Dans une déclaration rendue publique dans le cadre de la commémoration du 05 octobre 1990, l’opposant Claude Améganvi du Parti des Travailleurs invite les forces démocratiques de la nation à « s’unir pour chasser du poulailler le renard (Faure Gnassingbé, ndlr) qui s’y est introduit avant qu’il ne mange les poussins et de régler par la suite les différends qu’ils peuvent avoir entre eux » . Bonne lecture.
Parti des Travailleurs
05 Octobre 1990- 05 octobre 2021
Le nouveau Wètèklè Faure EYADEMA-GNASSINGBE doit partir !
5 octobre 1990 :
Il y a 31 ans, contre 27 ans d’impasse politique depuis l’assassinat de Sylvanus OLYMPIO, 23 ans de dictature de parti unique-parti Etat et de ruine économique et sociale sous les effets dévastateurs des plans d’ajustement structurels dictés par le FMI et la Banque mondiale, un soulèvement populaire, lancé à partir de la capitale par la jeunesse qui était à son avant-garde, a rapidement embrasé le Togo, exigeant le départ de Gnassingbé EYADEMA.
En cette solennelle occasion, nous tenons d’abord à rendre un hommage déférent à la mémoire de ces milliers de martyrs qui ont versé leur sang sur la terre de nos aïeux dans ce long combat pour la conquête de la démocratie dans notre pays.
5 octobre 1991 :
Il y a 30 ans, à l’occasion de la commémoration du 1er anniversaire de ce soulèvement, la jeunesse créée un nouveau mouvement pour achever le combat mené depuis un an, le Mouvement patriotique du 5 octobre (MO5) dont Tavio AMORIN, de regrettée mémoire, est l’un des membres fondateurs. Parce qu’insatisfaite du cours des événements et des nombreuses concessions qui ont été faites à EYADEMA, notamment lors de la Conférence nationale, concessions qui, faites par une classe politique traîtresse qui n’entendait que partager le pouvoir avec lui, ont permis de sauver son régime dictatorial et de le maintenir en place. EYADEMA accéléra alors la déstabilisation des institutions de la transition auxquelles il mit fin par le coup d’Etat du 3 décembre 1991.
Les conquêtes arrachées par le soulèvement d’octobre 1990 s’inscrivent malgré tout depuis lors dans la mémoire collective comme le mouvement par lequel le peuple togolais a pu arracher :
· le pluralisme politique contre 23 ans de monopole de régime de parti unique–parti Etat RPT mis en place depuis 1969 et auquel l’adhésion était obligatoire et forcée pour tout citoyen depuis le ventre de sa mère sur la toile de fond d’une
proscription générale des libertés politiques ;
· les libertés d’expression : liberté de parole ainsi que de création de radios et d’une presse indépendante, jusque-là totalement proscrits ;
· le droit à l’organisation indépendante notamment de créer librement des syndicats, associations et partis contre la proscription jusqu’alors des libertés civiles à travers l’embrigadement dans les structures fantoches de syndicalisme dit « de participation responsable » des CNTT, UESTOF, MONESTO, et autres « ailes marchantes » du RPT ainsi que les structures de caporalisation des JRPT, UNFT, UNCTT, etc.. · le droit d’organiser librement grèves et manifestations ; etc.
Tous ces droits dont nous jouissons aujourd’hui malgré les tentatives incessantes faites pour les arracher n’auraient pas existé s’il n’y avait pas eu le 5 octobre 1990 qui a bouleversé tout l’ordre alors établi ainsi que toute l’organisation politique et sociale sur laquelle évoluait le pays depuis l’assassinat d’OLYMIO, 27 ans plus tôt.
La situation actuelle nous force à constater, à l’heure du nécessaire bilan qu’il nous faut impérieusement tirer que, malgré toutes les conquêtes arrachées depuis lors, perdurent encore :
· Un régime dictatorial qui a évolué d’une dictature militaire à l’étouffante domination d’une dynastie dictatoriale cinquantenaire qui maintient arbitrairement en détention, comme prisonniers politiques, d’innocent(e)s citoyen(ne)s qui, dans leur totalité, n’ont commis aucun crime ;
· Une impasse et une crise politique perpétuelles engendrées par un régime arbitraire qui se maintient en place par l’assassinat et l’oppression des innocentes populations notamment par la terreur d’une politique de vaccination forcée contre la pandémie du coronavirus (COVID 19), des manipulations constitutionnelles lui ayant permis de s’assurer un quatrième mandat en toute illégalité et illégitimité, des mascarades et fraudes électorales, plus d’une trentaine de dialogues politiques qui n’ont eu d’autre tangible résultat que des déchirements sans fin entre partis d’opposition rivalisant pour « accompagner » le régime en place dans sa gestion calamiteuse du pays comme on vient encore de le voir avec la tenue de la Concertation nationale des acteurs politiques (CNAP) ;
· Une corruption, une gabegie et une ruine économique marquées par de retentissants scandales qui se déclinent en affaires multiples : Panama papers ayant engendré un Wacemgate, pétrolegate avec le détournement de plus de 500 milliards de F CFA, Pandora papers portant un nouveau scandale d’évasion fiscale impliquant pour l’instant les conseillers des plus hautes autorités de notre pays ;
· Un désastre social marqué par la ruine de la santé publique en cours de privatisation accélérée au profit de l’oligarchie au pouvoir alors que fleurissent toutes sortes de maladies, la ruine de l’enseignement public totalement saccagé par les caciques d’un régime qui s’en fichent en envoyant leurs progénitures se former au prix fort à l’étranger avec l’argent volé au peuple togolais, la vie chère, le chômage endémique, les salaires de misère, la famine, le tout conduisant au suicide nombre de citoyens désespérés ;
· Un pays entièrement soumis à la domination des puissances impérialistes, principalement français, ainsi qu’à leurs institutions et totalement vendu aux étrangers auxquels d’importants pans du patrimoine et des richesses nationales
ont été bradés à vil prix au détriment des intérêts du peuple togolais qui tire quotidiennement le diable par la queue !
