Togo- l’ultime solution politique

Dr Albert Kate donne la sonnette d’alarme sur des faits cachés se réalisant au Togo et qui confirment les prédictions il y a plusieurs décennies du feu président Eyadema aux politiciens. Il évoque l’ultime solution politique en lieu et place du 29 -ème dialogue politique CNAP, avertit d’une déstabilisation dangereuse de la société civile Togolaise perpétrée par les politiciens et dénonce un ‘blackout’ unanime  contre la Diaspora du Togo pendant les dialogues politiques et les découpages électoraux.

Info Diaspo : Du plomb dans les ailes de la CNAP, le Togo plonge-t-il dans une crise politique plus profonde ?

Dr Kate: Pas du tout, La CNAP est simplement un dialogue ordinaire entre partis politiques pour améliorer le cadre électoral et préparer les élections régionales prochaines pour parfaire le processus de décentralisation, ce qui est dans l’intérêt de ceux qui disposent des représentants locaux et des communes. Ce cadre est très limité par son agenda, et par le choix des acteurs participant au dialogue qui exclut une fois encore la Diaspora, et les principales couches de la société civile togolaise. Comme ce que nous avions vu en 2017 sous l’égide de la CEDEAO, ces acteurs seuls face-à-face offrent à chaque occasion le même spectacle et les mêmes finalités.  L’idéal serait un dialogue inclusif national avec la participation effective de toutes les couches de la nation pour aborder les sujets inhabituels, pointus, essentiels, et susceptibles d’aider le Togo à tourner la page de son histoire, ce qui n’est pas de l’expertise, ni de la mission de la CNAP.

Info Diaspo : Les leaders politiques participant au CNAP disent qu’ils veulent résoudre définitivement le problème du cycle perpétuel de dialogue, élection, contestations pour aller à l’alternance politique. 

Dr Kate : les politiciens seuls ne peuvent pas donner les gages sûrs d’une alternance politique pacifique et les garanties qu’il n’y aura pas la chasse aux sorcières, ou acter une Amnistie Générale crédible etc. Comme eux même le disent souvent, les accords n’engagent que les signataires, ce qui laisse présager un lendemain incertain sur leurs engagements. Beaucoup de partis politiques autour de la table ne disposent individuellement pas d’un électorat significatif et impressionnant pour se dire mandaté par la majorité des Togolais ou être capable de proposer des ‘deals’ convainquants au pouvoir en place, ni collectivement. Voilà pourquoi il faut nécessairement un cadre plus élargi et plus représentatif des couches de la population togolaise pour un consensus national sur les solutions réalistes et idoines au problème Togolais, si tel est honnêtement le souhait des acteurs politiques.

Info Diaspo : L’objectif du CNAP étant d’améliorer le cadre électoral, le gouvernement a jugé bon d’inviter uniquement les partis politiques qui ont participé aux 3 dernières élections et iront aux prochaines élections régionales. Le choix des protagonistes du dialogue n’est-il pas justifié ?

Dr Kate : Il n’y a pas que les partis politiques qui participeront aux élections régionales prochaines ou aux futurs scrutins. Le pays a évolué avec les élections locales qui ont vu la participation de plusieurs acteurs de la société civile. La CEDEAO a aussi recommandé que la Diaspora Togolaise soit incluse dans les prochains scrutins nationaux.  Les leaders des confessions religieuses et de la société civile ont été au centre des meilleurs accords politiques que le Togo ait connu à ce jour, ce qui justifie le bien fondé des dialogues véritablement inclusifs.

Info Diaspo : Au dernier dialogue de la CEDEAO sur le Togo en 2017, l’opposition Togolaise avait exigé être seule en face du pouvoir pour mieux discuter. Certainement parce qu’elle n’avait pas confiance en cette multitude d’organisations de la société civile et de la Diaspora ?

Dr Kate : Il y a aussi une multitude de partis politiques au Togo, 120 à ce jour et pourtant nous n’arrivons pas à trouver des acteurs politiques de valeurs comme protagonistes du dialogue politique.  Nous pouvons inclure les principaux acteurs de la société civile et de la diaspora sur des critères consensuels ou raisonnables pour un dialogue national s’il y a la volonté.

Info Diaspo : La Société civile Togolaise est-elle désavouée par les partis politiques ?

