Paris, la capitale française a rassemblé, la semaine dernière, plusieurs dirigeants africains. Une trentaine, au total, autour du maître des lieux, Emmanuel Macron. Le but, sortir de la crise post Covid et financer le développement au travers du refinancement des économies africaines. Mais à l’arrivée, que d’annonces que du concret.
Paris ou l’hôpital des grands malades
C’est sur initiative du Président français, Emmanuel Macron. Ce, en réponse à la demande, explique t-on, de certains dirigeants africains. Ainsi, plusieurs dirigeants africains et européens se sont réunis, le mardi 18 mai dernier, à Paris, dans le cadre du sommet sur le financement des économies africaines. Le but de cette rencontre, a-t-on indiqué, était d’aider les pays d’Afrique à s’extraire du piège de la dette et financer leur développement futur.
Ainsi donc, ils étaient une trentaine de chefs d’État et de Gouvernement, mais aussi des dirigeants d’organisations internationales qui ont participé à ce sommet qui, comme susmentionné, faisait suite à la diffusion d’une tribune de 18 dirigeants africains et européens. Tribune publiée le 15 avril 2020, en faveur d’une mobilisation de la communauté internationale pour affronter les conséquences de la crise sanitaire et économique causées en Afrique par la pandémie.
Dès lors, les attentes étaient grandes. Une véritable bouée d’oxygène allait être insufflée au continent, pourtant riche en ressources tant humaines que naturelles, mais toujours à la traîne. Mais à la fin, grande a été la déception donnant ainsi raison à ces observateurs et analystes qui étaient très tôt sceptiques et critiques sur l’événement.
Maigre quote-part
En effet, si, au terme de la rencontre de Paris, la communauté internationale s’est accordée sur le principe d’une émission globale de DTS (Droits de tirages spéciaux) de 650 milliards de dollars, il est tout de même fort étonnant que dans cette enveloppe globale, seuls 33 milliards doivent revenir mécaniquement à l’Afrique. Ceci, par le jeu des quotes-parts au sein de l’institution de Washington. Soit environ 5% de l’enveloppe ont été réservés à l’Afrique. Alors que l’Afrique est censée être, conformément aux principes, le plus faible à soutenir à tout prix.
Une quote-part qui, raisonnablement, s’avère insignifiante pour nombre de raisons. Encore que le Continent Noir duquel sortent plus de flux financiers que n’y rentrent, représente 17% de la population mondiale. Dès lors se posent, dans l’opinion, des questions légitimes. À quoi aura concrètement servi le Sommet de Paris, si tant est que la principale cible, l’Afrique, s’en sort avec une quote-part insignifiante de la mobilisation qui, convient-il de le souligner, n’est qu’annonces et promesses portant sur les Droits de Tirages Spéciaux.
Plutôt un rendez-vous de non-dits
Il en résulte que l’initiative de Macron, loin de servir la cause du continent Africain, est plus un enjeu politique et stratégique pour la France qui se trouve d’ailleurs être elle-même une des plus grosses débitrices mondiales avec une ardoise de près de 2700 milliards de dollars. C’est, en somme, une stratégie de repositionnement en Afrique où l’ex Métropole, par ses positions tant décriées, perd inexorablement du terrain et en affection auprès de la jeunesse africaine qui développe, au fil des jours, un sentiment anti-français de plus en plus croissant.
Outre le cas de la Centrafrique où la France est pointée du doigt accusateur dans la situation d’instabilité politique que connaît ce pays depuis des années durant, celui du Tchad vient ajouter une nouvelle couche. Loin d’être décrié, le renversement de l’order constitutionnel par le Gal Mahamat Deby, est plutôt curieusement béni et cautionné par Paris et ses autres Présidents et institutions valets du Continent0. Et devant cette situation, le rendez-vous de Paris se révèle plus une occasion dorée pour la France de se faire bonne conscience et se sauver la face, tant soit peu.
De ce fait, l’on en vient à noter que nombre de pays africains qui y étaient, l’ont été plus pour d’autres raisons que celles révélées officiellement. Les cas notamment du Rwanda qui revient de Paris avec l’engagement diplomatique d’ouverture d’une ambassade de Rwanda à Paris. Il en est de même pour le géant Nigeria, dont la France est premier partenaire. Qui plus est Buhari a toutes les raisons de recueillir le sourire de l’Élysée qui se trouve être un mal nécessaire dans les relations internationales de part sa force de persuasion et sa capacité de nuisance. Face aux récurrentes allégations d’accointances bien incestueuses entre l’hexagone et les groupes terroristes dans la sous-région ouest africaine, le Nigeria ne perd rien à témoigner du juste respect à l’Élysée.
Source: FRATERNITE