« Attirer l’attention sur des sujets comme celui des conditions de détention», à une époque où le tout-sécuritaire dame le pion aux autres sujets et où « l’intérêt des médias n’est vif que jusqu’au moment des procès », voilà l’objet de la table ronde virtuelle portant sur la question du respect des droits humains dans les lieux de détention en Afrique de l’Ouest, organisée le 18 mai dernier.
Près d’un mois après cette rencontre organisée par Wathi, le think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest dont le fondateur n’est autre que Dr Gilles Yabi, le constat que « les hommes, les femmes et les enfants qui vivent dans des lieux de privation de liberté intéressent peu de monde au-delà de leurs familles et de leurs proches amis » n’a pas pris une ride. De l’alourdissement des peines à la surpopulation carcérale, avec en toile de fond un manque cruel de moyens humains et matériels censé aider au fonctionnement des lieux de détention, tout a été passé au crible. L’autre constat désespérant a trait au droit à la santé violé au quotidien.
Quand Meganne Lorraine Ceday Boho, Présidente de la Ligue ivoirienne des droits des femmes, soulève les «problèmes de précarité menstruelle, de santé maternelle, de l’accès à la contraception et simplement de l’accès à l’eau », l’avocat togolais Gilles Kokou Fafadji Anani ne manque pas de relever de son côté que dans son pays le Togo, où « la tendance est aujourd’hui à la répression », « le dernier Code pénal voté en 2015 et revu en 2016 est devenu encore plus répressif que le précédent.
Il n’existe pas, aux yeux des décideurs et de l’opinion publique, de mesures alternatives crédibles à la détention carcérale… Les détenus sont toujours présumés coupables, même dans le cas des détentions préventives, et font face à des mauvais traitements et des formes de mépris ».
Comment ne pas lui donner raison quand on voit le lot réservé aux détenus ? C’est à croire que dans l’imaginaire collectif, un détenu, une fois qu’il est détenu, n’est plus assez humain pour bénéficier des droits les plus basiques dont tout homme, quel qu’il soit, doit jouir. Il est voué aux Gémonies, et la prison est savamment mal dotée pour lui faire sentir sa condition de sous-homme.
Les prisons en Afrique de l’ouest sont plus que des prisons, des enfers. Le respect des droits humains dans les lieux de détention est un point sur lequel l’on ne doit pas transiger. Ne pas respecter ces droits c’est faire preuve d’inhumanité.
Source : Lecorrecteur.info