Après les élections présidentielles en Russie dont le vainqueur était connu d’avance, les juntes militaires d’Afrique de l’Ouest formant l’Alliance des Etats du Sahel, se sont empressés d’adresser leurs félicitations à Vladimir Poutine ; une action diplomatique qui rappelle l’alignement d’antan et contraste avec la volonté d’autonomie prônée par les « hommes forts » de ces trois Etats.
Les « bonnes relations » entre le maître incontesté du Kremlin et les juntes militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger sont un secret de polichinelle. En se détournant de leurs alliés de longue date notamment la France, ces trois Etats ont opéré un virement radical pour se « jeter » dans les bras de la Russie.
Le refrain de félicitations chanté presque en chœur par les membres de l’AES au vainqueur du dernier scrutin présidentiel en Russie dénote une certaine volonté de plaire à Vladimir Poutine. Car même un aveugle saurait voir en l’élection de Vladimir Poutine, tout sauf un scrutin démocratique. Alors que le burkinabé Ibrahim Traoré se réjouit des perspectives qu’offre cette réélection de Poutine, le malien Assimi Goïta a félicité son homologue pour le « renouvellement de la confiance » du peuple russe. Quant au nigérien Tiani, il lui a adressé ses vives et chaleureuses félicitations ainsi que ses vœux de réussite.
Un tel empressement des premiers responsables de l’AES à l’égard du russe Poutine semble aller à contre sens de la volonté de rupture que ceux-ci voudraient afficher. Avec une telle attitude, certains observateurs se demandent si on ne tend pas à la longue vers une relation d’allégeance où les 3 Etats africains seraient incapables de contredire leur nouvel allié sur des questions internationales, notamment celles ayant trait aux Droits de l’Homme.
Avant de retomber dans les mêmes travers qu’à l’époque des relations idylliques avec la France, il serait convenable que les militaires à la tête de ces Etats se posent les bonnes questions. Il serait dommage de déshabiller Pierre pour habiller Paul.