyances, leur tradition. Aujourd’hui, le chef du village de Doévikopé tente de construire un sixième palais après l’engloutissement des précédents par les eaux. « C’est le sixième palais royal qui est en construction. Les autres se trouvent au fond de la mer. Mais faute de moyens, le chantier traine », a fait remarquer le chef du village. En attendant la fin de la sixième maison royale, c’est dans un « taudis » qui n’honore pas la chefferie en Afrique que vit l’autorité coutumière.
A Doévikopé, les morts n’ont plus de place. Les enterrements de proches ont lieu dans d’autres villages à l’abri des vagues. Les populations vont aussi adorer leurs « dieux »/vodous ailleurs que dans le village, le leur se retrouvant dans l’océan. « C’est douloureux d’inhumer un parent ailleurs que chez lui. Il y a vécu et la coutume veut qu’il y soit enterré. Mais comme nous n’avons pas de cimetière, il faut aller ensevelir nos morts à Baguida, loin du village. Egalement, les couvents vodous se trouvent aujourd’hui au fond de la mer alors qu’ils représentent nos croyances, notre essentiel », a regretté le chef du village.
Aggravation de la délinquance, misère, vulnérabilité…
Autrefois, les populations disposaient de terres pour l’agriculture, le maraîchage, en plus de la pêche et autres activités pour subvenir à leurs besoins. Aujourd’hui, dans leur grande majorité, plusieurs fois déplacées à cause de l’avancée de la mer, elles ont perdu ces terres et sont privées d’activités génératrices de revenus.
En 2014, les vagues ont surpris dans leur sommeil les populations, c’était la panique générale. Après, au total quatorze ménages victimes seront accueillis au CEG de Baguida par le gouvernement togolais et ensuite recevront des moyens financiers (240 000 FCFA) et des vivres pour un laps de temps. Le montant attribué devrait servir à payer une année de location de logement. Très vite, le temps est passé et les sinistrés, ne pouvant plus honorer leur engagement auprès des propriétaires de maisons, ont été contraints de retourner à la case départ, rejoindre le village. La réinsertion a été une autre paire de manches. Pour certains, il s’est agi de relever les ruines de leurs logis quand les moyens le permettaient, sinon de se faire accueillir par des bonnes volontés ou s’installer sur le domaine public. « Sans activité génératrice de revenu, il m’a été impossible de payer mon loyer au terme du premier contrat d’un an. J’étais donc obligée de revenir me trouver une place aux côtés des vagues », confie dame Sonou Adjo, une victime.
L’érosion renforce aussi la pauvreté.. A cause de la misère, les femmes deviennent vulnérables, de même que les jeunes filles qui, nous revient-il, tombent déjà enceintes à 12-13 ans, la délinquance juvénile augmente…« Les jeunes déscolarisés s’adonnent pour les filles à la prostitution et les hommes au banditisme et à la drogue, s’inquiète Togbui Bobolè. Ici au village, les filles de moins de 18 ans se retrouvent avec 2 ou 3 enfants, ce qui relance la problématique des grossesses précoces et ses conséquences ». Avec ce décor, les loisirs se résument à l’alcool, à la nage, à se pavaner sur la plage…
Confirmation de ces impacts sociaux sur les riverains à travers les échanges eus avec les responsables de l’Ong NADDAF (Nouvelles alternatives pour un développement durable en Afrique) qui accompagne les victimes de l’érosion côtière au Togo depuis 2016. Ici, on appréhende l’aggravation de la délinquance juvénile sur le littoral comme une bombe à retardement. Auteur d’un document de plaidoyer sur le thème « Renforcement de la résilience des victimes de l’érosion côtière », NADDAF a réalisé un film de 12 min intitulé «Les oubliés de la cote », pour attirer l’attention sur cette situation de vulnérabilité.
Des causes de l’érosion côtière
Les changements climatiques sont évoqués comme l’une des causes. Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE, 2007), le niveau de la mer s’est élevé de 1 à 2 mm par an au cours du siècle dernier. Mais le phénomène s’accélère. Les changements climatiques vont provoquer l’élévation du niveau de la mer de 21 cm à l’horizon 2030.
