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La famine annoncée en Afrique est une éloquente preuve que nos pays ne sont pas encore décolonisés !

En quoi a consisté réellement la colonisation au cours du 19ème et début 20ème siècle de l’Afrique ? En termes tout simples, elle a consisté à contraindre l’homme à la peau noire à développer une économie de PLANTATION et d’EXPLOITATION, c’est-à-dire, de gré ou de force, l’homme noir était amené à produire, à partir de l’exploitation de la terre, des cultures de rente, comme le café, le cacao, le coton, la banane… fortement recherchés par les économies du nord.

En sus de ceci, son sous-sol était exploité pour extraire les matières premières, le tout mis dans des bateaux en direction de ces pays colonisateurs où ils seront transformés, affinés et revendus au moins dix fois plus chers au reste du monde y compris à l’africain lui-même.

Alors si après plus de six décennies de soi-disant décolonisation, nos dirigeants continuent de maintenir le même mécanisme qui consiste à exporter systématiquement nos matières premières et à inciter les paysans à cultiver essentiellement ces mêmes produits qui ne servent en vérité que les économies du nord, quel sens aura alors pris cette fameuse indépendance ?

Tous les économistes sérieux nous informent qu’aucun pays au monde ne s’est développé ou n’est en mesure de se développer en produisant ce qu’il ne consomme pas et en consommant ce qu’il ne produit pas. Or c’est typiquement ce modèle qui est appliqué chez nous et qui explique toute la fragilité de nos économies, leur manque de résilience et leur vulnérabilité aux moindres chocs exogènes.

La famine va venir grandement en Afrique si les opérations militaires se poursuivent entre l’Ukraine et la Russie, deux pays pourvoyeurs déterminants du blé dans le monde. Comment a-t-il été possible que nos dirigeants n’aient compris jusqu’ici qu’on ne parle d’économie que lorsqu’il y’a production de ce qui est directement utile dans la vie quotidienne des citoyens ?

Au vue de tout ceci, est-il raisonnable de penser que ceux qui dirigent nos pays ont un désir réel d’épanouir leurs peuples et de développer véritablement leur pays ? Cette question est d’autant plus pertinente que toute gouvernance d’Etat vise en premier, la cause du peuple, son meilleur devenir et son épanouissement effectif.

Aussi le dirigeant est-il obligé, par devoir de responsabilité, mais aussi par pur bon sens, d’inciter son peuple à produire à tout prix ce qu’il consomme et d’injecter prioritairement les ressources idoines pour une telle cause. C’est l’absence de cette vision et de ce principe de gouvernance qui justifie que jusqu’à ce jour, aucun pays de l’Afrique francophone n’a un secteur industriel qui représente plus de 8% de son activité économique ou même une agriculture mécanisée qui produirait le minimum vital dont les peuples ont directement et journellement besoin.

N’est-ce curieux !!!Tout est donc fait de manière que, même psychologiquement, le citoyen africain, fut-il dirigeant, considère toujours le blanc comme un supérieur à lui, donc le modèle dont il faut immanquablement s’inspirer. Le complexe d’infériorité est si incrusté dans notre subconscient que nous invitons encore ce même blanc, à nous porter assistance sur tous les plans, y compris dans les activités qui, en principe, relèvent de notre souveraineté.

Nous sommes par ricochet portés par un suivisme naïf tant et si bien que nous ne faisons plus rien par nous et pour nous. Il est évident qu’en traînant encore ces funestes réalités de la colonisation jusqu’à ce jour, nous pouvons aisément faire un adieu formel au développement et à l’épanouissement des peuples d’Afrique, surtout de l’espace francophone. Et bien sûr, ce ne sera pas la faute au blanc!

