La société civile togolaise se dit inquiète de la récurrence des braquages meurtirers au Togo. Un fléau dont sont victimes des enseignants selon l’entité. Tirant la sonnette d’alarme sur cette situation, des mouvements et organisations de la société civile rendent public un communiqué dans lequel le ministre en charge de la Sécurité est interppelé.
MOUVEMENTS ET ASSOCIATIONS
ALCADES-ASVITTO-GAGL-GCD-GLOB-FDP-LCT-LTDH-MCM-MJS-SEET
COMMUNIQUE DE PRESSE
Des organisations de la société civile togolaise fortement préoccupées par les braquages meurtriers dont continuent d’être victimes des enseignants irrégulièrement, arbitrairement et abusivement exclus, licenciés, révoqués de la fonction publique, et tirent sur la sonnette d’alarme.
1. Dans la nuit du 21 au 22 octobre 2022, aux environs de 19 heures, Monsieur Renan N’Moigni GNONKPA a été braqué à dos de sa moto, dans le secteur de Davié, localité située à environ cinq (05) kilomètres de Tsévié, alors qu’il faisait le job dans la conduite de taxi-moto communément appelé zémidzan pour subvenir aux besoins de sa famille. Sa moto emportée, lui-même molesté et jeté dans des buissons dans un état très déplorable. Il sera découvert vers 4 heures du matin et transporté à l’hôpital de Tsévié où il ne survivra pas à ses blessures. Nos organisations présentent leurs sincères condoléances à la famille éplorée.
2. Monsieur Renan N’Moigni GNONKPA est enseignant de son état, professeur titulaire d’histoire et géographie des collèges d’enseignement général, sous le numéro matricule 069 211-X, de la catégorie A2, grade 2 classe-2 échelon, indice 2040. Syndicaliste et premier Secrétaire Général du Syndicat des Enseignants du Togo (SET), Monsieur Renan N’Moigni GNONKPA a été irrégulièrement, arbitrairement et abusivement, avec quatre-vingt cinq (85) autres enseignants, révoqué de la fonction publique par arrêté n°1245/MFPTDS du 25 avril 2022 du ministre de la fonction publique, du travail et du dialogue social et ce, pour avoir demandé, par voie de grève, de meilleures conditions de vie et de travail des enseignants.
3. Cet évènement tragique qui vient coûter la vie à Monsieur Renan N’Moigni GNONKPA n’est point unique et isolé. Il s’inscrit dans une succession de faits équipollents à un plan savamment orchestré et ourdi contre les personnes de sa catégorie qu’il convient de rappeler.
Le 28 août 2022, à Agbalepedo, dans les environs du Collège Protestant, Monsieur Mawuli Kokouvi ADJOGBLE, professeur de français au Lycée d’Ablogame, numéro matricule 096 641-T, de la catégorie A2, grade 3 classe-2 échelon, indice 1520, lui aussi licencié suivant arrêté n°1246/MFPTDS du 25 avril 2022 du ministre de la fonction publique, du travail et du dialogue social, pour avoir observé les mouvements de grève du Syndicat des Enseignants du Togo (SET), puis reconverti en zémidzan pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, a été braqué dans un guet-apens, puis poignardé et laissé pour mort par ses agresseurs. Il n’a eu sa vie sauve que grâce à certains passants qui l’ont retrouvé couvert de sang. Sa moto a été emportée.
• Dans la matinée du 19 juillet 2022, Monsieur Mayigma GBANTCHARE, enseignant de son état, numéro matricule 102 519-H, de la catégorie A2, grade 3* classe-2* échelon, indice 1520, lui aussi licencié par arrêté n°1246/MFPTDS du 25 avril 2022 du ministre de la fonction publique, du travail et du dialogue social, pour avoir observé les mouvements de grève du Syndicat des Enseignants du Togo (SET), a été victime d’un accident inexpliqué devant la pharmacie de Tône, au moment où il se rendait au chevet d’un de ses frères, professeur de Physique au Lycée Namoudjoga, malade et hospitalisé au Centre Médico-social de Dapankpergou. Le 11 août 2022, aux environs de 20h30, Monsieur Mayigma GBANTCHARE sera à nouveau victime à Djangou, d’un braquage à mains armées par trois (03) jeunes. La moto qui appartenait à un de ses amis, lui aussi enseignant licencié, ses documents et pièces d’identité, ses verres médicaux, sa bague d’alliance, tout le matériels qu’il avait sur lui, en plus d’une somme d’argent (provenant de la vente des boubous traditionnels), ont été emportés.
