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Togo-Pratiques anormales dans les centres hospitaliers : Quand l’argent de certains services facturés prend d’autres directions

Selon un médecin, il existe des services effectués par des médecins et autres agents hospitaliers, mais dont les contreparties financières prennent des directions autres que celle des caisses des centres hospitaliers. Cas des visites à la morgue et des délivrances des certificats au CHU Sylvanus Olympio.

Comment faire en sorte que les actes facturés aux patients et parents de patients prennent tous la direction des caisses des centres de soins au Togo ? La problématique est partagée par certains agents de santé qui trouvent anormal que des médecins et autres agents hospitaliers perçoivent auprès des populations de l’argent destiné aux caisses des hôpitaux.

Deux parents qui avaient perdu leurs proches, ont décidé de briser le silence et de dénoncer cette pratique. Dans la journée du 13 août 2022, deux membres de leurs familles sont décédés. Et pour les besoins de la cause, ils ont eu besoin de se faire délivrer des certificats de cause du décès.

Alors, selon les propos d’un entre eux, le surveillant des Urgences chirurgicales et un docteur lui ont fait comprendre que le papier qu’il réclame lui coûtera 15.000 FCFA. Ses arguments pour une réduction n’ont pas été entendus. Mais plutôt que de demander à ce parent d’aller régler la facture à la caisse, c’est de main à main que l’argent a été remis au docteur. Une situation que ce parent a assimilée à une forme de corruption. Non convaincu par ses propos qu’il nous a relatés, nous avons cherché à comprendre.

“Dimanche 28 août 2022, nous avons envoyé un message au docteur en question dont le contact figure sur le document délivré pour comprendre comment se passe la délivrance de ce genre de papier. Il nous a demandé de venir au sein du centre hospitalier pour échanges.

Hier lundi donc, nous nous y sommes rendus. Jusqu’à 8h, il n’était pas encore arrivé. Alors, nous avons approché le surveillant et lui avons soumis l’objet de notre visite. Selon lui, les documents tels que le certificat médical initial, celui de consolidation et le certificat de cause de décès sont des papiers facturés par les médecins ; l’argent ne rentre pas à la caisse, parce qu’à l’en croire, c’est des actes qui engagent seulement le médecin, mais pas le centre dans lequel il exerce.

Quand nous lui avons demandé si donc le médecin peut utiliser le papier ou le cachet du centre hospitalier pour délivrer le certificat, il nous a garanti que jamais ça ne se passe ainsi. Parce, une fois encore, c’est un acte qui engage le médecin. Et que se passera-t-il s’il arrivait qu’un médecin utilise le cachet de l’hôpital public dans lequel il travaille pour ce faire ? C’est une situation qui ne peut pas arriver”, nous a-t-il dit.

Mais justement le 13 août 2022, le docteur en question a délivré des certificats de cause de décès depuis l’enceinte du CHU Sylvanus Olympio, en utilisant le cachet de ce centre hospitalier. Une situation qui laisse penser que le CHU est responsable de ce document, mais n’a pas vu l’argent passer dans ses caisses.

Un médecin sous couvert de l’anonymat nous a expliqué qu’il n’existe qu’un seul médecin légiste au Togo, en la personne de Dr. Agbobli, le Directeur général du CHU SO. Et que cette pratique a cours depuis des années par les devanciers des docteurs qui prestent aujourd’hui. « Les aînés ayant montré la mauvaise voie, les cadets s’y sont engouffrés, surtout que de l’argent fais est au bout », a-t-il déploré, ajoutant que la médecine légale se pratique certes, mais elle doit être entourée de précautions.

Au niveau de la morgue également, il se passe une situation qu’il urge de changer pour éviter que les parents qui cherchent à voir le corps de leur proche défunt ne pensent pas que l’argent qu’on leur demande, prend des directions inconnues.

Toute visite à la morgue est subordonnée au versement d’une somme de 1000 FCFA. Mais beaucoup de visiteurs nous ont rapporté qu’aucun reçu ne leur est délivré. Une situation anormale qui peut laisser à penser que celle échapperait à la vigilance de la direction générale du CHU SO.

Si dans la même enceinte, une société appelée FIERTE-VIV est chargée de sécuriser les engins à deux roues contre le paiement de 50 FCFA et la délivrance d’un reçu, il n’y a pas de raison que des services qui perçoivent 1000 F et 15.000 FCFA ne fassent pas de même.

Le médecin qui a accepté de se confier, explique que le CHU SO n’est pas le seul centre à se trouver dans cette situation. Quand on sait que ces agents de santé sont payés, utilisent le courant et l’eau des centres publics, il n’y a pas de raison que leurs prestations n’aillent pas dans les caisses de l’Etat. Il est allé plus loin en interpellant le ministre de la santé, Moustafa Mijiyawa afin qu’une autre formule soit trouvée pour que tous les documents délivrés depuis les centres hospitaliers, soient facturés par lesdits centres, quitte à mettre en place une forme de ristourne aux agents qui auront délivré ces documents.

Reste à savoir la portée que le ministre accordera à ces situations qui prévalent et ternissent l’image et des centres de soins, et celle du corps médical.

Godson K.

Liberté N°3687 du mardi 30 Août 2022

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