(Cette leçon de Géostratégie Africaine de Jean-Paul Pougala a été publiée pour la première fois il y a 10 ans, le 13/07/2013 à retrouver dans ma salle de classe climatisée sur www.pougala.net)
EN AFRIQUE, IL FAUT SUPPRIMER LES ORGANISATIONS SOUS-RÉGIONALES
ALORS QU’ILS SE SUCRENT SUR NOTRE DOS ET AVEC LEURS MONTAGNES DE DETTES, ILS CONTINUENT DE NOUS APPELER : PAYS TRÈS PAUVRES TRÈS ENDETTES. que j’appellerai, PAYS TRÈS BÊTES, TRÈS DIVISES.
En ce moment, les succursales des banques britanniques et françaises qui opèrent sur le continent africain, sont en train de collecter les épargnes du continent qui sont ensuite injectées dans les économies de ces 2 pays, au détriment des entreprises locales.
L’Afrique ne peut pas autoriser des banques qui jouent contre elle à exercer des opérations dites de DÉTAILS sur son territoire.
Et là encore, c’est la Chine et la Russie qui nous suggèrent la réponse. Toutes les grandes banques occidentales sont présentes en Chine, mais à ce jour, malgré les accords pour l’entrée de la Chine dans l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), aucune d’elle ne peut effectuer les opérations de détail avec les entreprises et particuliers chinois.
Ainsi, ce sont les banques publiques chinoises qui récoltent les épargnes des chinois qui sont à coup sûr injectées dans l’économie du pays. Car, la guerre économique qui se joue entre les Nations peut se cacher dans des opérations à première vue anodines, mais qui sont déterminantes pour gagner et faire triompher ses propres entreprises dans la guerre sans merci du marché international.
Pour y parvenir, certains pays francophones d’Afrique doivent encore résoudre le problème de la monnaie.
Je vois déjà certains crier “à bas le Franc CFA”. ou bien “boycottons les produits français”.
C’est le slogan des naïfs qui croient réaliser la révolution derrière leur écran d’ordinateur ou en descendant dans la rue quelque part en Afrique ou à Paris, Londres ou Washington.
Ces gens ne comprendront jamais que notre liberté surtout économique doit encore s’arracher à la sueur de notre travail acharné et comme nous n’avons pas beaucoup d’options, à partir de la plantation en remplaçant systématiquement ce que les prédateurs nous ont imposé comme cultures dites de rente. Et pour lesquelles nous n’avons qu’eux comme uniques acheteurs.
Moi aussi, je serai aussi content de me lever un matin et de voir que le Franc CFA comme par enchantement, a été remplacé par le Makumba, grâce à la pétition de quelques naïfs africains sur les réseaux sociaux.
Problème : à quoi sert notre monnaie Makumba, si la France détient les 80% de notre tissus industriel ? Si nos échanges économiques sont effectués pour la plupart avec nos propres prédateurs ?
Ne nous trompons pas de priorité. Et avant de prétendre de descendre dans la rue pour boycotter les produits français, lorsqu’on sait que le pain de blé importé de France est le premier aliment dans la quasi totalité des pays dits francophones, rentrons au champs et produisons ce que nos populations veulent manger, produisons ce que nos voisins veulent consommer.
C’est en ce moment là et non avant, qu’on aura les moyens matériels pour déclencher les hostilités contre un prédateur qui ne va pas rester les bras croisés, contre le Franc CFA et pour une vraie monnaie qui nous appartiendra parce servant à faire bouger notre économie et non celle de la France dans nos pays africains.
Sans cela, comme dans le cas de la Guinée de Sékou Touré en 1958 et du Zimbabwe en 1980, la France pourra tranquillement imprimer à grande échelle, les fausses coupures de la nouvelle monnaie pour inonder notre marché et pousser à une inflation comme au Zimbabwe où il faudra 1 sac de la nouvelle monnaie pour acheter au marché de N’Djamena ou de Brazzaville, quelques kg de mil, de manioc ou macabo pour une famille.
Heureusement, souvent, en Afrique, les populations sont plus rapides en géostratégie que les dirigeants eux-mêmes. L’exemple nous arrive du nord du Cameroun où c’est déjà le Naira, la monnaie nigériane qui est largement utilisée dans les transactions pour la production du riz camerounais qui est acheté à 80% par le Nigeria.
Ceci a pour le moins, le mérite de nous amener à comprendre le coté pervers des conseils des prédateurs internationaux réunis dans le FMI, la Banque mondiale et l’alors CEE (aujourd’hui Union Européenne) de placer le Cameroun et le Nigeria, deux pays voisins, dans deux zones économiques différentes.
Placer les deux pays économiquement les plus puissants des zones économiques respectives dans deux zones économiques différentes n’était qu’une manœuvre pour empêcher ce qu’on a en Europe : chaque pays commerce jusqu’à 75% d’abord avec on propre voisin, et plus deux pays sont puissants et plus on a l’effet multiplicateur sur les deux économies; l’exemple est la synergie entre les économies de l’Allemagne et la France.
