Il ne devrait pas chômer, car à peine nommé, il a de gros dossiers à gérer. Il s’agit si vous en doutez, du magistrat Kimelabalo Aba, le nouveau président de la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Haplucia). Mais le satisfecit dressé par le gouvernement à la suite du rapport d’audit de la cour des comptes, le désarme, presque.
A situation exceptionnelle, discours exceptionnel. Coutumier du fait, Abdoulaye Yaya, le président de la Cour suprême du Togo (CST) choisit à son aise, des termes assez réfléchis pour renvoyer à ses fonctions son confrère Kimelabalo Aba qui venait de prêter serment devant la CST au titre du nouveau président de la Haplucia. Convaincu qu’il pourra faire arrêter « la corruption qui est devenue le 2è sport le plus pratiqué au Togo », Yaya sait tout de même que le combat ne sera pas facile.
C’est pourquoi, quelques jours plus tôt, le président Yaya invitait le président Aba à sensibiliser la chancellerie, les magistrats et son propre bureau pour juguler le fléau des démarcheurs qui font que la corruption se trouve aujourd’hui à tous les niveaux, même dans les formations sanitaires et les cimetières. Ce qui leur reste, « est de corrompre Dieu pour rentrer au paradis », disait le président de la CST, avec un brin d’humour, mais révélateur du mal togolais.
C’est dire que la corruption a presque établi son siège au Togo et y a bâti sa maison de retraite. D’ailleurs, en 2022, dans le classement mondial sur la corruption, le Togo se retrouve à la 135e place, bien assis parmi les pays où il y a plus de corruption dans le monde.
Ce positionnement mondial très défavorable pour le Togo, n’est en vérité que le fruit du manque de volonté des gouvernants à combattre véritablement la corruption quoiqu’ils brandissent souvent l’existence de divers mécanismes de lutte contre ce fléau. Sinon, comment comprendre que malgré des faits assez graves relevés par la cour des comptes dans son rapport d’audit sur la gestion du Fonds de riposte et de solidarité Covid-19, le gouvernement, quant à lui, se félicite d’une bonne gestion de ce Fonds par les différents acteurs, lesquels sont, pourtant, épinglés du fait des « insuffisances » dont l’Exécutif dit « prendre acte » ?
Au demeurant, le gouvernement, par son communiqué du 09 février 2023, siffle insidieusement la fin de toutes récriminations contre le rapport d’audit de la cour des comptes et ainsi, désarme et dynamite la dynamique de la nouvelle équipe dirigeante de la Haplucia. Car par ce communiqué, l’on pourra bien croire qu’ici, l’on joue la comédie. Une sorte de théâtralisation de la lutte contre la corruption qui fait passer la minorité pilleuse à une majorité prédatrice des richesses nationales. Ainsi, le mal s’augmente en dimension et prêt à fléchir le Togo, quitte à le mettre en faillite. Alors, il faut à tout prix sauver le Togo !
Sylvestre Beni
Source: La Manchette