Le championnat enrichit son championnat d’élite de football avec le recrutement de plusieurs stars, pas seulement en fin de carrière. Pourquoi ces lourds investissements dans le football dans un pays où la discipline sportive ne mobilise pas, de façon générale, de grand monde ? L’activiste David Kpelly lance le débat.
« C’est quand on voit ce que l’Arabie Saoudite est en train de faire avec l’argent de son pétrole qu’on se pose de très sérieuses questions sur nos pays africains à nous, et surtout nous-mêmes, Africains.
Regardez-les, ces Saoudiens. Ils emmerdent tout le monde avec leur argent. Ils en mettent plein la vue à la terre entière. Ils montrent qu’ils peuvent tout acheter avec ça. Ils gaspillent. Dilapident. Sont contents de dilapider.
Ils provoquent le grand football occidental en dépouillant ses championnats de ses plus grands joueurs. Ils n’ont rien à foutre en réalité du foot et de ces joueurs, les Saoudiens. Mais ils les achètent juste pour montrer qu’ils peuvent les acheter. Qu’ils ont l’argent pour le faire.
Et ça flatte leur ego. Parce qu’ils sont des hommes, et ça fait du bien à tout homme de flatter de temps à autre son ego.
Et nos pays. Même ça ils n’ont jamais été capables de le faire. Un seul de nos pays qu’on dit les plus riches sur la terre. Aucun d’eux n’a été capable de faire ça au moins avec l’argent des ressources naturelles bradées.
Gaspiller l’argent juste pour en mettre plein la vue au monde. Construire une philosophie du gaspillage. Donner une grandeur au gaspillage. Juste par provocation acheter, acheter, acheter tout, acheter n’importe quoi, à tout le monde. Montrer à tout le monde qu’on peut tout, alors tout acheter. Le faire juste comme ça, pour l’ego. Parce qu’on a l’argent.
Omar Bongo, avec tout le pétrole et le bois gabonais, est mort finalement pauvre, comme son pays, inconnu, petit sur ses talonnettes toute sa vie. Il aurait pu faire ça au moins quand même ! Acheter des stars hollywoodiennes avec l’argent du pétrole gabonais, acheter les plus grands sportifs du monde avec l’argent du bois gabonais, les emmener au Gabon juste comme ça, pour les contempler, pour montrer au monde entier que oui, le Gabon a beaucoup d’argent pour acheter tout ce qu’il veut.
Et la grande RDC, gisant sur tout ce qu’il existe sur cette terre comme richesses naturelles. Pauvre. Petit, le grand Congo. Et le Nigeria. Pas même la peine. Sale, pauvre, petit.
Même ça, brader ces ressources, les dilapider juste pour montrer que nous pouvons les dilapider, que ça nous appartient, que nous pouvons en faire ce que nous voulons, parce que quand le serpent achète son vélo il n’a besoin de personne pour lui dire comment le rouler.
Non, même ça nous a dépassés. Même le gaspillage, le gaspillage de nos propres richesses, nous a dépassés ».
David Kpelly