« Tout est bien qui finit bien » dit-on souvent. Malgré les tentations du 3ème mandat et les dernières tentatives d’une prolongation de mandat, Macky Sall n’a pas hésité à adresser ses félicitations à l’un de ses plus virulents opposants, sorti vainqueur des urnes. Une énième alternance pacifique au Sénégal, là où le Togo brille par les errements de ses politiciens.
De cette nouvelle page d’histoire que viennent d’écrire non seulement les citoyens sénégalais mais également les institutions et les politiques, il est important d’en tirer des leçons pour tous ces pays africains caractérisés par des régimes aux règnes sempiternels.
D’abord du côté des institutions, il convient de noter que n’eût été l’indépendance et la détermination du Conseil Constitutionnel du Sénégal pour faire échec à la dernière tentative du président Macky Sall pour conserver le pouvoir, le pays aurait sombré dans le chaos. Macky Sall aurait poursuivi et réussi son coup de force entamé avec les malheureuses images des soldats faisant déguerpir manu militari les honorables députés qui s’opposaient à son projet de loi de réforme constitutionnelle.
La Haute Institution sénégalaise a montré que la démocratie est tributaire de fortes institution. De telles positions sont encore un « rêve » au Togo. D’ailleurs, une première épreuve risque de tomber sur la table de la Cour Constitutionnelle du Togo avec la modification de la loi fondamentale par les députés dont le mandat est déjà expiré.
Ensuite, au niveau du pouvoir de Macky Sall, il faut admettre que le ressaisissement de ce dernier suite à la décision du Conseil Constitutionnel a énormément compté. Au-delà cette attitude qu’on retrouve rarement chez les Chefs d’Etats africains, il n’y a pas eu besoin de manipulation des résultats du scrutin, encore moins de coupure d’internet comme cela est devenu une habitude sous d’autres cieux. Avec le départ de Macky Sall, le Chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé est en train de voir passer 3 présidents sénégalais : Abdoulaye Wade, Macky Sall et Bassirou Diomaye Faye.
Enfin, l’opposition sénégalaise, notamment Ousmane Sonko, principal challenger de Macky Sall, a fait preuve d’intelligence politique et d’un certain pragmatisme qui manquent à ses collègues togolais. Au Togo où les opposants tiennent souvent une posture de « quand ce n’est pas moi, ce ne sera personne », on imagine difficilement un politicien aussi adoubé comme Sonko, s’effacer pour mettre en avant un plan B comme Bassirou Faye. L’opposition togolaise a rarement un plan B.
Il est également important, même si ce fût fait à la dernière minute, de relever le fair-play politique du PDS des « Wade » qui a appelé à voter pour le plan B d’Ousmane Sonko. Au Togo, une partie de l’opposition préfère plutôt s’allier au camp du pouvoir pour faire échec au plan B de l’opposant qui dérange le régime.
Que de leçons ! Les politiciens togolais et les institutions de la République ont-ils retenu ces belles leçons ?