L’érosion côtière est aussi liée aux activités humaines. Selon les informations recueillies auprès des riverains, le barrage d’Akossombo au Ghana est l’ouvrage qui a eu un impact significatif sur la côte. Construit en 1960, avec la mise en place d’un bassin de rétention d’eau de 8 700km2, ce barrage, selon de nombreux experts, bloque 95% des sédiments provenant du Lac Volta pour se déposer sur les plages à l’Est de l’embouchure. Ce qui a pour conséquence immédiate le recul du trait de côte sur la zone. La construction du Port autonome de Lomé, un port en eau profonde, inauguré en 1968, a également impacté la côte, accéléré l’érosion côtière. Le Professeur Adote Blivi explique cela, dans des études menées en 1993 intitulées « Morphologie et dynamique actuelle de la côte togolaise », par la jetée d’une longueur de plus de 1000 m qui constituent un barrage pour la presque totalité du transit sédimentaire nécessaire à la reconstitution des plages à l’Est de Lomé. « La côte est soumise, depuis ces deux dernières décades, à une violente érosion à la suite de la construction du port en eau profonde de Lomé, réalisée sans prise en compte de son impact éventuel sur l’environnement. La jetée, longue de 1 200m, bloque la dérive littorale d’W (1,2 à 1,5Mm3 an-1) et a provoqué une accumulation de sable sur la face W de 10 km environ et une érosion de la côte vers l’Est sur quelque 45km. La vitesse moyenne du recul de la plage se situe entre 5 et 10 m an-1. La mer a donc dévasté plusieurs centaines d’hectares de plantations de cocotiers, interrompu en plusieurs endroits la route côtière nationale qui a dû être reconstruite plus loin à l’intérieur des terres et menacé certaines infrastructures économiques et sociales telles les usines de phosphates et la ville d’Aneho », lit-on dans le résumé.
Le prélèvement du sable et du gravier sur les plages togolaises, une activité génératrice de revenus pour les populations, a l’effet d’accentuer l’érosion côtière. Selon les études, si rien n’est fait, et tenant compte des effets de l’élévation du niveau de la mer, la route côtière entre la frontière du Ghana et le port de Lomé disparaîtra à l’horizon 2050. Il en est de même de la ville d’Aneho dont la plus grande partie se retrouvera dans le ventre de l’océan. Une situation inquiétante qui demande que des actions fortes sont entreprises.
Protection de fortune avec des sacs de sable
Devant la furie de l’océan, des riverains de la côte tentent, désespérément, de la bloquer avec des moyens de fortune. Le recours le plus fréquent, ce sont des sacs remplis de sable positionnés sous les clôtures pour empêcher l’eau de creuser sous les constructions et les faire tomber avec le temps. C’est ainsi qu’à plusieurs endroits dans les villages sis le long de la côte, il est loisible de voir des tas et/ou files de sacs de sable dans un décor étrange. A part les habitants, ce sont notamment les propriétaires de grands bars ou restaurants le long de la plage qui s’y adonnent le plus. Petite halte sur le cas du restaurant Boma Beach à Kpogan.
Ici, le propriétaire utilise des sacs biodégradables qui coûtent cher, 5500F l’unité. «Le sac coûte 5500 F à l’achat et les jeunes qui les chargent, prennent 1500 à 2000 F. Cela nous revient donc en tout à 7000-7500 F. A ce jour, on est à 4500 sacs. Nous faisons ça sur une distance de 100 m », confie Osvald Gasoré, ingénieur civil des constructions, architecte diplômé de l’EAMAU qui s’occupe de cette opération. . Tout calcul fait, c’est la bagatelle de 34 millions FCFA qui est dépensée par le propriétaire pour sauver son business. L’opération parvient à protéger un tant soit peu la berge et le restaurant. La mer a rongé sous les maisons avoisinantes, de telle sorte que le restaurant est devenu une sorte d’ilot protégé. Mais l’efficacité est limitée dans le temps face à l’accélération de l’érosion et le propriétaire envisage d’implémenter un système de rocher avec du sable, plus coûteux. La mer semble indomptable, en tout cas par les petits moyens.
