Le Togo se signale encore par l’hostilité de son gouvernement envers les populations. Dans ce contexte de vie chère, Faure Gnassingbé vient de faire procéder à une nouvelle augmentation des prix des produits pétroliers à la pompe. Une mesure aux antipodes de ce qui se fait dans les pays limitrophes où des mesures sociales sont prises. Dans une sortie hier, le ministre du Commerce et ses collègues demandent aux Togolais de patienter parce qu’ils réfléchir encore aux dispositions à prendre.
Après une première tentative, fin février, le gouvernement rend effective la hausse des prix des produits pétroliers. « Le ministre du commerce, de l’industrie et de la consommation locale porte à la connaissance de la population que face à la hausse du prix du baril de pétrole sur le marché international et afin d’assurer la continuité de l’approvisionnement de notre pays en produits pétroliers, les prix de vente au détail du carburant sur toute l’étendue du territoire national sont fixés ainsi qu’il suit à compter du 29 mars 2022 : Super sans plomb : 595 FCFA/litre, pétrole lampant : 550 FCFA/litre, Gas-Oil : 605 FCFA/litre, mélange 2 temps : 690 FCFA/litre », lit-on dans le communiqué signé par Kodjo Adédzé. Ce dernier martèle que les détaillants sont invités à une application stricte de ces nouveaux prix et que « des contrôles quotidiens seront effectués sur l’ensemble du territoire national pour s’assurer de l’effectivité de l’application de ces prix ».
Une hausse des prix des produits pétroliers à la pompe, cela n’a rien de surprenant puisque sur le plan international, le prix du baril de pétrole s’est envolé. Mais le contexte de la vie chère que connaît le Togo ne milite pas en faveur d’une telle mesure impopulaire. « Tout en reconnaissant la tendance haussière du prix du baril à l’international, la LCT soutient que la contextualisation de la situation à l’échelle de notre pays recommande plutôt des mesures d’atténuation en amont du phénomène de la vie chère et de mesures d’accompagnement. En tenant compte de cette réalité et vu le pouvoir d’achat de plus en plus faible des consommateurs, il ne devrait pas avoir une augmentation jusqu’à cette proportion », a déclaré la LCT dans un communiqué publié à la suite de l’augmentation des prix des produits pétroliers.
En réalité, le Togo n’est pas le seul pays touché par la crise économique qui découle de la crise sanitaire liée à la covid-19 ainsi que de la guerre que mène la Russie à l’Ukraine. Toute la planète est impactée, principalement l’Afrique. Mais dans la région ouest-africaine, de nombreux pays, voisins du Togo ont pris des mesures pour atténuer l’impact de la crise économique sur les ménages. On peut encore citer ces pays qui ont pris des mesures et dont on a fait cas. Le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Bénin ont pris des dispositions pour que leurs populations ressentent le moins possible les effets de la crise. Au Ghana, en plus des milliards débloqués, le gouvernement a considérablement réduit son train de vie à travers la réduction de 30% du salaire des ministres.
Pendant que sous d’autres cieux les gouvernements s’évertuent à soulager leurs populations, Faure Gnassingbé et ses collaborateurs consacrent leurs énergies à des futilités. Ils dépensent des milliards dans l’organisation d’événements internationaux qui n’ont aucun effet sur le bien-être des Togolais. En pleine crise de vie chère, il s’est tenu à Lomé une conférence sur la cybersécurité aux frais du contribuable. Il n’y a aucune retombée pour le pays. Dans la même veine, le gouvernement est en train de préparer la tenue à Lomé d’une rencontre internationale en avril sur les transitions politiques et le terrorisme en Afrique. Là aussi, des milliards de francs CFA sont mis à la disposition de Robert Dussey qui sillonne les planètes et l’univers, à la recherche de participants.
Du sommet sur la cybersécurité à la conférence sur les transitions politiques et le terrorisme en Afrique, le gouvernement autoritaire de Lomé aura dépensé des sommes folles et peu imaginables. Des ressources dilapidées. Au même moment, le gouvernement estime avoir fait des efforts pour maintenir inchangés les prix des produits pétroliers à la pompe jusqu’à ce 29 mars 2022. C’est en tous cas ce qu’ont dit Adédzé et ses collègues lors de la conférence de presse organisée hier au ministère de la Communication. « Je sais que c’est difficile. Si nous avions la magie de maintenir les prix tels qu’ils étaient, on l’aurait fait parce que nous et vous allons dans les mêmes stations-services », a déclaré le ministre du Commerce. C’est vrai, les pillards dénoncés par Faure Gnassingbé il y a des années et les pauvres populations s’approvisionnent dans les mêmes stations-services. C’est tout à fait naturel. Mais le paramètre qu’il a occulté, c’est que ceux qui sont de la minorité ont accès aux ressources financières du pays et en disposent à leur guise. Ce qui n’est pas le cas de la majorité des Togolais qui n’a aucune chance d’avoir un bon de carburant durant toute sa misérable existence. La minorité pilleuse dispose de bons de carburant en plus des deniers publics utilisés tels des fonds privés. De grâce messieurs les gouvernants, ne vous comparez pas à la majorité des Togolais déjà mal-en-point !
Sans arguments, Adédzé évoque le fait que des avions viennent à Lomé pour faire le plein de kérosène. Mais ce qui est écœurant, c’est qu’à travers leur sortie, les ministres n’ont fait que dire aux Togolais qu’ils doivent subir cette augmentation de prix et qu’aucune mesure d’atténuation n’est encore à dévoiler, au cas où elles existeraient dans les plans des autorités. Rien pour le moment. Cela montre qu’on a affaire à des incompétents déguisés en intellectuels.
Ce que Mme Victoire Tomégah-Dogbé aurait dû dire à ses collaborateurs, c’est d’annoncer des mesures d’accompagnement. Curieusement, preuve encore une fois que le gouvernement est une clique d’incompétents, on annonce que les mesures sont en réflexion. «Il faut que nous soyons patients. Il y aura toute une batterie de mesures qui seront prises dans le but d’atténuer l’impact de cette nouvelle augmentation des prix des produits pétroliers », a promis Adédzé toute honte bue. Après les « missiles » de Dodzi Kokoroko, les batteries d’Adedze.
Depuis 2005 que Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir dans le sang, il n’a jamais su comprendre que gouverner c’est prévoir. Il est toujours dans la réaction alors que la gestion d’un pays demande de la planification. Il n’a manifestement aucune vision pour ce pays. Sinon, lui et son équipe auraient élaboré depuis des mois des stratégies pour soulager les populations. Pour parler développement, trois choses : vision, compétence et…gouvernance.
G.A.
Source : Liberté / libertetogo.info