Dans une interview accordée au confrère “Le Monde”, l’artiste togolais Elom 20ce évoque une relation avec la France forgée dans le traumatisme. Et appelle les Africains à se reconnecter avec eux-mêmes.
Elom 20ce, de son vrai nom Elom Kossi Winceslas, se présente comme un « griot contemporain ». Dans ses textes, le rappeur togolais déclame haut et fort son amour pour le panafricanisme et fustige la mauvaise gouvernance des dirigeants africains. Né bien après l’indépendance du Togo, il pose, à 40 ans, un regard sans concession sur sa relation avec la France.
« Comme tous les enfants togolais, on m’a imposé l’apprentissage du français dans un climat de terreur. Parler ma langue maternelle à l’école était proscrit. Braver l’interdit, c’était s’exposer à l’humiliation et aux coups. Quand un élève employait un mot issu de nos langues nationales en cours, le maître lui infligeait le port d’un os en collier autour du cou. Cela m’arrivait souvent car j’étais turbulent. Quand je portais ce symbole d’infamie, j’étais aux aguets. Pour m’en débarrasser, il fallait qu’un autre élève commette à son tour cette erreur. Cela créait une drôle d’ambiance entre nous. J’en garde un souvenir traumatisant, car le maître d’école nous frappait pour des fautes commises dans une langue qui n’était pas la nôtre. La rencontre avec le français, ce sont aussi des comptines apprises dès la maternelle. Chanter « Sur le pont d’Avignon », « Petit Papa Noël » m’a fait entrer dans un imaginaire déconnecté de mon monde », a confié l’artiste togolais au journal “Le Monde”.
Le rappeur trouve anormal qu’après soixante-deux ans d’indépendances, pour réussir socialement, il faut toujours passer par l’école française. Mais quand il s’agit de poursuivre ce parcours scolaire, et poursuivre ses études en France, il devient difficile de décrocher un visa. « Décrocher un visa est aujourd’hui une vraie galère. Seule une poignée d’étudiants africains, souvent les plus fortunés, y parviennent. Pour les autres, traverser le désert et la mer pour avoir un avenir reste une voie de survie », regrette Elom 20ce.
Pour lui, il est temps que la jeunesse africaine prenne son destin en main, coupe le pont avec l’Hexagone et retourne à la source.
« La France nous a vendu sa civilisation en rabaissant nos cultures africaines. (…) Au fond, la France ne fait que défendre ses intérêts. C’est à nous, Africains, de nous reprendre en main. La colonisation nous a éloignés de nous-mêmes. Il nous faut résister à la violence néocoloniale et à ses relais. Nous célébrer et nous unir. Cela, ce n’est pas la France qui va le changer, mais des dirigeants investis pour l’intérêt de leur peuple », a-t-il conclu.
Retrouvez l’interview dans son intégralité sur le site du journal “Le Monde”.
Vous avez dit que la France vous a vendu sa culture, très bien.
Seulement dans le commerce, il y a le vendeur et l’acheteur.
Dans cette situation, qui a forcé l’Africain à acheter la culture d’autrui?
Deuxième chose: l’Occident s’est développé en copiant la culture des autres.
Qui refuse à l’Africain de faire de même?
Il faut que les Africains deviennent un jour responsables de leurs maux au lieu de les voir dans les yeux des autres.
Incapables.
Est ce que vous avez lu tout son message?
A la fin il a convenu avec vous que c’est nous memes qui devions changer la donne car la France ne le fera pas a notre place.
Des fois on critique sans lire tout.