Actions timides des gouvernants
Les mesures particulières à travers des textes d’application prévues par la loi-cadre sur l’environnement votée en 2008, tardent à être adoptées. Les arrêtés interministériels N°031/MME/MERF/2011 et N°002/MME/MERF/2013 portant interdiction de prélèvement du sable de mer sur tout le littoral du Togo ne suffisent pas pour juguler le problème. Dans la foulée, un projet d’envergure pour contenir l’érosion côtière, West Africa Coastral Areas (WACA), a vu le jour..
En effet, dans le cadre du programme de gestion du littoral ouest-africain, la Banque Mondiale a initié, depuis 2015, un projet de protection contre l’érosion côtière pour répondre aux demandes du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, de Sao Tomé-Principe et du Togo. C’est un programme qui doit fournir un appui à la gestion des problèmes croissants d’érosion et d’inondation côtières. Il a été complété en 2018 par le Projet d’investissement de la résilience des zones côtières en Afrique de l’Ouest (WACA ReSIP) dont l’objectif est de renforcer la résilience des communautés et des zones cibles dans les zones côtières de ces six pays. Des fonds ont été alloués par la Banque Mondiale dans le cadre de la mise en œuvre de ces deux programmes et plusieurs projets ont été lancés.
En ce qui concerne le Togo, il avait été annoncé onze sous-projets communautaires qui allaient être financés à hauteur de 1,2 milliard de FCFA. La gestion des terres et des écosystèmes côtiers, la réhabilitation de petites infrastructures publiques endommagées et de celles qui servent à réduire l’érosion ainsi que la formation à des activités génératrices de revenus liées au rétablissement des écosystèmes sont les principaux sous-projets prévus pour être réalisés. Mais selon les investigations dans les zones concernées et auprès des communautés victimes de l’érosion côtière, les populations ne ressentent jusqu’aujourd’hui aucun impact de ces sous-projets. Elles continuent de subir, sans avoir de soutien, le déchaînement des vagues de la mer, avec les conséquences désastreuses que cela implique. La preuve, ce sont les témoignages recueillis sur le terrain et qui sont rapportés dans ces écrits. Malgré la gestion des déchets solides et liquides dans la commune d’Aneho, l’assainissement de la plage, sous le pilotage de l’Agence nationale d’assainissement et de salubrité publique (ANASAP) ou encore la formation de 200 acteurs communautaires à des méthodes de gestion durable des terres, trois initiatives lancées entre-temps, il est à constater qu’elles n’aident pas à sortir de la crise économique et sociale que continuent de traverser les populations.
Le pire, c’est le difficile accès aux informations concernant ces projets. On ne saurait aujourd’hui parler aisément de ce qui est fait exactement avec les financements de la Banque Mondiale au titre du projet WACA. « Le projet WACA prend en compte certaines zones, en laissant d’autres. Je ne sais pas si ce projet va s’étendre à notre commune, puisque Agbodrafo en est pour le moment exclu. Toutefois, nous reconnaissons que c’est un projet ambitieux qui pourrait aider à lutter contre le phénomène d’érosion côtière. Vivement qu’il commence et s’étende sur tout le littoral pour le bonheur des populations », a indiqué le maire de la commune Lacs 3, Edoé Gunn. Même les élus locaux qui sont tout le temps interpellés par les victimes de l’érosion côtière ne savent pas grand-chose concernant le projet WACA dont un volet a été récemment lancé par le Premier ministre, Victoire Sidemeho Tomegah-Dogbé.
Lancement des travaux Agbodrafo-Grand Popo
C’est un volet du projet WACA que le Togo et le Bénin se sont engagés à réaliser dans le cadre de la mise en œuvre du programme. Il s’agit de la protection de la côte transfrontalière Agbodrafo (Togo)-Grand-Popo (Bénin). Les travaux ont été lancés le 3 novembre 2022 par le Premier ministre togolais, Victoire Tomegah-Dogbé, en présence du ministre béninois en charge de l’Environnement, dans la commune Lacs 1 au Togo. Ce volet du projet, selon les informations, vise à permettre aux populations de retrouver la jouissance des ressources que leur fournissait la mer. Il comprend la construction de sept (07) épis en enrochement et le rechargement en sable de casiers délimités par des épis pour la zone d’Agbodrafo. Au niveau d’Aneho, les travaux consisteront en la réhabilitation et l’allongement de 10 mètres de six (06) épis déjà existants, la mise en place d’une digue en sable de mer de 70 mètres pour lutter contre les submersions marines, la construction d’infrastructures récréotouristiques, etc. A Hilacondji, 8 épis sont prévus avec le comblement des bras lagunaires et la construction d’infrastructures récréotouristiques. Du côté d’Agoué, les travaux concerneront le rechargement massif en sable du côté Est.
