Le Sénat togolais, deuxième chambre du Parlement, est désormais au complet. Après l’élection de 41 sénateurs par les élus locaux lors des premières élections sénatoriales du 15 février 2025, le président Faure Gnassingbé a procédé, par décret présidentiel en date du 5 mars, à la nomination des 20 sénateurs restants, portant ainsi le total à 61 membres. Cette étape marque un pas de plus dans la transition du Togo vers un régime parlementaire, dans le cadre de la Cinquième République adoptée en avril 2024.
Les 41 sénateurs élus, issus d’un scrutin largement dominé par le parti au pouvoir UNIR (Union pour la République) avec 34 sièges, se répartissent ainsi : 10 pour la Région Maritime, 12 pour les Plateaux, 5 pour la Centrale, 7 pour la Kara et 7 pour les Savanes. Les 20 sénateurs nommés par le chef de l’État, dévoilés hier mercredi, incluent des figures politiques de divers horizons, d’anciens députés et des hauts fonctionnaires. Parmi eux, on note la présence de personnalités comme Kokou Joseph Koffigoh, ancien Premier ministre, ou encore Bernadette Balouki-Leguezim, ancienne ministre, ainsi que d’autres noms tels que Tchassona Traoré Mouhamed, connu pour son parcours politique.
Cette liste, qui mêle expérience et fidélité au régime, comprend :
Madame ABOUGNIMA K. Molgah
Monsieur AKOUETE Yaovi Beliki
Monsieur ALIPUI Sénanu Koku
Monsieur AZIABLE Koami N’kunu
Madame BALOUKI-LEGUEZIM Bernadette
Madame BATIKRANA Kpenta épouse BALAKA
Monsieur BOURAÏMA Inoussa
Madame DANGBUIE Afi Xolali Pascaline
Madame DJIDONOU Akpénè
Monsieur JOHNSON Togbé Ampah
Monsieur KABOUA Essokoyo Abass
Monsieur KAGBARA Uleija Y. M. Innocent
Monsieur KOFFIGOH Kokou Joseph
Monsieur KOLANI Lardja
Madame KOUVAHEY Amoko Holadem
Madame KPEGBA Kafui
Madame LAMBONI-KABISSA Issoyotou
Madame SANKAREDJA Moni épouse SINANDJA
Madame SANT’ANNA Edwige Clara Ayawovi veuve AYAYI-ATAYI
Monsieur TCHASSONA Traoré Mouhamed
Avec un Sénat désormais opérationnel, le Togo s’apprête à franchir les prochaines étapes institutionnelles : la prise de fonction des sénateurs, l’élection du président du Sénat, ainsi que la désignation du président du Conseil des ministres et du président de la République, ce dernier occupant désormais un rôle honorifique. Ces nominations et élections devraient consolider le basculement vers un système parlementaire où le pouvoir exécutif sera détenu par le président du Conseil, issu du parti majoritaire à l’Assemblée nationale – en l’occurrence UNIR, qui domine également le Sénat.
Cependant, cette avancée institutionnelle ne fait pas l’unanimité. L’opposition togolaise, notamment des partis comme l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), les Forces Démocratiques pour la République (FDR) et la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), continue de dénoncer la nouvelle Constitution comme un « coup d’État constitutionnel ».
Pour ces formations, qui ont boycotté les élections sénatoriales, la création du Sénat est une institution budgétivore, imposée aux contribuables togolais sans réel bénéfice pour la population. Elles y voient une manœuvre du régime RPT-UNIR pour récompenser les caciques du pouvoir et leurs loyaux services, tout en permettant à Faure Gnassingbé de prolonger son emprise sur le pays, après 20 ans à la tête de l’État et une dynastie familiale de 58 ans. Selon elles, les Togolais n’ont pas besoin d’un Sénat, mais d’une gouvernance transparente et d’une alternance démocratique, loin des réformes perçues comme des artifices pour pérenniser le statu quo.