Les autorités togolaises devraient abandonner toutes les poursuites judiciaires contre les journalistes Ferdinand Ayité et Isidore Kouwonou et leur permettre de travailler sans être harcelés ou menacés d’arrestation, a déclaré lundi le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Les deux journalistes ont été convoqués à la Haute Cour de Lomé, la capitale du pays, pour un procès qui débutera le mercredi 8 mars, selon des rapports de presse, des documents judiciaires examinés par le CPJ et l’avocat des journalistes, Me Elom Kpade, qui a parlé au CPJ par téléphone.
Les autorités reprochent à Ayité, directeur de publication du journal privé L’Alternative, d’avoir insulté les autorités publiques dans les reportages du journal, et à Kouwonou, rédacteur en chef du journal, d’avoir participé à ce délit présumé.
Les documents judiciaires citent des articles du code pénal togolais relatifs à l’insulte criminelle, passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à deux ans et d’une amende de 1 million de francs ouest-africains (1 619 USD) ; à la diffusion de fausses nouvelles, passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à deux ans et d’une amende de 2 millions de francs (3 238 USD) ; et à la rédaction de fausses nouvelles, passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans et d’une amende de 3 millions de francs (4 858 USD).
“Les autorités togolaises doivent immédiatement cesser de harceler juridiquement les journalistes Ferdinand Ayité et Isidore Kouwonou et leur permettre de travailler librement”, a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à New York. “Les commentaires journalistiques sur des questions d’intérêt public ne devraient jamais être criminalisés, et les convocations délivrées à ces journalistes devraient être supprimées immédiatement.”
L’affaire découle d’une émission en ligne diffusée par L’Alternative fin 2021, dans laquelle Ayité et le journaliste Joel Egah discutaient des allégations de corruption impliquant deux ministres du gouvernement et des accusations selon lesquelles ils auraient manipulé le public, selon ces informations. Egah est décédé d’une crise cardiaque en mars 2022.
En décembre 2021, la police a arrêté Ayité et Egah pour cette émission ; Kouwonou a également été convoqué par la police ce mois-là.
Selon les documents judiciaires, Ayité et Kouwonou ont publié et distribué de “fausses nouvelles” sur les médias sociaux, susceptibles de “troubler la paix publique”.
L’article 172 du code de la presse togolais stipule que les infractions impliquant des journalistes doivent être traitées par le régulateur de la communication, mais l’article 156 précise que les journalistes qui ont “utilisé les réseaux sociaux comme moyen de communication” pour commettre de telles infractions sont plutôt “punis conformément aux dispositions du droit commun.”
Le CPJ a appelé le procureur Mawama Talaka pour un commentaire, mais personne n’a répondu.
Source: Committee to Protect Journalists
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