Togo-Terrorisme : le journaliste Samboe menacé, le CPJ réagit

Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a une nouvelle fois réagi aux défis de la liberté de la presse au Togo. Il s’agit cette fois-ci du collègue Edouard Kamboissoa Samboe, qui aurait subi une menace des forces de défense et de sécurité togolaises dans l’exercice de ses fonctions de journaliste.

“Les autorités togolaises doivent veiller à ce que le journaliste Edouard Kamboissoa Samboe et tous les autres membres des médias puissent travailler sans crainte, et doivent abandonner toute restriction au travail de Samboe”, a déclaré le Comité pour la protection des journalistes dans un communiqué de presse publié ce mercredi 10 mai 2023.

D’après le journaliste en question et Robert Douti, Directeur éditorial du site d’information privé Laabali, qui ont tous deux parlé au CPJ par téléphone, dans la matinée du 30 avril dernier, des soldats togolais ont arrêté Samboe, le fondateur et propriétaire de Laabali, alors qu’il couvrait les conséquences d’une attaque djihadiste dans le village de Waldjouaque, dans le nord du Togo.

Samboe a déclaré au CPJ que les soldats l’ont emmené à leur base voisine, où ils l’ont interrogé sur les raisons de sa présence dans la région, ont saisi ses deux téléphones et son ordinateur et supprimé les enregistrements audio et vidéo qu’il avait pris ce jour-là. Ils l’auraient ensuite transféré à la garde du bureau de gendarmerie local de la ville de Dapaong, dans le nord du pays. La gendarmerie l’a détenu jusqu’au 2 mai et ne l’a relâché qu’après qu’il ait signé un document s’engageant à ne pas retourner sur les lieux sans « en informer » au préalable les autorités.

« Les journalistes devraient être libres de travailler sans crainte d’être arrêtés, harcelés ou tenus d’informer les autorités de leurs mouvements », a déclaré Angela Quintal, Coordinatrice du programme Afrique du CPJ. « Le journaliste togolais Edouard Kamboissoa Samboe devrait être autorisé à travailler sans restriction, et les autorités devraient s’abstenir de harceler les membres de la presse et de saisir leurs appareils », ajoute-t-elle.

Samboe a déclaré que les soldats étaient en colère parce qu’il avait tweeté au sujet de sa détention avant d’être transféré à la gendarmerie.

Samboe a déclaré que la gendarmerie l’avait relâché sans inculpation après qu’il ait signé l’accord et que des officiers de gendarmerie lui aient rendu ses téléphones et son ordinateur le lendemain. Il a décrit sa détention comme une tentative de « l’isoler » et de le « traumatiser ».

Pendant sa garde à vue à la gendarmerie, Samboe a affirmé avoir été interrogé sur son travail, notamment s’il avait déjà interviewé des djihadistes ou travaillé pour des médias basés en France comme TV5 Monde ou Le Monde.

L’on se rappelle que les autorités du Burkina Faso ont récemment suspendu les diffuseurs français France 24 et Radio France Internationale pour leur couverture du conflit avec les djihadistes dans le pays, et en avril ont expulsé les reporters françaises Agnès Faivre et Sophie Douce.

Les autres inquiétudes du journaliste

Samboe a déclaré que les soldats et la gendarmerie lui avaient fait donner le mot de passe de l’un de ses téléphones, qui était verrouillé. La gendarmerie lui a également demandé le mot de passe de son compte Telegram, a-t-il ajouté.

« Il est possible qu’ils aient lu mes messages », se plaint-il à l’ONG basée à New York , ajoutant qu’il pensait que les autorités avaient également accédé à son compte Facebook parce qu’il était connecté à son ordinateur lorsqu’ils l’ont pris, mais qu’il s’est déconnecté après qu’il a été rendu.

Samboe a déclaré qu’il craignait que ses appareils ne soient plus sûrs à utiliser, citant des inquiétudes concernant la menace du logiciel espion Pegasus, qui a été déployé contre des membres de la société civile togolaise et pourrait avoir été utilisé pour cibler des journalistes togolais.

En juillet 2022, le ministre de la Communication, Akodah Ayewouadan, a déclaré au CPJ que le gouvernement n’avait aucun lien avec le groupe NSO, fournisseur de Pegasus, et « n’a pas utilisé ce logiciel espion », mais n’a pas répondu aux questions écrites ultérieures posées par l’organisation.

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