41.646.182.800 FCFA est le coût total de l’ensemble de ces travaux annoncé en novembre dernier. L’apport du Togo est estimé à 12.497.175.500 FCFA, celui du Bénin est de 29.149.007.300 FCFA. L’objectif, à terme, est de préserver les populations et les actifs économiques du littoral de l’érosion côtière. Mais pour le moment, les riverains continuent d’en subir les effets. Et nombreuses sont les organisations qui œuvrent dans le domaine et ont fait des propositions aux décideurs, depuis quelques années, afin de soulager un tant soit peu les victimes du phénomène. « Les communautés affectées par les dégâts de l’érosion côtière souffrent d’un relatif oubli dans les politiques nationales et sont presque sans recours face à la menace constante de la destruction de leur habitat. Les actions gouvernementales et internationales menées jusqu’alors se sont axées principalement sur le rétablissement des écosystèmes côtiers, sans qu’il y ait véritablement de solutions adressées aux populations affectées », a indiqué Nouvelles alternatives pour un développement durable en Afrique (NADDAF) dans son document « Les oubliés de la côte » édité en juillet 2020, après des enquêtes menées auprès des populations le long du littoral.
A l’en croire, vu l’urgence de la situation, la relocalisation des victimes semble la piste la plus réaliste. « Les quartiers les plus proches de la plage reculent sans discontinuer depuis une cinquantaine d’années et sont aujourd’hui confrontés à l’absence d’espace : la grande partie du littoral s’est urbanisée et continue de s’urbaniser, rarement au profit des populations traditionnelles. Si rien n’est proposé en matière de relogement pour les familles de ces quartiers, beaucoup d’entre elles se retrouveront à la rue dans une poignée d’années. C’est pourquoi il faut élaborer dès maintenant une réponse adaptée, malgré la complexité de la mesure dans un contexte où le foncier disponible est de plus en plus réduit… », a ajouté l’organisation. NADDAF n’a pas manqué de faire des recommandations à l’endroit du gouvernement, des autorités locales, des acteurs et bailleurs internationaux et même de la société civile.
L’érosion côtière va s’amplifier. Sous l’effet du réchauffement continu de la planète, plusieurs projections indiquent une hausse du niveau de la mer entre 0,10 et 0,17 m à l’horizon 2025, 0,19 et 0,34 m à l’horizon 2050. Selon un rapport de la Banque Mondiale publié en mars 2019, intitulé « Le coût de la dégradation des zones côtières en Afrique de l’Ouest », « la dégradation des zones côtières coûterait au total 3,8 milliards de dollars par an au Bénin, à la Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Togo, soit l’équivalent de 5,3 % de leur PIB ».
D’ici à 2030, 47 millions de personnes devraient être exposées à l’élévation du niveau des mers en Afrique de l’Ouest, avec une augmentation de 111 à 122 millions de personnes d’ici 2060. Il urge, face aux impacts susévoqués de l’érosion côtière au Togo et à ces prévisions alarmistes, d’engager des actions hardies et efficaces pour limiter le phénomène. Cela y va de la préservation du littoral et de la survie des populations riveraines…
Source: L’Alternative / presse-alternative.info
Et que fait le taré et fainéant Faure Dracula zieux hooonnn de hibou GNASSINGBE et sa mafia pilleuse satanique diabolique maléfique et sadique des bouffeurs de chien (Kozah Nostra), ils autorisent le déversement des eaux polluées du phosphate dans la mer pour aggraver la situation d’érosion côtière !!! Faire edt incompétent dans tous les domaines pour diriger le Togo !!! DEGAGE FAURE!!!