Luc ABAKI

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K. Kofi FOLIKPO
March 16, 2022 12:56 pm

Analyse très pertinente, mon cher Frère Luc Abaki.
Et au-delà de l’incapacité pour la plupart des gouvernants africains post-coloniaux de définir clairement des Politiques agraires et foncières en faveur de nos populations, il y a un aspect psychologique très pernicieux affectant nos populations elles-mêmes et demandant un travail socio-pédagogique avec beaucoup de patience.
Il a été inculqué en effet de façon très insidieuse aux Acteurs du Monde Rural en Afrique Sub-saharienne depuis l’invasion coloniale européenne que les produits de rente destinés à l’exportation rapporteraient beaucoup plus d’argent que les produits vivriers et les produits de rente destinés à la consommation locale.
C’est tellement entré dans les habitudes des producteurs et des acteurs intermédiaires (vendeurs d’intrants, acheteurs des produits de rente, etc.) que les gens croient généralement que le producteur du café ou du cacao serait financièrement plus “aisé” que le producteur de l’igname et du maïs !

En Sociologie du Développement nous désignons ce phénomène avec le terme d’ “Extraversion économique” : cela consiste à utiliser des moyens de production propres à un environnement socio-économique pour produire des biens destinés à la consommation exclusive dans un autre environnement socio-économique mais ne permettant pas de satisfaire les besoins vitaux des producteurs.

En 1997, j’avais mené en tant que jeune Étudiant post-gradué de l’Université de Bielefeld (en Allemagne) souhaitant faire une Thèse de Doctorat en Sociologie du Développement des Recherches comparatives de Terrain durant plusieurs mois au Burkina-Faso et au Togo sur l’Impact de l’Agro-Pastoralisme (Agriculture associée à l’élevage de Bovins) et de la Culture des Produits de Rente (Coton, Cacao et Café) sur la Qualité de Vie des Populations rurales.

Il s’est revelé au vu des Résultats obtenus à partir des Données recueillis sur le terrain que:

  • Primo: Les producteurs du cacao et café dans le Grand-Kloto (Togo) consacrent trois fois plus de temps à faire leurs champs des produits destinés exclusivement à l’exportation que les agro-pasteurs de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso) qui produisent abondamment divers céréales et un produit de rente local (coton) destinés essentiellement à la consommation locale et sous-régionale. Du coup, les producteurs togolais n’ont pas suffisamment du temps à consacrer aux cultures vivrières et connaissent donc assez de pénurie alimentaire!
  • Secundo: Les récoltes chez les agro-pasteurs burkinabè de Bobo-Dioulasso arrivent de façon plus précoce (entre 4 à 6 mois), contrairement aux produits de rente du Grand-Kloto (cacao et café) destinés exclusivement à l’exportation et dont la première récolte arrive entre 2 à 3 ans.
  • Tertio: Les agro-pasteurs burkinabè de Bobo-Dioulasso ont un grand contrôle sur le prix de vente de leurs produits, contrairement aux planteurs togolais du Grand-Kloto qui sont dépendants du prix d’achat fixé par l’Etat togolais qui dépend à son tour de la fluctuation du cours des produits agricoles sur le marché mondial.
  • Quarto: La gestion des aires cultivées est beaucoup plus rationnelle et plus productive chez les producteurs de Bobo-Dioulasso que chez ceux du Grand Kloto, car les premiers ont la possibilité de faire la rotation des cultures sur les aires cultivées qui sont aussi utilisées par moment comme pâturage, contrairement au Grand Kloto où même les possibilités de culture mixte avec les produits de rente (cacao et café) sont limitées.

Mais face à cette réalité, le producteur du cacao et du café dans le Grand Kloto continue de croire fermement qu’il n’aurait pas une source financière significative et “stable” s’il abandonnait ces produits de rente destinés exclusivement à l’exportation pour se consacrer à d’autres cultures qu’on peut facilement écouler sur le marché local ou sous-régional!
On voit donc qu’il y a un Blocage mental au sein Monde Rural et cela nécessite une Pédagogie active.

K. Kofi FOLIKPO
http://www.kebo-toe.net/?page_id=2676

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