De cette percussion accordée comme avec un piano ou ajustée comme les cordes d’une guitare, les notes musicales qui s’échappent à la partie (ci-dessous) en Yoruba, pourtant récité du morceau culte “Upheaval” de Nel Oliver, saisissent l’attention et l’oreille musicale. Elles résonnent dans une cadence enjouée grâce à cet instrument jalousement gardé entre le corps et le bras du drummer qui à coups réguliers ou irreguliers donnent le ton:
“Eh dja owo ibi si le
Eh dja owo ibi si le
Atin egnan dou dou
Ka gbe dje
Atin egnan foun foun
Eh dja owo ibi si le
E che ara gnin lokan
E kpakpo
Eche ara gnin lokan
Ati egnan dou dou
Ka gbe dje
Ati egnan foun foun
E che ara gnin lokan”.
Pour ne citer que ces grands noms de la musique d’ici et d’ailleurs, la musique du doyen Nel Oliver, de la grande Zeynab Habib, de Jah Baba, du mystérieux chanteur nigérian Lagbadja, de la belle Yemi Aladé, de l’intrépide Naira Marley et de quelques autres de l’ancienne et de la nouvelle génération ont en partage du traditionnel sensationnel, des notes ou mieux, des couleurs et odeurs culturelles. Quelque chose de typiquement africain s’en dégage pour enchanter les mélomanes béninois en particulier et africains en général.
Comme le son élastique, lent, ralenti, accéléré, léger, lourd, bien mesuré, dosé et pesé, sensible et parfois agressif de cet instrument qui tourne et qui semble venir des profondeurs d’un couloir, avec un écho joli à entendre, tels une matière, une forme, un objet, magnifiquement sculpté(e)s duquel jaillit une multitude de sons et de tons cohérents et rythmés, cet instrument au cœur d’une musique l’enrichit et ajoute une plus-value à l’art musical des chanteurs qui s’en servent comme “ingrédient” dans la composition et l’arrangement de leurs morceaux.
Avec le talent, l’expertise, le savoir-faire et les coups tantôt doux, tantôt méchants donnés sur sa surface avec un bâton spécial, le talking drum puisqu’il s’agit de cet instrument, vient donner une touche spéciale et agrémentée à la musique. En même temps, il avait semble t-il été créé pour communiquer de façon pratique, efficace et agréable. Depuis lors, il embelli aussi musicalement et culturellement et ses origines en disent long.
En effet, le talking drum encore appelé “Gangan”, est un instrument de percussion de la famille des membranophones originaire d’Afrique de l’Ouest. Considéré comme l’un des plus anciens instruments de percussion en Afrique de l’Ouest, son histoire serait partie de l’empire du Ghana (Ça reste à prouver). D’aucuns parlent du Nigéria, d’autres du Sénégal et certains, du Bénin. On sait dans tous les cas que le tambour parlant est africain. C’était l’instrument de travail des griots qui s’en servaient pour délivrer des messages, informer, sensibiliser et communiquer.
Fabriqué à partir de bois d’arbres, de peaux d’animaux et de cordes, il se présente sous forme de sablier, assorti d’un bâton légèrement crochu au bout et dont le drummer se sert pour frapper sa surface et produire ainsi ces différents tons qui emballent et emportent dans leur magie.
Pour les artistes chanteurs béninois d’hier et d’aujourd’hui qui ont compris l’originalité du “Gangan”, le dit instrument de percussion fait la particularité de leur musique et morceaux. Faisant cas de la jeune génération de chanteurs béninois, Ramou dans “Ziguiditata”, Sessime dans “Guiguo”, Nikanor dans “Yinko tché”, Raphaël Sheyi dans “Okpè”, la jeune Ayodele dans “Ndokpè joyeux anniversaire” et ses démonstrations scéniques, Anita Marcos dans “Akpé” (Vous m’en direz tant), avec la complicité de l’inspiration, y ont régulièrement recours. Et c’est à raison.
Sous d’autres appellations telles que tama, dumdum, kalangu, odondo, lunna, karangou ou kalangou, le “tambour” parlant fera encore et encore des merveilles. Il chantera, parlera, adoucira, bercera, contera, racontera sur des lustres et des lustres, fera de certains morceaux des chefs-d’œuvre incontestables et inoubliables. Bref…Le talking drum bien qu’il existe depuis de très longues années est aujourd’hui plus vivant que jamais.
Crédit image: Internet / la drummer nigériane Aralola jouant du talking drum à un festival / Un talking drum.
Anita MARCOS.
Source : Togonyigba.tg