Cinquante ans après sa mort, le Togo rend hommage à sa chanteuse la plus populaire

Le Togo rend ces jours-ci un hommage posthume à son artiste la plus populaire, Bella Bellow, décédée il y a cinquante ans, mais dont la carrière artistique impacte encore la société contemporaine. Ses compositions musicales, sans que cela soit explicite, sont porteuses de valeurs humaines et évangéliques.

Le 26 janvier prochain, un livre intitulé Bella Bellow, une légende africaine écrit par le Togolais Komla Ahadji sera dédicacé à Lomé, la capitale togolaise. Cette dédicace est l’un des moments importants de la commémoration du cinquantenaire ans du décès de Bella Bellow, la plus populaire des artistes togolais de la chanson.

Dans le cadre de cet hommage, plusieurs offices religieux ont été célébrés. Une messe d’action de grâce a ainsi eu lieu le dimanche 10 décembre en l’église Saint-Antoine-de-Padoue de Hanoukopé, suivie le 15 décembre d’une prière musulmane à la mosquée centrale et le 17 décembre d’un culte protestant à Apégamé toujours dans la capitale togolaise.

L’empreinte musicale de Bella Bellow

« La voix et les chansons de Bella Bellow marqueront encore pendant très longtemps l’histoire musicale d’Afrique et du monde », confie Louise Nayo au sortir d’un concert le 16 décembre à Lomé, en présence entre autres des membres du gouvernement et de Nadia Agbodjan-Jamier, la fille unique de l’artiste disparue. « C’est réconfortant de voir l’héritage de ma mère célébré de manière aussi significative, déclare Nadia pour qui « ces festivités permettent, non seulement de rendre hommage à sa carrière exceptionnelle bien que courte, mais aussi de perpétuer son impact sur la scène culturelle nationale ».

Née à Tsévié le 1er janvier 1945, Georgette Nafiatou Adjoavi Bellow est plus connue sous son nom d’artiste Bella Bellow. Après ses études primaires et secondaires dans son pays, à Sokodé et à Lomé, elle entreprend des études de secrétariat à Abidjan, en Côte d’Ivoire, où elle fait aussi une formation en musique à l’institut des arts. Déjà très sollicitée pour des prestations musicales lors des manifestations scolaires et fêtes populaires, le premier Festival mondial des arts nègres auquel elle participe à 21 ans en avril 1966, à Dakar au Sénégal, lui ouvre la voie d’une consécration internationale. Trois ans après, Bella Bellow enregistre son premier album musical Rockya (1969) à 24 ans, suivi de plusieurs compositions musicales à succès, de genre blues.

Un patrimoine musical entre sagesse africaine et foi chrétienne

« De nombreux titres faisant partie intégrante de sa discographie sont diversement repris par de nombreux artistes de deux sexes et de plusieurs générations », confirme le journaliste togolais Ekoué Satchivi qui cite notamment les togolais Dee Kwarel, Afia Mala, Vicky Bila, Vanessa Worou, Feliaho (Aholou Octave), Julie Akofa Akoussah (1950-2007), La chanteuse Angélique Kidjo du Bénin a également repris et adapté des chansons de Bella Bellow lors de prestations publiques.

Citée parmi les pionniers de la musique togolaise, Bella Bellow chante des valeurs et des vertus tirées de la sagesse africaine et de sa foi chrétienne, dans laquelle elle a bercé dès son enfance. Parmi ces chansons en langue locale ewe les plus populaires et les plus interprétées par des artistes d’hier à aujourd’hui, l’on peut citer Senye (mon destin), Blewu (doucement, patience), Nye Dzi (mon amour), Denyigba (ma patrie).

Bella Bellow a aussi chanté des actions de grâce – un thème cher au christianisme – dans Bem Bem (merci, merci), mais aussi Jésus-Christ dans Sango Yesus Cristo (1973) avec le musicien camerounais Manu Dibango, pianiste et arrangeur. Dans la chanson Blewu, la star togolaise proclame en ewe que « nous sommes dans les mains de Dieu qui seul nous donne les paroles de la vie », appelle à « veiller et prier » car c’est seulement ainsi que « nous parviendrons à la maison ( au royaume, de Dieu Ndlr) ».

africa.la-croix.com

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