Dr Kate : Depuis un moment, nous constatons que ceux-là même qui ont construit la société civile Togolaise qui a fait naître le multipartisme et la démocratie, cette société civile dont les composantes sont les organisations des droits de l’homme, les confessions religieuses etc., l’attaquent. Elle est dénigrée et harcelée parfois écartée par les leaders politiques. Le rôle éminent de la société civile comme force de la nation lui a été retiré lors des derniers dialogues politiques de 2017 et 2021.  Au lieu de servir de contrebalance comme une entité indépendante pour peser dans le débat national et sauvegarder l’intérêt du peuple, la société civile Togolaise se confond parfois à un allier des partis politiques et devient parfois complice des intérêts partisans.  Nous assistons à des menaces proférées contre des leaders des confessions religieuses au point d’être livrés à la vindicte populaire, des injonctions des politiques dans les affaires de la société civile de manière à les prendre en otage à telle enseigne qu’elle se retrouve opprimée et inactive. Il faut dénoncer ces menaces contre les acquis de la démocratie car des vies humaines ont été perdues dans les années 1990 pour construire cette société civile. Ce ‘rollback’ dangereux était prédit par le Général Eyadema qui a prévenu ceux qui ne voulaient pas être réalistes dans leurs approches politiques et entendre raison: ‘nous allons retourner 100 ans en arrière ‘. Aujourd’hui, il s’apparente que la prophétie d’Eyadema est en train d’être réalisée avec une société civile combattue et abattue par les politiciens, une opposition politique qui se retrouve dos au mur et volontairement absente pendant 30 and dans la gestion du pays et allant de contestations en contestations électorales. 

Info Diaspo : A qui la faute ? personne à ce point n’a pu trouver la solution au problème Togolais, et les gens souffrent dans le pays, que proposez-vous.

Dr Kate : L’essentiel et vrai problème togolais n’est jamais discuté depuis des décennies. L’échec de la conférence nationale souveraine n’a pas servi de leçons à certains politiciens qui jusqu’aujourd’hui ne sont prêts à aborder le fond du problème. Sur 28 dialogues, ils ont souvent préféré parler de la même chose et c’est encore parti pour le 29eme dialogue sans jamais être satisfait. Nous devrions aborder les points de discussions inhabituels comme le grand pardon, les gages d’une Alternance politique Pacifique, nous inspirer des accords de paix susceptibles de panser les plaies des sociétés déchirées par des rivalités ethniques, nous inspirer des accords d’amnisties et de grand pardon des pays qui ont réussi à solidifier leur démocratie, abolir le statut d’opposition au Togo afin d’obliger les opposants à cohabiter avec le pouvoir avant même d’évoluer sur les questions liées à l’amélioration du cadre électoral. En terme clair, le Togo doit arriver à un compromis qui garantit l’avenir à toutes les ethnies, à ceux qui ont exercé le pouvoir déjà par le passé, ceux qui exercent le pouvoir aujourd’hui et ceux qui comptent exercer le pouvoir demain.

Nous savons tous que les investisseurs préfèrent les économies des pays sans troubles politiques, ce qui veut dire ils préfèrent un environnement de compromis politique et propices aux affaires. C’est pourquoi la cohabitation gouvernementale ne peut être dissociée de la fin des élections contestées avant de mettre fin à la paupérisation de nos populations, ce qui demande que les solutions soient réalisées dans un ordre précis.  La cohabitation gouvernementale politique devrait être une obligation, une loi et non un choix avant l’organisation de tout scrutin si l’objectif est de ne plus arriver à des contestations des élections.

Info Diaspo : Votre dernier mot ?

Dr Kate : Aujourd’hui, le Togo se construit sans nous la Diaspora, au moment où la Diaspora Burkinabè a positionné une trentaine de députés à l’assemblée Nationale. A chaque fois qu’il y a un dialogue politique sur le Togo, nous n’avons aucune délégation autour de la table qui nous représente comme entité à part entière, et à l’aune des régionales, nous les 2,5 millions de Togolais constituant le tiers de la population, le découpage électoral n’octroie aucune préfecture ni région à la diaspora quand bien même le Togo dispose d’une préfecture maritime. Évoluons ensemble pour le bien du Togo nouveau. Je vous remercie.

5 thoughts on “Togo- l’ultime solution politique

  1. On a beaucoup débattu lors de la création de la Diaspora politique au Togo!! Aujourd’hui, on peut dire qu’elle a totalement échoué. On savait qu’elle courait ce grand risque, car ses amateurs n’avaient que du vent à brasser, du confusionnisme à ajouter à l’épais imbroglio politique du Togo, et des prébendes à soutirer au fils du général de Pya!Les années passent et rien ne bouge…

  2. Le Togo compte plus de 100 partis politiques qui se réclament tous de l’ “opposition”.
    Cher Docteur Kate, c’est quoi l’ “opposition” au Togo ??
    Qui est de l’ “opposition” et qui ne l’est pas dans un tel chaos crée par ton régime qui aime tant la médiocrité et les environnements pourris??
    Ce sont seulement ces partis et leurs ailes marchantes d’association que tu appelles “opposition” ?
    Nous avons tous compris vos jeux cyniques et malsains de ce que tu appelles “opposition” …

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