Pour avoir demandé l’affectation d’un directeur d’école : Le Préfet de l’Oti fait enfermer dix jeunes parents d’élèves

Les colonels-préfets n’ont pas bonne réputation au Togo. Il leur est souvent reproché des dérives autoritaires envers les sujets de leurs préfectures. Dix (10) jeunes, parents d’élèves sont victimes des brimades et dérives dans la préfecture de l’Oti. Ils sont gardés depuis vendredi, dans les locaux de la Gendarmerie. Sur ordre du préfet de l’Oti, le Colonel Wadja Gbandi. Leur tort, avoir dénoncé la mauvaise gestion faite par le Directeur de l’école de leurs enfants, EPP Faré Oti Nord. Les jeunes accusent le Directeur d’avoir détourné les fonds de la cantine scolaire et ont demandé son affectation.

Les faits

Ils sont 10 jeunes membres du Comité des parents d’élèves de l’EPP Faré située dans la commune de l’Oti 1. Ayant constaté la mauvaise gestion faite par le directeur de l’école, notamment la gestion de la cantine scolaire, les jeunes ont pris langue avec l’inspecteur pour lui exposer le problème. Ils ont également demandé l’affectation du directeur pour la bonne marche de l’école, et la bonne éducation de leurs enfants.

C’est ainsi qu’il leur a été demandé de rédiger une lettre. Ce qui fut fait le 31 janvier. « La population de Faré vient très respectueusement solliciter auprès de votre haute bienveillance sur la question de demande d’affectation du Directeur de l’EPP-Faré, Monsieur Bouraïma Monmandou suite à des problèmes qu’il a causés au sein de la population de Faré. Il ne s’intéresse qu’à la cantine scolaire et cherche à corrompre chaque comité qui vient pour la gestion de la cantine et bouffer de cette cantine », ont écrit les jeunes parents dans leur correspondance adressée à l’inspecteur.

« Depuis qu’il est arrivé à Faré, on ne voit aucun résultat positif sur l’éducation des enfants. Nous, en tant que parents d’élèves, nous vous demandons de nous aider, Monsieur l’Inspecteur, à affecter ce directeur pour que la paix revienne à Faré et que nos enfants étudient bien », poursuivent-ils.

Cette mauvaise gestion est corroborée par un enseignant. « Quand je suis arrivé dans l’école il y a quelques années, c’est une école désordonnée. Rien ne va sur le plan pédagogique. Le directeur ne se soucie guerre de l’encadrement et du développement de l’école. En tant qu’enseignants, nous n’avons même pas d’équerre, de rapporteur, ni de compas. Même les craies, il faut les réclamer avant de les avoir. Pourtant, il y a le financement pour acheter tous ces articles. Le Directeur gère financements selon ses humeurs. Ce directeur est venu pour tuer l’école. J’ai appris qu’avant son arrivée, lors des examens du CEPD, les élèves de Faré brillaient. Ils étaient parmi les dix premiers, mais depuis 5 ou 6 ans, c’est le recul total », a-t-il déploré.

Selon les témoignages, la demande a effectivement conduit à l’affectation du directeur dans une autre école. Tout allait bien. Mais les choses vont prendre une autre tournure lorsque le préfet de l’Oti, le Colonel Wadja Gbandi a appris la nouvelle. « Le préfet demanda dans un premier temps à la Gendarmerie de convoquer les jeunes signataires de la lettre et les auditionner. Après cette convocation, le préfet fit un déplacement à Faré, en compagnie du maire de la commune Oti 1, l’adjoint au maire, la Gendarmerie et l’inspecteur et s’était entretenu avec le chef et ses notables, puis avec le directeur et les enseignants », nous a confié une source dans l’établissement.

Et c’est à la suite de cette visite que le préfet a convoqué à nouveau les jeunes pour, dit-il, les connaître et leur prodiguer des conseils. Une fois qu’ils ont répondu à cette convocation, les jeunes ne sont plus retournés à la maison. Depuis vendredi. « C’est ainsi que le vendredi 11 mars, ils allèrent à la préfecture de l’Oti, mais nous ne savons pas ce qui s’est passé dans le bureau du préfet et ce dernier a appelé la Gendarmerie de venir les chercher », souligne notre source.

Selon les témoignages, les jeunes seraient molestés et conduits de force à la Gendarmerie. Il nous revient également que le lendemain, samedi 12 mars, plusieurs jeunes, par solidarité, se sont rendus à la Gendarmerie pour rendre visite à leurs camarades. Mais ils ont été dispersés à coup de matraque.

Concernant la mutation du directeur, M. Bouraïma Monmodou, le préfet a demandé à l’inspecteur d’annuler l’acte d’affectation. Le directeur est donc revenu à l’EPP Faré et les jeunes sont toujours détenus à la Gendarmerie.

Dans nos recoupements, nous avons contacté le préfet de l’Oti, le Colonel Wadja Gbandi qui s’est refusé à tout commentaire.

Depuis quand les préfets décident-ils des affectations des directeurs d’école au Togo ? Et le parquet ne vaut-il plus au Togo pour que, sur ordre d’un préfet, on embastille des parents d’élèves ? Les citoyens veulent comprendre.

Joël D.

Source : Liberté

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