Pour les uns, il est un « combattant de lutte ». Le nonagénaire aux cheveux bien grisonnants est pour les autres, un brave doyen, l’un des rares qui ne rate aucune occasion d’éclairer la lanterne des jeunes sur l’histoire, les multiples combats menés par les pères fondateurs de la République pour l’accession du Togo à la souveraineté internationale. Infatigable malgré son grand âge, Godwin Tété –Adjalogo, vient de compter ses 97 printemps le 16 janvier 2025.
Nous sommes à la fin des années 1980. Des médias comme Radio France Internationale, la défunte Radio Africa N°1 tout comme les chaînes publiques togolaises firent un large écho d’une affaire, celle de « tracts mensongers» avec l’arrestation par la police des frontières à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny à Abidjan de deux citoyens togolais : le fonctionnaire à la retraite et historien Godwin Tété. En provenance de Paris en France, il avait été interpellé avec trois valises de près de 2000 exemplaires de l’Alternative (Manifeste de la Convention Démocratiques des Peuples Africains (Cdpa), un mouvement politique évoluant dans la clandestinité. Venu pour l’accueillir, le Pr Daniel Kueviakué est aussi interpellé. Après avoir échappé à l’extradition vers Lomé, les deux compagnons furent évacués sur Paris après quelques jours de détention.
En dépit de son grand âge, Têtêvi Godwin Tété-Adjalogo est toujours à l’affût et guette toute occasion pour informer l’opinion à travers ses écrits multiformes et ses interventions sur les médias et les lieux de meetings et manifestations des partis politiques d’opposition.
Aussi connu comme la regrettée Haden Dopé Pétronille née Dagbé, communément appelée Atakpamétor, décédée en janvier 2020 à Lomé ; Godwin Tété –Adjalogo est né de parents togolais le 16 janvier 1928 à Ahouangor sur les bords du lac Ahémé (Bopa) en ex Dahomey(Bénin). Condisciple de Patience Sanvee, future revendeuse de tissus pagnes et de l’opticien Christian Quacoé, il fait successivement ses études à l’Ecole de la Mission Evangélique puis à l’Ecole Primaire Supérieure (Eps) de Lomé dite « Petit Dakar »
Arrivé en France pour poursuivre ses études à l’École Supérieure des Travaux Publics (ESTP) Léon Eyrolles dans le Vè Arrondissement de Paris pour devenir ingénieur, Godwin Tété-Adjalogo s’est réorienté en étudiant le Droit et l’Economie à la Sorbonne avant de mettre le cap sur Prague en ex-Tchécoslovaquie. Il y étudie l’Economie avant de retourner au bercail peu après l’accession du Togo à l’indépendance. Il a travaillé au Service de l’Agriculture et ensuite à la Présidence de la République (sous le régime Nicolas Grunitzky) en qualité de Conseiller économique.
Après un stage à l’Institut de Développement Economique de la Banque Mondiale à Washington, Têtêvi Godwin Tété-Adjalogo a servi pendant de longues années, au titre d’Administrateur civil, successivement à Abidjan en Côte d’Ivoire, à Dakar au Sénégal, Lagos au Nigeria, Addis-Abeba en Ethiopie puis à Kigali au Rwanda, sous l’autorité de l’Unicef jusqu’à la retraite en janvier 1984.
Militant dans l’âme, il a œuvré lors de son parcours estudiantin au sein des associations comme Jeune Togo ou la Fédération des Associations des Etudiants Africains Noirs en France (Feanf), avec des ténors tels que le médecin Albert Dosseh Franklin et l’avocat Noé Efoé Kutuklui.
Infatigable historien de son époque
Membre fondateur de la Convention Démocratique des Peuples Africains (Cdpa), l’ancien élève à l’Ecole Primaire Supérieure de Lomé a prit part aux travaux de la Conférence Nationale Souveraine en juillet-août 1991 à Lomé. Godwin Tété-Adjalogo y était sous l’étiquette de Délégué de la Convention Démocratique des Peuples Africains –Branche Togolaise ( Cdpa-Bt)
Ancien membre du Haut Conseil de la République (HCR)-Parlement de transition au Togo, il est l’auteur de nombreux ouvrages dont « Encore la question togolaise» ; «Cheikh Anta Diop et la renaissance africaine » ; « Omer Adoté, un martyr politique du Togo » ; «De la Colonisation allemande au Deutsche Togobund » ; « La question nègre » ; « Quelques pans cruciaux de l’histoire contemporaine du Togo » ; «Mon testament politique, l’itinéraire d’un panafricaniste » ; « Peuples africains, prenons en main notre destin ! » ; « Sylvanus Olympio, père de la nation togolaise » ; « La question nègre- Histoire du Togo (en cinq volumes) » ; «De la dialectique démocratie/ développement en Afrique», et bien d’autres parus pour la plupart aux Editions l’Harmattan à Paris.
« Papa Kobli » est aussi membre fondateur et également membre d’honneur de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC). © Ekoué Satchivi – Un article modifié, précédemment paru in Liberté N°3774 du mardi 17 janvier 2023
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