Le 13 septembre 2022, aux environs de 19h30, Monsieur Kokou Miwonounyue MAWOUEGNA, enseignant de son état, professeur titulaire, numéro matricule 099 952-J, de la catégorie A2, grade 3 classe-1″ échelon, indice 1390, syndicaliste, actuel Secrétaire Général du Syndicat des Enseignants du Togo (SET), lui aussi révoqué de la fonction publique par arrêté n°1245/MFPTDS du 25 avril 2022 du ministre de la fonction publique, du travail et du dialogue social, pour avoir lancé et observé les mouvements de grève du SET, revenait de son village Katihoé (Préfecture de Vo), empruntant le tronçon Wacem-Tabligbo, à dos de sa moto, avec sa femme et leurs deux (02) enfants âgés de trois (03) et huit (08) ans. Ils ont été percutés du derrière au niveau des rails, à la lisière du lieu-dit PAPER-BAG, par un véhicule qui a pris la fuite. Tous étaient à terre, gisant dans leurs blessures et n’ont été secourus que par des passants quelques heures plus tard, pour être transportés au Centre hospitalier préfectoral (CHP) de Tabligbo.
1. Pour rappel, des pressions, menaces et intimidations venant des autorités gouvernementales, sont encore exercées sur la plupart des enseignants exclus, révoqués et licenciés, qui ont constitué des avocats pour leur défense, afin qu’ils se désengagent des mandats de représentation qu’ils ont conférés à ces avocats. II leur est intimé l’ordre d’abandonner les procédures pendantes devant le Comité de la Liberté Syndicale du Bureau International du Travail (BIT) et devant la Cour de Justice de la communauté CEDEAO, afin d’obtenir la clémence des autorités togolaises, pour la libération de leurs camarades syndicalistes détenus et leur réintégration dans la fonction publique. De même, le Tribunal de Lomé, par une décision d’une singularité et d’une étrangeté fort irréprochables, datée du 23 mai 2022, a interdit l’utilisation du sigle << SET >> par le Syndicat des Enseignants du Togo maintenant et dans le futur, ceci sous astreinte de cent mille (100.000) F CFA par acte d’utilisation abusive.
4. Au regard de tout ce qui précède, des indices concordent à conclure à l’existence de menaces réelles qui pèsent sur ces enseignants arbitrairement et abusivement relevés de leurs fonctions; ce qui justifie que nos organisations tirent sur la sonnette d’alarme, afin d’attirer l’attention des autorités gouvernementales togolaises, particulièrement celles en charge de la sécurité, du Bureau sous régional de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) pour l’Afrique occidentale, ainsi que les missions diplomatiques et consulaires accréditées au Togo, non seulement sur les menaces et persécutions dont font l’objet ces enseignants irrégulièrement, abusivement et arbitrairement exclus, révoqués et licenciés de la fonction publique, mais encore et surtout sur la précarité qui caractérise aujourd’hui leur situation.
5. Dans cette même logique, nos organisations rappellent avec insistance les dispositions de l’article 13 de la Constitution togolaise du 14 octobre 1992 selon lesquelles << L’État a l’obligation de garantir l’intégrité physique et mentale, la vie et la sécurité de toute personne vivant sur le territoire national. Nul ne peut être arbitrairement privé ni de sa liberté ni de sa vie ».
6. Nos organisations demandent à cet effet au ministre de la sécurité et de la protection civile d’ouvrir une enquête pour faire la lumière sur les circonstances du meurtre de Monsieur N’Moigni GNONKPA, et sur les différents braquages et accidents dont ont été victimes ses trois autres collègues Mawuli Kokouvi ADJOGBLE, Mayigma GBANTCHARE et Kokou Miwonounyue MAWOUEGNA.
7. Enfin, nos organisations engagent ici l’entière responsabilité des ministres Gilbert Bawara de la fonction publique, du travail et du dialogue social et Komla Dodzi Kokoroko des enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat, par rapport aux conséquences dramatiques et aux dégâts collatéraux qu’ont causé et causent encore les différentes mesures injustement prises à l’encontre d’enseignants grévistes. Car pour nos organisations, il existe un véritable lien de cause à effet entre la situation dans laquelle ces enseignants se trouvent aujourd’hui et les mesures arbitraires et abusives dont ils ont été victimes.
8. Pour rappel, le 26 mars 2022, le ministre Komla Dodzi Kokoroko des enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat, alors en tournée à Dapaong, a lancé des propos particulièrement menaçants à l’encontre des enseignants en ces termes : « …alors je suis venu dans les savanes et le fleuve Oti m’a permis, avec une météo assez intéressante de préparer et de tirer mes premiers missiles; et mes premiers missiles tirés depuis le fleuves Oti feront des dégâts assez lourds, je vous dis, il y aura des dégâts assez lourds ». Depuis, ce ministre n’a fait l’objet d’aucune interpellation, ni par le gouvernement, ni par les députés à l’Assemblée nationale.
Fait à Lomé, le 23 octobre 2022,
Pour les organisations,
Le Président de l’ASVITTO,
M. Monzolouwè B. E. ATCHOLI KAO