Dans une Afrique où les putschistes, d’un pays à l’autre, ne se valent vraiment pas, quitte à se retrouver sous le joug d’un militaire, les peuples ont le droit, et même le devoir d’exiger les meilleurs.
À Niamey, la junte au pouvoir accuse de tentative d’évasion Mohamed Bazoum, qu’ils détenaient avec son épouse et un de ses fils, depuis le coup d’État du 26 juillet dernier. Les avocats du président dénoncent un montage de toutes pièces. Pourquoi ne signe-t-il pas simplement la lettre de démission que semblent lui réclamer les nouveaux maîtres du Niger, plutôt que de risquer sa vie et celles des siens ?
L’on imagine, en effet, que c’est à l’éventualité d’une issue fatale que pensait la junte, en qualifiant cette tentative présumée d’attitude irresponsable. Quant à la vraisemblance d’une telle évasion, d’aucuns se demandent comment Mohamed Bazoum, ex-ministre d’État en charge de l’Intérieur et de la Sécurité publique, peut risquer une fuite aussi rocambolesque, dans un environnement qu’il sait tortueux et sur militarisé. En attendant qu’éclate, un jour, la vérité, l’on s’interrogera sur l’utilité, pour les militaires au pouvoir à Niamey, de le maintenir en détention, alors qu’ils semblent si certains d’avoir réussi leur putsch, et même convaincus d’en avoir tiré une certaine popularité…
Une démission serait une forme de légalisation du coup d’État.
Prendre le pouvoir, l’assumer tant bien que mal, pour venir, ensuite, exiger une lettre de démission, juste pour y mettre les formes, n’est pas, de la part des putschistes, une preuve de très grande confiance en ce qu’ils font, et en ce qu’ils sont. Les militaires qui ont renversé Ali Bongo au Gabon ne se perdent pas tant en d’aussi vaines contorsions, pour faire croire qu’ils se seraient installés au pouvoir, à la suite de la démission du chef de l’État. Ils l’ont renversé ! Et, en moins de deux semaines, le général Nguema a rendu sa liberté de mouvement au président déchu. Un travail propre. C’est aussi à de tels détails que s’apprécie la qualité des putschs et des putschistes.
Certains putschistes pourraient vivre de telles comparaisons comme du mépris.
Dans une petite vie de journaliste, l’on a forcément l’occasion de côtoyer des militaires de grande qualité, bien formés, et qui, au-delà des études et des diplômes, ont une certaine intelligence du terroir. Tel ce pilote, tout en maîtrise, aux commandes d’un Hercule C-130 de l’armée de l’air, qui réagissait avec perspicacité, transportant secours, secouristes et autres victimes, atténuant le désarroi que semait, naguère, un volcan en éruption aux alentours du lac Nyos, dans l’ouest du Cameroun.
Tout aussi admirable, cet autre pilote de l’armée de l’air, aux commandes d’un avion beaucoup plus modeste, mais qui fait courageusement ses navettes entre Agadès et diverses localités du Niger. Et, tout simplement impressionnant, ce général camerounais, aujourd’hui disparu, homme de très grande classe, brillant officier, futur chef d’état-major de l’armée de l’air, Jean Nganso Sunji. Ce matheux sera, en 1958, le premier élève originaire d’Afrique noire à intégrer l’École polytechnique, en France. Ingénieur passé par l’École nationale des Ponts et chaussées, ce parachutiste bardé de diplômes, non seulement n’a pas été putschiste, mais a su, en avril 1984, aider à déjouer le projet de jeunes officiers qui s’étaient mis en tête de prendre le pouvoir, à Yaoundé. Oui, en pensant à de tels hommes, l’on se dit que, quitte à subir le joug d’un militaire, autant prendre les meilleurs.
Rien à voir avec ceux qui s’emparent du pouvoir, juste parce qu’ils ont, pour outil de travail, des armes, qu’ils retournaient naguère contre les populations, dans une servilité au profit de ces mêmes dirigeants qu’ils renversent, un jour, parce qu’ils pensent que leur tour est venu. Jerry Rawlings a pris le pouvoir au Ghana, le 4 juin 1979. Trois mois plus tard, le 24 septembre, il remettait le pouvoir à un civil, élu, à la différence de ces militaires qui commencent par demander une transition de deux ou trois ans, puis, de rallonge en rallonge, s’installent dans un bail emphytéotique, souvent pour rattraper les lacunes d’une vie quelconque.
Chronique de Jean-Baptiste Placca
Cher grand frère, les réalités du Gabon ne sont pas celles du Niger. Proposer au nouvelles autorités nigeriennes de laisser Bazoum en liberté est un mauvais conseil. Je dirai même suicidaire.
Bazoum à une puissance étrangère derrière lui. Ce qui n’est pas le cas de Bongo Ali. Bazoum a la CEDEAO derrière lui ce qui n’est pas le cas de la communauté de l’Afrique de l’Est vis-a-vis de Bongo. Ce dernier a même quémander un bruit de la part de ses amis des quatre coins du monde, rien ne fut. Les nouvelles autorités maliennes ne sont pas des idots. Vous avez côtoyer des militaires bien évidemment et vous savez comment ils fonctionnent. Comprenez que les nouvelles autorités maliennes sont elles même des militaires. Ils savent donc comment ça fonctionne.
Vous auriez à la limite leur conseiller de le mètre en examen s’il y a de charges suffisantes contre lui. Cela lui permettra d’avoir accès aux dossiers afin de pouvoir préparer et organiser sa défense.
Vous avez tout dit à propos de la comparaison malsaine que Mr. Placca fait des situations qui prévalent dans les deux pays.
Quant à votre suggestion de mise en examen du mercenaire de la France qu’est Bazoum, il est trop tôt pour s’y atteler. Le seul endroit où les militaires au Niger sont certains de le garder sans une ex filtration par le colon est la présidence, pas une quelconque prison ou moins une court. La justice fera son travail dès que le dernier soldat colon quitte le territoire nigérien.