Le fait de mettre le Nigeria dans la CEDEAO et le Cameroun dans l’UDEAC puis CEEMAC, c’est comme si l’Allemagne devait avoir une union douanière de libre échange avec la Hongrie, la Bulgarie, l’Estonie.
Et la France être dans une autre union, cella-là avec le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la Grèce. On aurait empêché qu’il n’y ait le moteur de la fédération continentale. On aurait fragilisé l’ensemble, sans avantages pour les unités distinctes plus faibles.
Question : pourquoi à ce jour, les dirigeants africains n’ont toujours pas compris le piège des organisations sous-régionales ?
Aujourd’hui, pendant que nous nous divisons dans des pseudo unions économiques, pseudo unions monétaires de pacotille, de ceci ou cela en Afrique centrale, occidentale ou australe, les banques britanniques et françaises nous font les poches et en toute légalité, pour financer les économies européennes, qui dans la profonde crise économique et financière dans laquelle elles sont plongées, comptent aussi sur notre division et notre stupidité, pour se sucrer et se tirer d’affaire, tout en continuant leur prestidigitation de nous insulter en nous appelant : PAYS TRÈS PAUVRES TRÈS ENDETTES, et nous tout contents de le répéter en chœur avec eux. Mais que j’appellerai plutôt, PAYS TRÈS BÊTES, TRÈS DIVISES.
Pourquoi l’Union Européenne accrédite un ambassadeur de la CEDEAO et pire, c’est elle qui paie son siège, c’est elle qui paie tous les frais de son administration, y compris le salaire de l’ambassadeur.
Et le plus surprenant est qu’aucun des intelligents présidents des républiques composant la CEDEAO n’arrive à se poser la fatidique question : Pourquoi ? Qu’est-ce qu’elle y gagne ?
Comment dans ces conditions pouvons-nous parler de décolonisation, si les relents et les réflexions coloniaux gagnent aussi bien les anciens colonisateurs que les anciens colonisés. C’est bien la preuve que cette colonisation n’a jamais pris fin ou tout au moins que la tant attendue émancipation du peuple noir n’a pas encore débuté.
Pourquoi diviser un continent d’1 milliard d’habitants en 5 unions régionales factices alors que l’Union Européenne qui finance une telle fragmentation n’a aucune union des pays de l’Europe Occidentale, aucune de l’Europe méridionale, aucune organisation de l’Europe centrale, Aucune ! Mais elle nous finance pour créer la CEEMAC, CEDEAO etc. en concurrence à l’Union Africaine que la même Union Européenne finance.
Et personne en Afrique ne voit que l’existence des organisations sous-régionale affaiblit l’Union Africaine, vide l’Union Africaine de sa capacité à créer une quelconque fédération africaine que l’Union Européenne ne veut pas. Et pendant ce temps, ils viennent tous chez nous unis, en meute de l’ensemble des pays européens, avec un seul drapeau, toujours à côté du drapeau national de chaque pays européen.
Et les africains de les imiter en mettant aussi à côté du drapeau national, celui de l’Union Africaine.
Mais personne n’est dupe, puisqu’à partir du moment où il y a une deuxième réunion où le Nigeria se retrouve (à la CEDEAO), sans son principal voisin, le Cameroun, dites-moi sur quel thème important ces deux pays peuvent converger lorsqu’ils se retrouvent dans les instances de l’Union Africaine affaiblie.
Le guide Libyen Khadafi avait compris l’arnaque et réfusé d’adhérer à l’Union Pour la Méditérranée que proposait Sarkozy, quand il lui a dit que cette union regroupait les pays du Maghreb et de l’Union Européenne.
La franchise aurait été d’associer les pays du Maghreb avec les pays du sud de l’Europe, pas de toute l’Union Européenne. Dans ce cas, il aurait aussi fallu inviter toute l’Union Africaine à faire partie de cette union. Et comme ce n’était pas possible, Kadhafi a décliné l’invitation.
Je suis certain que si cela avait été proposé aux pays de la CEDEAO, c’est en fête qu’ils auraient à l’unanimité accepté sans se demander pourquoi toute l’UE, sans l’UA.
Question : que vaut une CEDEAO financée par l’Union Européenne ?
Réponse : Zéro !
Que vaut une Union Africaine, à côté des Union Régionales et pire, financée par l’Union Européenne ?
Réponse : Rien !
Parce que l’esclave qui ne programme pas sa libération ne mérite même pas qu’on manifeste de l’empathie pour son sort misérable.
L’esclave qui ne met pas comme priorité sa propre libération est une personne dépourvue de l’essentiel qui différencie l’être humain de l’animal : l’intelligence.
Est-ce que tous ces grands pays de la CEDEAO n’ont à leur tête, aucun président doté de quelque chose qui nous différencie des animaux, pour servir l’Europe avec autant d’empressement et de loyauté esclavagiste ?
Jan-Paul Pougala
Genève le 13 Juillet 2013
(mise à jour le 1er août 2023)
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