C’est une marque déposée des membres des gouvernements successifs sous Faure Gnassingbé depuis son avènement à la tête du pays en 2005. A chaque sortie d’un membre de gouvernement, aucun discours ne peut finir sans cette séquence « sur les instructions fermes du Chef de l’Etat, Président de la République, son Excellence Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé ». Il y a de ses membres du gouvernement qui en abusaient au point de se faire moquer sous cap.
En réalité, en raffolant ce culte de personnalité dans un zèle dévorant, cela suppose que ces membres de l’Exécutif ne peuvent rien initier eux-mêmes sans les instructions du Chef de l’Etat.Une aberration, en somme. On en était là quand il a été décidé de changer de code. C’est ainsi qu’avec le gouvernement Victoire Tomegah-Dogbe en octobre 2020, les « instructions fermes » du Chef de l’Etat ont été supprimées et des Togolais, légitimement, pensaient avoir fini avec ça.
Erreur ! Un autre vocable est tout de suite sorti du chapeau : leadership éclairé du Chef de l’Etat. C’est ainsi que depuis plus de trois ans , nous subissons encore cet affront des serviteurs de la nation. Pourquoi faut-il lier tout au chef de l’Etat alors même ces ministres ont été nommés, en réalité pour leurs compétences propres à apporter leurs touches au sein de leur département. A moins que les attributions de membre de gouvernement soient autre chose au Togo.
Il importe que le Chef mette fin à cette pratique trop réductrice de la fonction ministérielle. A l’image de Patrice Talon qui a interdit toute propagande nauséeuse à sa gloire, il le faut aussi au Togo pour forcer les ministres à l’inventivité, à l’innovation et à la créativité. C’est en cela que leur place sera justifiée au sein d’une équipe gouvernementale. En 18 ans de pouvoir, aucun miracle jusque-là dans la gouvernance du fils du père. Sur des instructions fermes au leadership éclairé, c’est bien la danse de la tortue.
Honoré Adontui
Source: Le Correcteur / lecorrecteur.tg