Le 4 février 2025, l’École Supérieure des Affaires (ESA) à Lomé a été le théâtre de la soutenance d’un mémoire de recherche dans le cadre du Master professionnel en Gestion de projets et Passation de marchés. L’impétrant, Aubin Pawinim KOUTELE, journaliste, directeur de publication du site d’informations togolais togomedia24.tg et gestionnaire de projets de développement, a présenté un travail intitulé : « Analyse des facteurs explicatifs de l’échec des projets de développement en milieu rural : Cas du projet d’Éducation aux Valeurs et à la Santé Sexuelle (EVSS) dans le canton de Sevagan, commune de Vo 4 ».
Sous la direction de Dr Djagri TINDJO, Enseignant-Chercheur à l’ESA/UL, cette étude s’est penchée sur les raisons profondes de l’échec du projet EVSS dans une zone rurale du Togo, tout en proposant des recommandations pour améliorer la mise en œuvre d’initiatives similaires dans le pays.
Une problématique de l’échec des projets de développement rural
Le mémoire se structure autour de la question centrale : Quels sont les facteurs explicatifs de l’échec du projet EVSS dans le canton de Sevagan ? Des questions secondaires ont également été explorées pour comprendre l’implication des bénéficiaires, leur perception du projet et les stratégies possibles pour améliorer les résultats de telles initiatives. L’hypothèse principale est que l’échec de ce projet est dû à des facteurs institutionnels et socio-économiques. Parmi les hypothèses spécifiques, l’auteur avance une faible implication des bénéficiaires, une inadéquation entre les objectifs du projet et les besoins réels des bénéficiaires, ainsi qu’une corrélation entre une meilleure participation et la réduction des grossesses précoces.
Objectifs et méthodologie
L’objectif général de cette recherche est d’identifier les causes de l’échec du projet EVSS dans ce canton rural, avec l’ambition de contribuer à la lutte contre les grossesses précoces au Togo. L’objectif spécifique est d’évaluer l’implication des bénéficiaires, leur perception du projet et de formuler des recommandations pratiques.
Pour atteindre ces objectifs, M. Aubin KOUTELE a utilisé une méthodologie mixte. Il a mené une enquête quantitative par questionnaire auprès de 156 bénéficiaires, complétée par des recherches documentaires et des entretiens qualitatifs avec 10 acteurs clés, comprenant des chefs de canton, des membres du CDV, des jeunes formés et des enseignants.
Résultats de l’étude
Les résultats de l’étude sont significatifs. Bien que 100 % des enquêtés connaissent le projet EVSS, leurs attentes sont diverses : 66,5 % y voient un outil de réduction des grossesses précoces, tandis que 33,5 % le considèrent comme une prévention contre les IST/VIH. Cependant, un manque d’information préalable est flagrant : 80,8 % des enquêtés affirment ne pas avoir été informés de la mise en œuvre du projet. En ce qui concerne l’implication des bénéficiaires, 64,1 % ont participé, mais uniquement pendant la phase d’exécution, sans être inclus dans la conception ou le suivi.
L’étude révèle également une perception globalement négative du projet. 55,1 % des enquêtés jugent la participation des jeunes aux séances de sensibilisation faible, et 66,7 % estiment que le projet a été inefficace. Parmi les raisons avancées, 61,5 % estiment que le projet ne répond pas aux besoins prioritaires des bénéficiaires, un constat confirmé par 59 % des participants, notamment les jeunes des tranches d’âge 15-25 ans et 26-31 ans.
Propositions de solutions
Face à ces constats, M. KOUTELE propose plusieurs solutions pratiques : impliquer sincèrement les bénéficiaires dès la conception des projets jusqu’à la mise en œuvre et le suivi évaluation pour répondre à leurs besoins spécifiques, mettre en place un accompagnement économique pour motiver l’engagement, et collaborer étroitement avec les autorités locales afin d’éviter les conflits d’intérêts. Ces recommandations visent à garantir l’inclusion, la pertinence et la pérennité des initiatives de développement, surtout en milieu rural.
Un travail salué par le jury
Le jury composé du Président, Dr Augustin TABE et de l’évaluateur principal, M. Juvénal ASSIH, a salué la rigueur, la qualité de l’analyse et des résultats de la recherche. L’impétrant a obtenu la note de 17/20 avec la mention « Très bien ». Le jury a également encouragé Aubin KOUTELE à intégrer les suggestions de fond et de forme pour perfectionner son document.
Un diplôme pour un avenir prometteur
En obtenant son master en Gestion de projets et passation de marchés, Aubin KOUTELE, avec plus de 10 ans d’expérience dans le journalisme et la gestion de projets de développement, renforce son expertise et ouvre la voie à de nouvelles opportunités professionnelles. Son diplôme témoigne de sa polyvalence et de son engagement pour un développement rural plus efficace et durable au Togo.
Ce mémoire constitue une contribution précieuse à la compréhension des dynamiques des projets de développement rural, avec un accent particulier sur la nécessité d’une approche participative pour garantir leur succès.