Tout le monde sait en effet qu’au Burkina Faso, le procès Thomas Sankara qui vise à faire la lumière sur les auteurs et commanditaires de son assassinat en octobre 1987 se poursuit jusqu’à ce jour, même avec coup d’État du 24 janvier dernier qui a renversé le pouvoir de Rock Christian Kaboré.
Seulement voilà, il y’a problème! Alors que l’on attendait la reprise en bonne et due forme des audiences avec la plaidoirie des avocats de la défense, un des conseils de cette défense a soulevé une exception particulièrement pertinente. Les personnes mises en cause, donc ses clients, sont poursuivies pour atteinte ou complicité d’atteinte à la sûreté de l’État.
Or un coup d’État, donc une atteinte à la sûreté de l’État, vient d’avoir lieu dans le même pays et l’auteur principal de cet acte, qui ne s’en est d’ailleurs pas caché, a prêté serment devant la Cour Constitutionnelle, chargée de veiller au respect scrupuleux, des dispositions constitutionnelles.
Si cette Cour en est arrivée à légitimer un coup d’État par la prestation de serment de son auteur, alors les atteintes à la sûreté de l’État sont-elles encore condamnables et passibles de poursuites au pays des hommes intègres ?
Voilà toute la problématique que soulève l’avocat de la défense par une requête dûment déposée jeudi, auprès de la Cour Constitutionnelle qui a 30 jours pour rendre son verdict.En attendant, le procès est suspendu et si jamais la Cour Constitutionnelle venait à faire droit à l’avocat, toutes les personnes poursuivies dans cette affaire seraient purement et simplement relâchées.
Alors, que dira concrètement cette Cour qui vient ainsi d’être prise en flagrant délit de contradiction ? La seule porte de sortie, me semble-t-il, sera pour la Cour, de déclarer l’irrecevabilité de la requête. Mais attendons le bout des trente jours pour voir les acrobaties juridiques que seront obligés de nous servir les juges constitutionnels du Faso.
Luc Abaki
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