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Thursday, April 18, 2024
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Togo-Prof. Apédo-Amah : « Voici comment les bourreaux des peuples deviennent des lâches…»

Dans une nouvelle tribune libre, Prof Ayayi Togoata APEDO-AMAH dépeint d’une manière générale la situation sociopolitique des dictatures. L’universitaire décrit la fin malheureuse de tous les dictateurs passés, présents et futurs. Lisez plutôt!

DES HUMAINS LIMITÉS MAIS SANS LIMITES

Tous les malheurs de l’humanité, en dehors des catastrophes naturelles et des pandémies, lui viennent des humains qui se sont crus sans limites alors que la société n’est viable qu’avec les limites du vivre-ensemble.

D’où vient ce sentiment qui est un aveuglement que les Grecs anciens appelaient hubris ? La plupart des héros des tragédies en étaient des victimes. L’hubris est ce sentiment de la démesure où l’homme se prend pour un dieu ou l’égal des dieux. Pour notre malheur, les petits dictateurs mégalomaniaques et pourtant fort médiocres, ont privatisé nos pays africains pour nous soumettre à la torture de leur déraison, de leur vésanie et de leurs crimes abominables. Il en est ainsi parce que ceux qui les entourent, leurs complices et leurs courtisans, et surtout leurs anciens pairs de la prise du pouvoir ont abdiqué devant leurs devoirs de contradiction et surtout de vérité. Le pouvoir doit arrêter le pouvoir à travers les institutions et ceux qui les dirigent. En effet, l’on se passe le mot : ” Il ne faut pas contrarier le chef, il est très susceptible, sinon c’est la prison ou la mort ou l’expulsion de la mangeoire. Il faut toujours lui dire oui, lui faire comprendre qu’il est le plus intelligent, mieux, un génie sans égal.” Il y a là un crime de prévarication des collaborateurs qui n’ont pas su ou voulu l’encadrer dans la vérité et la loyauté envers le peuple. Les élites intellectuelles et des affaires se prostituent aussi en lui léchant le cul. Le mensonge est devenu la norme ; la vérité, l’hérésie.

Le drame, vient du fait que le despote finit par croire les flatteries et tous les mensonges grotesques que ses proches lui débitent tout en obligeant le peuple à chanter à sa gloire. Et le grand cancre se prend pour un génie.

Il viole la loi, personne ne dit rien; on l’acclame même. Il viole les femmes puis prend plaisir au droit de cuissage avec les dignes épouses de ses ministres et autres courtisans ; alors on détourne pudiquement la tête comme si on n’avait rien vu puisque les victimes, ses propres collaborateurs, ne se plaignent pas et font comme si de rien n’était, la bouche amère comme de la quinine.

Après, le tyran fait du Trésor public sa caisse privée. On ne le blâme pas puisque lui-même ferme les yeux sur les détournements des proches et de la famille. Les putes de luxe ont pignon sur rue ainsi que les rastaquouères voyous sortis de nulle part et qui brassent des milliards. Le pays devient une kleptocratie et une pornocratie scandaleuses. On tue, on torture, on emprisonne, on vole pour lui et pour soi. Le fou paranoïaque n’a plus de limites ainsi que ses hommes de confiance. Il est à jamais perdu pour le bon sens, le sens commun.

Et vient la contestation, le peuple proteste, une opposition se dresse face à l’usurpateur; il réprime la fronde dans le sang. Plus coulent des rivières de sang, plus la nécessité de son départ s’impose au peuple. Alors le tyran et son entourage de copains et de coquins prennent conscience de la curieuse singularité de leur situation. La reddition de comptes est un cauchemar. Les crimes, les vols, les violations massives et répétées des droits de l’homme indiquent le chemin des tribunaux et de la prison. Le pire qui puisse arriver est le lynchage populaire à mort. La peur change de camp.

Toute l’équipe d’assassins se soude et adopte la stratégie désespérée de la fuite en avant. Se protéger à tout prix grâce à la culture de l’impunité. Et cette impunité requiert le maintien au pouvoir à vie. Pauvres types !

Voici comment les bourreaux des peuples deviennent des lâches qui ont peur de leur propre ombre.

L’auteur de tragédies, le Grec Euripide, a dit ceci: “Celui que les dieux veulent détruire, ils le privent d’abord de son bon sens.”
Parole à méditer par les dictateurs passés, présents et futurs.

Ayayi Togoata APEDO-AMAH

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