Si j´ai un devoir à accomplir envers mon pays, c´est celui de l´unification du Togo. C’est comme si une responsabilité m´était confiée. Je n´arrive pas à m’en passer. Je ne peux pas me dérober de cette mission, quelle que soit sa complexité. Je le sens comme un devoir qui repose sur mes épaules. À l’heure où j´écris ces lignes, rien n’est plus important dans ma vie que cette question d´unification du Togo. Si je ne parvenais pas à résoudre ce problème ou du moins, le mettre sur la voie de la résolution, avant de quitter ce monde, je serais très malheureux et je le quitterai avec beaucoup de regret. Par contre si en quittant ce monde, j´ai la ferme conviction que le Togo britannique nous reviendra un jour, je serai très heureux en le quittant car je considérerai que mon devoir est accompli vis-à-vis de mon pays.
Comme pour tout homme politique qui a un but précis à atteindre, l´unification du Togo est le but que je me fixe dans mon engagement politique à atteindre, sinon mon combat politique n´aurait aucun sens pour moi au Togo. Je préférerais rester en Allemagne. C´est ce qui me préoccupe le plus. Je veux que ce territoire nous revienne un jour et il doit nous revenir.
À travers les documents découverts et lus sur cette question, je revois tout le temps en imagination ce que nos frères et sœurs de cette partie du Togo rattachée au Ghana ont vécu et injustement enduré pendant cette période de notre histoire alors qu´en ce moment, d´autres personnes décidaient et discutaient de leur destin. Le temps est venu de leur rendre justice, de nous rendre justice. La France ou le Royaume-uni accepteraient-ils d´être privés d´une partie de leur territoire par un État voisin ? Si c´est acceptable, pourquoi la France n´avait-elle pas laissé l´Alsace-Lorraine à l´Allemagne quand cette partie de son territoire a été annexée en 1871 pas l´Allemagne et elle a trouvé l´occasion de la première Guerre mondiale pour la reprendre en 1919? Nous, nous reprendrons aussi cette partie de notre territoire au Ghana par la bataille politique et juridictionnelle. En 1956 nous n´étions pas encore un État souverain pour défendre notre territoire par nous-mêmes. Aujourd´hui nous le sommes. Le moment pour le reprendre est arrivé, sinon ces documents sur la question ne seraient pas découverts sans le moindre effort de ma part si ce n´est seulement celui du patriotisme et de l´amour pour mon pays.
C´est aussi regrettable que depuis 1960 jusqu´à nos jours, cette question n´est plus abordée d´une manière ou d´une autre par les autorités successives de notre pays alors que ce référendum a eu lieu il y avait seulement quatre ans avant notre indépendance.
Il faut taper la porte verrouillée au bon moment et c´est le bon moment qui nous est arrivé. Est-ce par moi que cela passera pour le reprendre? Pourquoi ce n´était pas deux ans de cela, trois ans de cela, cinq ans de cela, et même dix ans de cela, cette découverte des documents et c´est seulement l´année passée que je les ai découverts fortuitement ? Je voudrais bien le croire et que c´est le bon moment, sinon je ne découvrirais pas tous ces documents à compter de l´année passée.
Dieu sera de notre côté pour cette bonne lutte de l´unification et non du côté du Ghana car c´est d´abord un combat juste pour notre pays en tant qu´État divisé injustement et arbitrairement, et ensuite pour nos enfants, nos petits-enfants et nos arrière-petits-enfants.
Nos parents et grands-parents patriotes ont lutté avec bravoure pour l´unification du Togo mais malheureusement les conditions de tutelle dans lesquelles ils se trouvaient ne leur permettaient pas de le réaliser. Aujourd´hui nous ne sommes plus dans ces conditions de tutelle. Il est de notre devoir de le faire.