Togo-Golfe 5 : Un « croque-mort » défie le maire Aboka

Au quartier Agbalépédogan, dans la Commune Golfe 5, un encombrant cimetière porte un nom : un chef quartier autoproclamé. Il a un appétit pour la vente des parcelles de tombe.

Dans cette entité territoriale, les morts côtoient les vivants. Ils sont devenus des voisins qui se regardent. Si l’un ne peut pas parler (car devenu inanimé à jamais), l’autre, les vivants, ne supporte pas ce voisinage lugubre qui empoisonne les relations dans ce quartier jadis paisible. Les habitants vivent le martyr chaque jour et ne cachent plus leur peur de se retrouver un jour un pied dans le cimetière. Et c’est à raison.

Le cimetière empiète sur une voie publique. « Il est prévu ici une voie de 14 mètres. Voyez vous-même comment les tombes débordent sur la route », ne décolère pas une habitante. Elle a vu sortir de terre des tombes comme des champignons. Aussi, selon les informations, l’autre inquiétude est celle des familles endeuillées. « En quête d’espaces libres pour leurs membres défunts, certaines familles exigent des endroits isolés pour leurs morts. Ce choix rogne dangereusement des pans de terre de la voie publique », ajoute-t-elle.

Certains habitants assistent impuissants à cet envahissement macabre. Cette résignation repose sur la peur de se faire jeter des sortilèges. Le chef quartier autoproclamé serait très ancré dans les pratiques mystiques, croient savoir certains. Ce qui lui donnerait le pouvoir de terroriser les populations et de se faire passer plus puissant que l’autorité administrative.

D’autres bravent les menaces du chef quartier et ses « tontons macoutes » en saisissant le maire Kossi Aboka. Mais leurs requêtes semblent tomber dans des oreilles sourdes. « J’ai été à la mairie, on m’a dit de faire parvenir le plan de ma maison et du cimetière. Ce que j’ai fait. Mais depuis, c’est silence radio. Pendant ce temps, le cimetière continue d’avancer vers nos habitations », se plaint une autre habitante. « J’ai saisi la mairie et quelques jours après les services techniques sont venus. Mais depuis rien n’a bougé. On continue d’enterrer les morts plus près de nos maisons », renchérit un autre habitant. Ce qui est encore plus grave, poursuit-il, « il y a un forage près du cimetière. Presque tout le quartier va chercher cette eau » !

Business macabre

Selon nos recoupements, une tombe rapporterait au chef autoproclamé plusieurs centaines de mille ! Il ne se passe un seul jour où on ne creuse. En moyenne, il devrait amasser une somme non négligeable par semaine. Aussi, facturerait-il les tombes à carreler ! Un pactole qu’il amasserait, quitte à creuser sur la voie publique au nez et à la barbe des autorités administratives. Ces dernières visiblement presqu’impuissantes face l’avancée inexorable du cimetière.

L’autoproclamé chef qui serait un repris de justice sait s’entourer. Ses « éléments » surveillent le business. Moindre pas suspect lui est remonté. Ils répandent une atmosphère de terreur qui amplifie un malaise dans le quartier. Tous les ingrédients sont réunis pour sécuriser son gagne-pain qui suinte des morts. Bon à suivre.

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