L’AFRIQUE NE SERA LIBRE QU’UNIE, ET, SI ELLE POSSÈDE NON SEULEMENT LES MOYENS D’AGIR, MAIS SURTOUT LA VOLONTÉ D’AGIR ENSEMBLE…. Les divisions, les conflits, les guerres, le sous-développement, la pauvreté, la misère, la corruption, l’abandon progressif et capitalement dommageable de son identité propre sont autant de questions qui hantent durablement notre continent.
Depuis la résurgence de la guerre en Europe, Russie-Ukraine, -guerre d’une haute intensité qui a remis au cœur des priorités existentielles des principales puissances militaires mondiales une relance au réarmement avec l’arsenalisation de tous les espaces- et les répercussions que l’on sait, ces mêmes problématiques traversent de manière sensible et plus que jamais douloureuse et les nations qui le constituent et les peuples qui y vivotent.
Une idée-force dont la résurrection et la passion de son accomplissement semble avoir pris par la main toutes les jeunesses africaines pour les conduire aussi haut qu’ils puissent espérer et aussi haut qu’il leur plaira de se sacrifier pour elle ; cette belle idée du panafricanisme, dont le contenu vital à redéfinir doit nourrir l’âme de tout un continent, de toute une race est d’abord le lieu par excellence du mélange et de la plurivocité historique et culturelle, et le lieu de partage d’un projet commun, -à dissocier de son produit funeste qu’est le panafricanisme violent, intolérant et mercantile, propagandé par des activistes usurpateurs, manipulateurs dont le tropisme clairement identifiable est discrètement rémunéré.
Qui dit projet commun suppose une même vision ; qui suppose une même vision implique l’union des esprits par laquelle l’attention sur la nécessité d’une coopération intellectuelle qui précède la coopération politique et économique, en tant que base solide et unique pour la construction d’une Afrique réellement unie, c’est-à-dire constituée autour d’un projet culturel commun, avant même d’être construite autour de projets industriels, économiques et institutionnels. Car, l’Afrique, au-delà de sa position continentale, a une vocation providentielle en sa qualité de continent maternel et doit, sous le primat de ce statut, inspirer la réflexion globale portant sur l’homme idéal, en tant que modèle qui fixe les objectifs des actions et des choix politiques et quotidiens de tout ordre. Elle doit être le refuge poétique d’une époque bouleversée, d’un monde tracassé qu’elle doit par cette vocation apaiser. Et, si par malheur, elle s’engage désunie en segments antagonistes, en sphères géopolitiques rivales, comme cela s’apparaît, chacune sous l’influence de ses sympathies particulières et donc supplétivement manipulées sur le chemin existentiel de son édification politique, économique, industrielle, scientifique, de la nécessaire résurrection de son identité culturelle, -chemin Ô combien semé d’embûches, d’obstacles inhérés par le jeu inéluctable des puissances, ce qui, au demeurant, est de bonne guerre, puisque les uns veulent maintenir leur position et les autres la conquérir-, elle reculera d’un siècle ! Et sera le champ de bataille miné par ses divisions et les conflictualités qui la traversent.
Chétive de ses richesses dont elle n’est pas même possédante des technologies extractives et transformatrices, elle sera l’arrière-cour de règlements de comptes entre ses prédateurs naturels, qui, dans un camp comme dans l’autre, sont des puissances militaires NUCLÉAIRES, c’est-à-dire des pays capables d’anéantir toute vie humaine sur terre pendant des siècles ! Elle sera le tombeau géant de ses propres populations à la fois victimes collatérales des guerres et des pénuries alimentaires, car, d’abord, à l’explosion démographique immaîtrisable, puisque survenant dans des conditions économiques et sociales précaires et aux partitions géopolitologues qui se dessinent, avec les inévitables instabilités politiques, s’ajoutera une inéluctable crise de l’esprit. Celle que j’évoquais plus haut, c’est-à-dire ce sous bassement, cette justification par la création, l’imagination, l’innovation. Ce je-ne-sais-quoi d’ineffable, qui, par une alchimie miraculeuse laisse transpénétrer dans la fibre Afri-patriotique l’idée à jamais irréfragable de sa fière existence.
Cette âme africaine si altière, si riche, et pourtant si diluée, presque muette dans ce monde globalisé, et dont il eût fallu que d’elle vinssent toutes les palpitations généreuses des autres peuples, tous les changements insensibles du mal au bien qui s’accomplissent parmi les hommes et qui épargnent aux États des secousses violentes.
Cette africanité si particulière, si finalement similaire à Dieu, à son message. Partout où le nom Afrique, partout où les noms de ses héros, de ses martyrs, partout où il s’agit de comprendre les raisons de ses malheurs, de ses tragédies qui questionnent, partout où l’odeur de sa terre rouge s’exhale, partout où tout cela a eu une signification et une autorité simultanées, là doit être le monde, car là est l’humanité. Là doit être l’idéal africain, auquel nous aspirons tous, tel que venait l’apporter le souffle d’une Afrique infiniment porteuse d’éternité. Et l’Afrique n’aura plus à revendiquer le respect comme je l’entends parfois désolément. Le respect, d’abord se mérite, se conquiert et s’impose de lui-même.
Le GCE Cyr ADOMAYAKPOR