La question reste entière d’après une lettre ouverte aux français rendue publique par les universitaires Maryse QUASHIE et Roger E. FOLIKOUE qui y ont apporté des éléments de réponse. Lecture!
Par Maryse QUASHIE et Roger E. FOLIKOUE
A NOS SŒURS ET FRERES FRANÇAIS, A PROPOS DU SENTIMENT ANTIFRANCAIS
Pas un contenu de presse concernant l’Afrique, et spécifiquement l’Afrique de l’Ouest, où on ne fasse mention d’un sentiment antifrançais chez les Africains. Un sentiment qui serait en train de s’installer ou de grandir mais fabriqué de toutes pièces, parce que résultant de manipulations ou au contraire légitime à cause des problèmes actuels des Africains en lien direct avec la colonisation, etc….
En quoi le Français moyen pourrait-il se sentir coupable de ce qui se passe en Afrique ? D’abord, s’il s’agit des conséquences de la colonisation, comme le problème du franc CFA, en quoi le Français d’aujourd’hui, pourrait-il porter le poids de décisions prises il y a plus d’un demi-siècle ? Pourquoi le détesterait-on pour les actes posés, au temps colonial et parfois même à l’époque de l’esclavage? Ensuite, lorsqu’il ne fait pas partie de ceux qui se déclarent ouvertement racistes, ce Français n’aurait-il pas raison de se sentir victime d’un amalgame injustifié, et à ce titre plutôt révolté?
Mais plus encore, lorsque ce Français pense à tous ses compatriotes, à ceux qui simplement accueillent des étudiants ou sont en bons termes avec leurs voisins Africains, mais aussi à ceux qui se dévouent à Calais pour aider les candidats à l’émigration, à ceux qui sacrifient des heures de leurs nuits pour aller en maraude prendre soin des SDF, à ceux qui militent dans des associations qui participent au développement de l’Afrique, à ceux qui prennent sur leurs revenus pour donner de l’argent en signe de solidarité avec les Africains en cas d’urgence, et surtout à ceux qui sont en terre d’Afrique par compassion, sans doute pour arranger un peu le mal passé, lorsque ce Français d’aujourd’hui au courant de tout cela, se voit englobé dans un sentiment antifrançais qui oblige à rapatrier les citoyens français vivant en Afrique, il a certainement le droit de laisser la colère monter en lui.
A tous ceux-là, nous pouvons répondre qu’il n’est nullement question d’un sentiment contre les Français en général, mais, plus précisément, il est question du rejet de la politique des autorités françaises envers l’Afrique, c’est-à-dire ceux et celles qui font des choix et posent des actes qui ne vont pas dans l’intérêt des Africains. Nous pourrions même accepter qu’on oppose au sentiment antifrançais le fait que les dirigeants français d’aujourd’hui, dans leurs attitudes, ne font que défendre leurs intérêts, ce à quoi, ils ont droit, après tout. Mais la recherche des intérêts économiques et stratégiques au détriment de l’humain comme valeur ?
Si nous écrivons aujourd’hui, c’est parce que, ces dirigeants français prennent la parole, prennent des décisions, agissent au nom de tous les Français en violation du principe cardinal kantien «< Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours comme une fin et jamais comme un moyen ». Si tel n’est pas le cas, pourquoi, n’y a -t-il pas plus de personnes qui demandent des comptes à leurs gouvernants pour savoir si la politique actuelle de la France envers l’Afrique va bien dans l’intérêt de tous les Français ? Les Français n’ont-ils pas besoin de savoir si ces gouvernants ne confondent pas leurs intérêts propres avec ceux de la France ? Si la question du sentiment antifrançais est à ce point récurrente, au Mali, au Burkina Faso, au Niger, et même au Tchad, en octobre 2022, sur les réseaux sociaux avec des Africains d’autres nationalités, n’est-ce pas parce qu’au fond, il y a de quoi s’interroger ? En France où les institutions démocratiques fonctionnent, pourquoi ne pas organiser une séance de questions au gouvernement Macron à ce sujet, pourquoi pas un débat public?
Comme cela nous ferait du bien à nous les Africains d’entendre des personnalités de sphère politique, des intellectuels du monde universitaire ou des dignitaires des églis mais aussi des citoyens de l’ombre qui, justement, parce qu’ils aiment les Africains, demanderaient << Pourquoi ces Africains qui ont fait un triomphe à François HOLLANDE 2013 à Bamako, se mettent-ils brusquement à détester les Français ?» « Pourquoi, jeunes Africains prennent-ils tant de risques pour venir dans un pays dont ils détestent les habitants ? ».
Nous aimerions bien que l’on nous interpelle avec ces questions et d’autres. Nous pourrions alors répondre. On nous écouterait alors et on entendrait le point de vue des Africains à propos de tout ce qui fait problème. On écouterait les citoyens au lieu de prendre en compte les commentaires des journalistes plus ou moins neutres, ou en mal de sensationnel. On nous écouterait aussi sur la question des coups d’état et de la réaction appropriée à ces événements qui secouent toute la sous-région. Mais, il est peut-être tard pour que l’on expose aux citoyens français et européens ce qui explique les coups d’état en chaîne.
Cependant aujourd’hui nous aimerions tout de même entendre ce que disent les Français, les Européens et les Occidentaux à propos des décisions de la CEDEAO:
• Où sont les Français et les Européens qui accepteraient que des femmes soient violées ou tuées, que des enfants perdent la vie, deviennent orphelins, ou enfants-soldats pour maintenir au pouvoir, une seule personne, si légitime soit-elle, aux yeux de la loi ?
⚫ Où sont les Français et les Européens qui sont sûrs qu’il ne saurait exister de guerre Juste ?
⚫ Où sont les Français, les Européens et les Occidentaux qui dénoncent les marchands “armes qui font leur beurre sur le dos de populations innocentes dans des conflits fin avec destruction de la vie, des habitations, de l’agriculture et du commerce, + LETTREOVER 84 ements de populations dans des camps de réfugiés qui deviennent des mouroirs?
Les français, les Européens et les Occidentaux seraient-ils d’accord pour que des populations soient encore plus affamées et vivent dans une précarité encore plus : à cause des sanctions iniques?
Si nous n’entendons pas ces Français, Européens et Occidentaux serait-ce parce qu’ils pensent, après tout, que c’est l’affaire des Africains et qu’ils doivent se débrouiller pour réspudre leurs problèmes? La fraternité revendiquée est-elle encore valable ou bien son définition serait-il à géométrie variable? L’humanisme proclamé, comme valeur fondatrice, serait-il un pur discours ? L’éthique serait-elle, malheureusement, encore et toujours sacrifiée sur l’autel des intérêts économiques?
Lomé, le 22 août 2023
C’est quoi un “Français moyen “? Un pur concept, ou une certaine idée, vague et incertaine?
C’est le français qui pense que l’AFRIQUE c’est un seul pays.
Pas mal! Ce type de Français existe-t-il vraiment?