Togo- Bawara accuse l’opposition d’absence… dans un pays où elle est muselée

Au Togo, l’adoption d’une nouvelle Constitution controversée continue de susciter de vives critiques. Malgré le rejet massif de l’opposition et de la société civile, le régime de Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis deux décennies, poursuit sa marche forcée. Le 3 mai 2025, l’installation des deux dernières institutions, le Président du Conseil et le Président de la République, a marqué l’entrée officielle du pays dans une Ve République, perçue par beaucoup comme un moyen de consolider le pouvoir du parti UNIR.

L’opposition et la société civile continuent de dénoncer un « coup d’État constitutionnel », condamnant les conditions « antidémocratiques » dans lesquelles cette réforme a été imposée. Mais à Lomé II, le discours officiel reste toutefois inflexible. Selon Gilbert Bawara, ministre de la Réforme du service public, du Travail et du Dialogue social, cette Constitution serait « le fruit de notre cheminement historique ». Elle viserait, selon lui, à renforcer « l’unité nationale et la cohésion du pays » en « dépersonnalisant le pouvoir » et en « dérégionalisant le système ». « Si vous n’êtes pas un parti à caractère national, vous n’avez pratiquement aucune chance d’accéder au pouvoir. Le parti UNIR ne peut rester aux affaires que s’il gagne les législatives », a-t-il déclaré au micro de AFP.

Le ministre n’a pas hésité à s’en prendre à l’opposition démocratique, l’accusant de manquer d’implantation nationale et de « reproduire des méthodes anciennes » tout en « perpétuant les clivages ». Ces critiques, cependant, semblent déconnectées de la réalité d’un pays où le débat démocratique est sévèrement restreint. L’opposition, privée d’accès aux médias publics, harcelée par la justice, exclue des processus électoraux ou cantonnée à des manifestations sous haute surveillance policière, est systématiquement marginalisée. À l’intérieur du pays, même les réunions de militants dans des lieux privés sont interdites ou dispersées par les forces de l’ordre, le pouvoir se présentant comme le garant de la stabilité tout en qualifiant ses adversaires de « fauteurs de troubles ».

Une opposition muselée face à un régime tout-puissant

Loin d’être « paresseuse » comme le suggère Gilbert Bawara, l’opposition démocratique togolaise demeure active et représentative sur le terrain, malgré les obstacles. Cependant, elle se heurte à un régime qui ne lui laisse aucun espace d’expression. Avec l’instauration de la Ve République aux allures d’une monarchie, la situation pourrait devenir encore plus délicate. 

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