Tourner les pages sombres d’un tel régime et d’une telle situation catastrophique auxquels nous sommes confrontés est plus que jamais d’une impérieuse nécessité.
La réalisation de cette importante œuvre de salut public par le mouvement du peuple togolais lui-même s’impose plus que jamais, au moment même où des coups d’Etat ne cessent de se multiplier dans toute une Afrique où les peuples sont vent debout contre la domination de l’impérialisme français qui y maintient des dictatures militaires et civiles archi-corrompues.
Le rôle et la responsabilité de la jeunesse, nouvelle génération venant au combat pour la conquête de la démocratie en tournant ces pages sombres de toute notre histoire est capital dans la situation où nous sommes présentement.
Comme le dit en substance cette profonde pensée : « Confrontée à la nécessité d’assumer sa responsabilité face à l’histoire, chaque génération doit l’assumer ou la trahir ! »
Comme jadis sa devancière du 5 octobre 1990, malheureusement usée, épuisée et démoralisée aujourd’hui par la trahison de son historique combat par ceux qu’elle a laissé s’accaparer de la direction politique de sa lutte par manque de confiance dans ses propres forces, la nouvelle génération de jeunes togolais doit se lever. En se portant au-devant du combat pour en
finir avec la trop longue domination de la dynastie dictatoriale EYADEMA-GNASSINGBE sur le Togo !
Mais cette fois-ci, elle doit veiller, avec le peuple tout entier, à en contrôler par eux-mêmes le déroulement à travers leurs propres organes qu’ils doivent œuvrer à construire au feu même de ce combat libérateur.
Le concept : « Wètèklè EYADEMA doit partir ! », spontanément mis en avant par la jeunesse et le peuple togolais dès le soulèvement populaire du 5 octobre 1990 doit alors nécessairement être à nouveau de mise pour fédérer
toutes les énergies comme ce fut le cas il y a une trentaine d’années où il a permis de rassembler la majorité du peuple.
Par ce mot Wètèklè qui signifie en mina « renard », ses promoteurs appelaient à la nécessité pour le peuple togolais de s’unir pour chasser du poulailler le renard qui s’y est introduit avant qu’il ne mange les poussins et de régler par la suite les
différends qu’ils peuvent avoir entre eux.
Alors que les responsables et partis se réclamant de l’opposition démocratique désorientent aujourd’hui la jeunesse et le peuple tout entier en se déchirant entre eux par des invectives et insultes qui font l’affaire de la sanglante dynastie dictatoriale qui opprime le peuple togolais, laissant croire que tout est pourri et que ce régime failli a encore de beaux jours devant lui, n’est-il pas temps d’en finir avec cette situation ? En trouvant dans l’esprit de ce concept la voie de la réalisation de l’unité du peuple !
Oui, il est temps car :
· 59 ans depuis l’assassinat de Sylvanus OLYMPIO, c’est trop !
· 55 ans de règne d’une même monarchie dictatoriale au Togo, Ça suffit !
· A bas la dynastie dictatoriale EYADEMA-GNASSINGBE !
Le nouveau Wètèklè, Faure EYADEMA-GNASSINGBE doit partir !
Lomé, le 5 octobre 2021,
Pour le Parti des travailleurs,
Le Secrétaire chargé de la coordination,
Claude AMEGANVI
Excellent bilan et perspectives que seul Claude Améganvi sait le faire.
Qui est Claude Améganvi pour le togolais lambda ? L’un des opposants au régime du Président Faure Gnassingbé. Cet opposant appelle les autres formations de l’opposition à s’unir pour conquérir le pouvoir. En réalité, depuis plus de trois décennies l’opposition togolaise peine à assoir une alternance politique au Togo. L’opposition togolaise que l’opinion avait cru qu’elle avait le vent en poupe suite aux évènements du 19 aout 2017, mais très rapidement les militants de cette opposition ont déchanté avec la descente au enfer de la coalition des 14 partis (C14). L’échec de la C14 montre à suffisance le manque criard de leadership des leaders de l’opposition togolaise. A bien voir, La C14 est venue s’ajouter à la longue liste des coalisions de l’opposition qui sont partis en vrille par l’amateurisme des opposants togolais. Mais, aussi, il faut reconnaitre que il serait difficile à un parti de l’opposition pris isolement d’assoir l’alternance politique au Togo.