Bras de fer entre les U.S.A et la CPI : le Sénégal s’invite dans la bataille

Le gouvernement sénégalais a vivement réagi aux nouvelles sanctions annoncées par les États-Unis contre quatre magistrats de la Cour pénale internationale (CPI), dont le Sénégalais Mame Mandiaye Niang, procureur adjoint de la juridiction basée à La Haye.

Dans un communiqué, le ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères a invité Washington à retirer ces mesures, estimant qu’elles constituent « une grave atteinte au principe de l’indépendance de la justice et au droit des magistrats de la Cour d’exercer leur mandat en toute sérénité », mandat qui leur est confié par les 125 États parties au Statut de Rome.

Le gouvernement sénégalais a exprimé sa « pleine solidarité » à l’égard de Mame Mandiaye Niang. Le Premier ministre Ousmane Sonko a, de son côté, salué le « leadership éclairé » du président Bassirou Diomaye Faye et exprimé son « soutien personnel, total et indéfectible » au magistrat sénégalais.

Les sanctions américaines

Les sanctions, annoncées en juin et rendues publiques mercredi, incluent l’interdiction d’entrée sur le territoire américain, le gel des avoirs éventuels aux États-Unis et l’interdiction de toute transaction financière avec les personnes concernées.

Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a désigné quatre juges : Kimberly Prost (Canada), Nicolas Guillou (France), Nazhat Shameem Khan (Fidji) et Mame Mandiaye Niang (Sénégal). Washington leur reproche d’avoir « directement participé aux efforts de la CPI pour enquêter, arrêter, détenir ou poursuivre des ressortissants américains ou israéliens sans le consentement de leurs États ».

Les États-Unis considèrent ces démarches comme une « menace pour la sécurité nationale », notamment en lien avec les procédures visant des soldats américains en Afghanistan (2001-2021) et les mandats d’arrêt émis contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et l’ex-ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre présumés à Gaza.

La réaction de la CPI

Dans un communiqué, la CPI a dénoncé une « attaque flagrante » contre l’institution, ses États membres et « des millions de victimes innocentes à travers le monde ». Elle a affirmé qu’elle poursuivra ses missions « en stricte conformité avec son cadre juridique, sans tenir compte des pressions ou des menaces ».

Ce n’est pas la première fois que Washington prend des sanctions contre des responsables de la CPI. En février, le procureur britannique Karim Khan avait été visé avant de se mettre en congé volontaire. Sous l’administration Trump, la procureure gambienne Fatou Bensouda avait également été sanctionnée, avant que Joe Biden ne lève ces mesures.

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