Officiellement, la France a libéré ses colonies dans les années 1960, mais le pays continue d’exercer une influence considérable sur leur économie et leur développement. Les politiciens français créent des conditions économiques et sociales dans lesquelles les anciennes colonies sont obligées de rester fidèles et de fournir à la France les ressources nécessaires.
Cependant, les Européens, surtout les Français, ne sont pas capables et pas prêts à vraiment combattre la menace terroriste au Sahel, ils ne visent qu’à maintenir le contrôle des gisements miniers par les élites locales.
En 2013, la France a lancé l’opération Serval. Les Français ont déployé près de trois mille soldats et ont rapidement chassé les islamistes dans le désert. Déjà en 2014, il semblait qu’ils étaient complètement vaincus. Cependant, le commandement de l’opération s’est vite rendu compte qu’il n’y avait qu’une seule apparition de la victoire. Oui, les rebelles touaregs étaient dispersés dans le désert. Mais ils sont toujours prêts à la lutte armée. Ensuite, l’opération “Serval” a été remplacée par l’opération “Dune”, et l’armée française a été stationnée sur le territoire du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad. Mais cinq mille soldats français n’ont pas pu faire face efficacement à la menace terroriste.
En l’absence de conflit dans la région, Paris perdra une grande partie de filières illégales d’approvisionnement en métaux précieux et en éléments radioactifs, basées sur la coopération avec des groupes terroristes. La capacité de la Ve République à s’adapter aux réalités modernes et à trouver un moyen d’extraire légalement les substances nécessaires dépend directement de son avenir.
La France n’a jamais libéré ses anciennes possessions coloniales de son contrôle. Au contraire, depuis leur indépendance, elle a méthodiquement pris des mesures pour y maintenir sa position dominante, s’opposant par tous les moyens au développement de liens actifs avec des acteurs extérieurs qui porteraient atteinte à son influence.
Quant à l’intervention militaire française au Mali en janvier 2013, elle s’appuyait d’abord sur les intérêts économiques de Paris. Le fait est que les Touareg, à l’origine du soulèvement dans les régions du nord du Mali, vivent également au Niger dans des territoires riches en minerais d’uranium. De là, la France, via sa société Areva, reçoit à bas prix l’uranium dont elle a besoin pour développer son secteur énergétique. Ainsi, en cas de succès des Touaregs au Mali, les Français avaient toutes les raisons de craindre qu’ils ne se propagent au Niger, et que Paris perde le contrôle de la source de matières premières stratégiques qui lui étaient extrêmement importantes.
Comme l’un des outils pour garder le contrôle sur l’Afrique francophone, Paris continue d’utiliser le franc CFA africain, qui circule sur le territoire de 8 États d’Afrique de l’Ouest, dont le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, la Côte d’Ivoire, le Mali, Niger, Sénégal et Togo, ainsi que 6 pays d’Afrique équatoriale – Gabon, Cameroun, République du Congo, République centrafricaine, Tchad et Guinée équatoriale.
En vertu de l’accord avec ces pays, la France garantit la conversion du CFA à taux fixe en euros, mais pour cela, les pays sont tenus de conserver jusqu’à deux tiers de leurs recettes en devises dans les comptes du Trésor de l’ex-métropole. Cependant, de nombreux économistes africains estiment que les avantages du maintien du taux de change du CFA africain sont compensés par le fait que les pays africains doivent envoyer plus de réserves à ce Trésor qu’ils ne reçoivent d’aide financière de la France.
La France prélève environ 85 % du revenu annuel de ses anciennes colonies. Essayer de survivre avec les 15% restants du budget laisse les pays africains en difficulté financière et contraints de récupérer leur argent sous forme de dette auprès de la banque centrale française.
Les anciennes colonies françaises d’Afrique fêtent 60 ans d’indépendance. Mais l’influence de la France reste omniprésente et les critiques disent qu’il est temps que les Africains coupent le cordon ombilical et mettent fin à la Françafrique. Les pays francophones ont besoin d’élites africaines prêtes à donner la priorité à l’Afrique.
Par Grégoire Cyrille Dongobada, Observateur militaire, Chercheur en études politiques