Lisons ensemble la phrase suivante que je viens de repérer dans les colonnes du journal français Le Monde qui parle ainsi du Togo: “Dans ce pays de l’Afrique de l’ouest, les organes de presse sont régulièrement suspendus par la haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) à la suite des critiques contre le pouvoir”.
Ce journal en effet, venait ainsi de conclure un article qui reprenait le communiqué d’Amnesty International soupçonnant l’État togolais, à partir de l’arrestation des journalistes Ferdinand Ayité et Joël Egah, de vouloir “faire taire des voix critiques dans le pays”.
Alors analysons un peu ce que tout ceci implique dans l’imagerie collective de la communauté internationale.
D’abord que signifie la critique et quel est son rôle dans un écosystème démocratique ? La critique, tout le monde le sait, est le fait d’émettre un avis contraire sur un propos, un fait, venant d’une tierce personne. Dans un écosystème démocratique, elle est l’élément de base qui fait avancer la pensée humaine, enrichit la réflexion et pousse les citoyens à l’excellence.
Cela dit, lorsque les journaux et les organisations internationales dont les réactions permettent à l’ensemble des citoyens du monde de se formuler une opinion sur la vie de chaque pays, disent que le pouvoir du Togo est réfractaire à la critique, l’on imagine volontiers ce qu’une telle perception crée dans l’esprit de chaque individu civilisé au plan international.
C’est une question de bon sens, une fois qu’il est établi que le pouvoir du Togo s’oppose par nature à la critique, c’est que ses dirigeants ne travaillent pas sincèrement pour l’évolution de la pensée et de la réflexion concernant le meilleur devenir du pays, puisque cette évolution est immanquablement tributaire de la critique elle-même, propre à tout esprit humain.
Voilà pourquoi tout le monde ou presque, est choqué par cet acte de toute évidence maladroit qui est posé contre les deux journalistes dont la seule faute a été d’avoir émis un point de vue critique sur ce que font ou sont supposés faire certains ministres ayant en charge, une portion du destin de l’ensemble du peuple togolais.
Servir l’État en effet, devrait être perçu comme un sacerdoce qui sollicite du serviteur, un minimum de sacrifice impliquant forcément un effacement de sa propre personne, ou j’allais dire, de son ego personnel au profit de l’image et de l’identité qu’il souhaite donner au pays lui-même.
Ainsi, lorsque qu’un problème se pose, l’approche pour le résoudre doit toujours tenir compte de cet impératif qui oblige le dirigeant à ne rien faire pour écorner cette image de noblesse et de gloire qu’il se doit, en tout temps et en toute lieu, de forger à son pays.Pourquoi Ferdinand Ayité et Joël Egah n’ont-ils pas critiqué un particulier, un chef d’entreprise privée ou toute autre personne évoluant dans son propre compte ? Parce que ceux-ci n’ont pas en main, la gestion du bien commun et ce n’est pas peu dire.
Luc Abaki