Le canton de Kabou dans la Préfecture de Bassar est assis sur des braises. Pour cause. La succession du regretté Chef El-Hadj Bonfoh Nouhoum est au cœur des controverses.
Depuis sa création vers les années 1800, Kabou n’a pas connu une famille royale mais la succession au trône est régie par deux principes définis par les Pères Fondateurs qui se présentent comme suit :
d’abord la gestion rotative de la chefferie entre les cinq Pères Fondateurs. Suivant cette règle, après le décès d’un chef, son successeur est choisi parmi les descendants des quatre autres pères fondateurs.
Ensuite le respect du droit d’ainesse : quand bien même que la règle demande que le successeur soit choisi dans les descendants des quatre autres, la considération de la classe d’âge était très importante.
En application de ces règles, plusieurs chefs se sont succédé, dans la descendance des cinq frères, sauf que le règne d’un chef a été écourté par l’administrateur blanc au profit d’une famille ne faisant pas partie du clan des Pères Fondateurs. Ceci étant, Kabou n’a jamais connu de familles royales mais plutôt un clan royal composé de cinq familles.
Qu’est ce qui oppose alors les fils de Kabou pour qu’on arrive à cette tension généralisée qui risque de mettre en mal le vivre ensemble, la paix et la cohésion sociale dans ce coin du Togo ?
Selon les informations, tout serait parti du décès du Chef El Hadj BONFOH Nouhoum après avoir régné de 1977 à 2018, suivi du décès du régent désigné.
En effet, au lendemain du décès du Chef canton El Hadj BONFOH Nouhoum, une période de régence a été ouverte. Période au cours de laquelle les concertations étaient censées être menées en vue de désigner un nouveau Chef du canton. Mais malheureusement peu de temps après sa désignation, le régent rendit l’âme à son tour. Ce nouvel événement a rendu complexe et particulière la gestion de la chefferie. Toutefois, pour des questions importantes, un conseil composé des Chefs des cinq familles descendants des cinq pères fondateurs de Kabou se retrouvaient. Cette situation a duré pendant quatre ans, soit une période de deux régences.
Fatigués de voir le canton resté toujours sans chef, les Chefs et les personnes ressources des cinq familles, élargis aux chefs des autres quartiers ont entrepris des concertations en vue de proposer un nouveau Chef canton à l’autorité publique pour sa reconnaissance conforment aux dispositions de la Loi N°2027-002 du 08 janvier 2007 relative à la chefferie traditionnelle et au statut des chefs traditionnels au Togo (Articles 10 et 11).
Pendant que les concertations étaient en cours, contre toute attente, un groupe de personnes, conduit par un haut cadre du canton fait une montée à Kabou en septembre 2022, avec le nom d’une personne qu’il a désigné pour remplacer le défunt chef canton. Ce haut cadre à lui seul remplace-t-il le conseil de trône ou le conseil coutumier?
Une fois à Kabou, le haut cadre et sa suite convoquent une réunion à laquelle ils invitent trois chefs de quartiers et deux représentants de chefs de quartier pour leur annoncer l’objet de sa présence. A cette rencontre, certains n’ont pas apprécié la démarche.
Au retour dans leurs quartiers respectifs, les chefs et représentants de chefs ont rendu compte à la base. Une délégation des chefs de quartiers et de villages de Kabou a été dépêchée auprès du Maire de la Commune Bassar 3, Honorable Chef de Bassar (Président des Chef canton de la Préfecture de Bassar) et le Préfet de Bassar. A chaque niveau, une lettre de contestation a été déposée contre décharge pour toutes fins utiles.
Parallèlement à la démarche de contestations, une délégation des Présidents des associations de quartiers et de villages ont saisi par courrier transis par voie d’huissier, le ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et du Développement des Territoires.
A la suite de ce courrier, une rencontre de la délégation avec le Directeur en charge de la chefferie traditionnelle s’est tenue dans les locaux du Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locale à Lomé.
Malgré toutes ces procédures de contestations prévues par la Loi, ci-dessus citée, des manœuvres d’intimidations et de menaces pour un passage en force sont en cours.
A Kabou, la tension monte de plus en plus. La plupart des chefs des grands quartiers et villages déclarent ne pas être prêts à accepter un chef qui leur sera imposé. A l’unanimité ils estiment qu’il faudra passer par les élections au pire des cas. Et ils mettent en garde les auteurs de tout acte qui viendrait mettre en mal la cohésion et la paix sociale.
Il importe que le ministre d’Etat, ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et du Développement des Territoires Payadowa Boukpessi appelle les protagonistes pour sauvegarder la paix sociale. En dehors des clans qui s’affrontent actuellement, il y a d’autres notamment le clan Koukpon, particulièrement la famille TCHABAO, le premier Chef intronisé par les Allemands, selon les informations qui observent et seraient dans l’expectative. C’est donc de véritables braises sur lesquelles soufflent certains natifs, et si le ministre d’Etat n’y prend garde pour scruter véritablement le problème, l’on risque gros dans ce canton.
Kokou Agbemebio
Source: Le Correcteur / lecorrecteur.info