Togo-Meurtre de présumés sorciers : Et si le Général Yark sifflait la fin de l’impunité ?

Il y a eu l’information relayée par le confrère Liberté, selon laquelle le cadavre du nommé Kotowa Nukunu, a été retiré de la morgue puis brûlé le 8 août dernier à Gbalavé-Tsadomé (Préfecture de Kloto).

Si l’on en croit les dignitaires de cette localité située à 125 km au nord-ouest de Lomé, Kotowa Nukunu aurait avoué que de son vivant avoir tué beaucoup de personnes dans le milieu.

Pour rendre son repos tranquille, il a demandé d’être brûlé. Il y a aussi de ces morts occasionnées, de ces morts tout sauf naturelles, dont font l’objet des personnes présumées sorcières et qui font si pertinemment écho à l’incinération de Kotowa Nukunu. C’est le cas d’une dame tout aussi accusée de sorcellerie, et qui a été battue à sang récemment à Baguida, précisément à Dévégo.

Au fond, torturer presque à mort une personne accusée d’actes maléfiques, d’ensorcellement et d’autres faits teintés de maléfices n’est vraiment pas une première en Afrique, particulièrement au Togo où les planètes s’alignent pour condamner un accusé, pour peu qu’il soit mal vu par la société. Il suffit que celui-ci pose des actes qui relèvent de l’anormalité, qu’un de ses proches, à l’article de la mort, prononce son nom, où qu’on dise l’avoir vu opérant on ne sait quels sacrifices, pour que des gens qui se croient investis d’une mission divine lui tombent dessus.

Comme s’ils n’attendaient qu’une confirmation de plus pour passer à l’acte, les justiciers s’autorisent des actes d’une rare violence et font passer le présumé sorcier de vie à trépas. Sans pour autant détenir les preuves de leurs accusations, les citoyens, aveuglés par leur superstition se font un malin plaisir de ligoter les coupables désignés nus sur du treillage en nervures de palme, tirés au sol dans des rues à grands renforts de bastonnades, de lapidation, comme s’ils étaient des rats.

On croyait qu’à notre époque ces pratiques d’un autre âge ne seraient plus de mise, mais rien n’a changé. Le silence des autorités face à ces règlements de compte ne fait que donner un blanc-seing aux auteurs qui s’en tirent souvent sans être inquiétés, l’impunité aidant.

L’État est le seul qui puisse juger de qui est coupable de crime, puisse-t-il relever de sorcellerie. Mettre à mort un présumé sorcier sans preuve aucune ne fera pas diminuer d’autant le crime. Le ministre de la Sécurité doit monter au créneau pour faire cesser ces barbaries.

Source: Le Correcteur

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