L’Interdiction des cours de répétition payant dans les établissements scolaires publics comme privés est loin de faire l’unanimité, les réactions continuent. La dernière en date, c’est celle du président du Parti démocratique panafricain (PDP), Innocent Kagbara. Dans une publication sur sa page Facebook, le député à l’Assemblée nationale togolaise fait ses suggestions au gouvernement. Lecture !
La note de service n°021/2021/MEPSTA/CAB/SG interdisant les cours de répétition dans les établissements secondaires privés et publics. Et par ricochet faisant allusion au cours organisés en dehors des établissements scolaires serait-elle motivée par plusieurs raisons ?
En effet, cette note de service appelle quelques observations et, bien entendu, notre position.
L’essor des cours de soutien est indéniable et cela tout au long de l’année (pendant les grandes vacances et durant l’année scolaire), sous diverses appellations : cours de remises à niveau, répétitions, aides à domicile, accompagnement, tutorat, aides aux devoirs, etc. De nombreuses raisons peuvent expliquer le succès de ces cours payants particuliers.
Les parents sont, avant tout, préoccupés par la réussite scolaire et l’obtention de diplômes comme déterminants pour bien mener sa vie dans la société actuelle où l’insertion professionnelle est problématique.
Les parents et les élèves sont généralement prêts à faire tout leur possible pour la réussite. Ainsi, les cours complémentaires sont perçus comme la solution pour favoriser la réussite, dans un contexte où le système éducatif semble décliner à cause du manque de qualifications de nombreux enseignants, des classes pléthoriques, d’un système éducatif très sélectif et des grèves perlées des enseignants, élèves et étudiants.
C’est sans doute dans ce contexte que le Ministre KOKOROKO a interdit par la note de service n°021/2021/MEPSTA/CAB/SG, les cours rémunérés organisés par les enseignants dans les établissements publics et privés.
Ma foi, cette pratique engendre non seulement une rupture d’égalité entre les élèves mais crée aussi un climat de suspicion entre, d’une part, les élèves et d’autre part, les enseignants et les parents d’élèves quant à la justesse des évaluations. En plus, elle est contraire à l’éthique professionnelle.
On peut effectivement considérer cette pratique de cours rémunérés, dispensés à ses propres élèves par un enseignant, comme illégale et/ou contraire aux principes moraux de la profession enseignante. Mais, il faut se demander : qu’est-ce qui empêche les élèves d’apprendre efficacement à l’école et les enseignants de faire le travail pour lequel ils sont payés, à savoir enseigner le programme scolaire dans le cadre des cours réguliers ?
Il faut aussi se souvenir, qu’avant la décennie de l’ajustement structurel, les enseignants togolais choisissaient le métier par vocation et avaient un sens élevé de leurs responsabilités. Ils faisaient bénéficier les élèves de leur aide le plus souvent gratuitement et gracieusement, même en dehors des heures de classe.
Le développement de l’inscription dans les établissements privés et l’expansion des cours de soutien coïncident avec l’avènement de la contractualisation et la baisse de qualité du système éducatif. Même en ces temps, durant les grandes vacances, quelques associations organisent des cours gratuits de remise à niveau et certains groupes d’enseignants des cours payants.
D’ailleurs, *il faut savoir que certains pays, notamment la France, ont mis en place un soutien scolaire public et gratuit pour pallier les manquements du système éducatif*. Aussi, même sans chiffres fiables sur les effectifs concernés par ces cours particuliers, il semble que les élèves issus de milieux socio-économiques favorisés peuvent se permettre de prendre des leçons supplémentaires plus fréquemment que ceux issus de milieux plus défavorisés. L’interdiction des cours rémunérés organisés par les enseignants dans les établissements publics et privés, renforcera probablement les cours privés à domicile et creusera le fossé déjà existant pour ce qui est de la qualité de l’éducation entre ceux qui appartiennent aux milieux aisés et ceux qui n’en font pas partie. L’interdiction ne règle donc pas la question des cours privés rémunérés.
C’est évidemment le devoir régalien de l’État à travers les ministères en charge de l’Éducation, de veiller à l’équité et aux bonnes pratiques dans l’enseignement. Mais, comme on le dit communément « reconnaître un problème est utile, savoir comment y remédier est mieux ».
Les décideurs politiques doivent donc revoir leur décision, comme le réclament de nombreux partenaires de l’école, et diligenter une étude détaillée en vue de déterminer l’ampleur, les causes, les manifestations et les conséquences des cours de soutien scolaire et créer un environnement propice au respect de tous pour un accès équitable à l’éducation. Comme propositions on peut envisager de :
1- Revoir l’organisation du système scolaire pour permettre d’offrir gratuitement des cours d’aide aux devoirs aux élèves les moins performants
2- Règlementer les cours de soutien et permettre aux enseignants d’organiser des cours payants sous la supervision des comités de parents d’élèves qui décideraient de l’opportunité et des modalités par établissement (déterminer les contenus, fixer les tarifs, verser 20% des frais aux comités des parents d’élèves, veiller à une libre inscription, etc.)
3- Former les enseignants sans formation pédagogique initiale en technique d’évaluation et en conduite et morale professionnelles
Pour relever les nombreux défis auxquels l’éducation est confrontée, il faut l’apport et la collaboration sincère de tous les partenaires de l’école.
Hon. Innocent KAGBARA
Qui est décideur ?
Et un député, il est quoi ?
Ce n’est pas juste qu’on permette aux enseignants de retenir l’essentiel des cours (dûs aux apprenants et pour lesquels ils sont payés) pour les revendre en cours de répétition. Si les apprenants ont besoin de beaucoup plus de temps pour assimiler le programme. Ce temps ne doit pas “une source de revenus supplémentaire pour les enseignants”.