Pour la première fois, un chef d’Etat français, Emmanuel Macron, a reconnu que son pays, lors de la guerre d’Algérie, a arrêté, “torturé et assassiné” le militant nationaliste Ali Boumendjel.
En 1957, le militant politique a été tué en pleine guerre devant aboutir à l’indépendance de l’Algérie. Les autorités, depuis lors, parlent d’un suicide. Un “mensonge de l’Etat fut dévastateur” lui a tout récemment opposé une proche de la victime.
Plus de six décennies après l’assassinat, la France reconnait les faits. L’Elysée confirme dans un communiqué qu’ “au cœur de la Bataille d’Alger, il fut arrêté par l’armée française, placé au secret, torturé, puis assassiné le 23 mars 1957 ». Ce qui confirme les dires de Paul Aussaresses, un ex- patron des services de renseignement à Alger qui, en 2000, « avoua lui-même avoir ordonné à l’un de ses subordonnés de le tuer et de maquiller le crime en suicide“.
Dans la droite ligne de l’apaisement, Emmanuel Macron a annoncé cette reconnaissance aux petits enfants d’Ali Boumendjel qu’ils a reçus. Cette action s’inscrit également dans les recommandations de Benjamin Stora, auteur du rapport sur la colonisation et la guerre d’Algérie remis au chef de l’Etat français en janvier dernier.
Le président français confie à ses visiteurs que ” sa volonté” est ” de poursuivre le travail engagé depuis plusieurs années pour recueillir les témoignages, encourager le travail des historiens par l’ouverture des archives, afin de donner à toutes les familles des disparus, des deux côtés de la Méditerranée, les moyens de connaître la vérité ».
Il promet également que cette reconnaissance officielle ”n’est pas un acte isolé”, indiquant qu’ ”aucun crime, aucune atrocité commise par quiconque pendant la Guerre d’Algérie ne peut être excusé ni occulté”.
“Ce travail sera prolongé et approfondi au cours des prochains mois, afin que nous puissions avancer vers l’apaisement et la réconciliation », conclut le communiqué, qui plaide pour « regarder l’Histoire en face, reconnaître la vérité des faits » pour « la réconciliation des mémoires“, assure le successeur de François Hollande.
Les autorités algériennes, tout en se félicitant de ce que les lignes commencent à bouger sur les atrocités commises par l’armée française en Algérie entre 1830 et 1962, exigent des “excuses” publiques de la part de Paris.