Les coups d’Etats militaires successifs de ces trois dernières années dans la zone ouest-africaine ont le mérite de questionner le fondement de la CEDEAO ainsi que ses moyens d’actions. En ce qui concerne le Niger particulièrement, l’institution communautaire semble condamner à aller à la table de discussion avec les auteurs du coup d’Etat ayant emporté le président Mohamed Bazoum.
A vocation initialement économique comme son acronyme l’indique, la CEDEAO (Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest) s’est petit à petit muée en une institution véritablement politique dormante qui ne se réveille que par les bruits des bottes au sein des palais présidentiels. En réalité, même politiquement la CEDEAO a depuis longtemps raté le coche par son silence face à des processus électoraux contestables et contestés.
Véritablement, les bruits des bottes dans les palais présidentiels à Bamako, Ouagadougou, Conakry et Niamey ont suscité le courroux de la CEDEAO. Ayant habitué l’opinion publique au refrain de condamnations, suspension de coopération etc… après les coups d’Etats, l’Institution a voulu franchir un autre cap dans le cas du Niger avec une menace d’intervention militaire pour rétablir le président déchu et gardé en résidence surveillée à Niamey.
Quelques mois après avoir « montré ses muscles », le scénario de cette intervention militaire de la CEDEAO au Niger doit être désormais considéré comme une véritable « masturbation intellectuelle » qui a fait jouir unilatéralement certains Chefs d’Etats de la sous-région.
Ainsi, après ce bref fantasme, un retour à la réalité est indispensable. Les populations nigériennes et les opérateurs économiques de la sous-région souffrent de ce blocus imposé par une institution fonctionnant avec l’argent des contribuables nationaux. La table de discussion semble inévitable pour sauver les meubles de part et d’autre.
S’étant murée dans un certain mutisme depuis un moment, la CEDEAO sera bien obligée de se prononcer sur le dossier du Niger à la prochaine Assemblée Générale Ordinaire prévue dans moins de deux mois à Abuja.