Le Togo se passionne pour une web-série

Des milliers d’internautes ont visionné avec passion les dix premiers épisodes de la première web-série togolaise produite en langue locale mina, mixée de français, et sous-titrée en anglais. Diffusée gratuitement sur Internet, Ahoé (Au pays) est une série qui braque les projecteurs sur des faits sociaux du pays et de la région.

Depuis quelques semaines, une série filmique fait le tour de la toile togolaise. Produit par Angela Aquereburu Rabatel et écrite par Madie Foltek, Ahoé (web-série, Saison 1, 10 épisodes, 2023, Togo) est un film togolais réalisé par Julio Téko. Cette œuvre suscite un engouement sans précédent en termes de format (web-série) et des sujets abordés, en l’occurrence des faits sociaux que vivent au quotidien des Togolais et d’autres peuples africains.

Le film s’ouvre sur un lieu emblématique du pays : la façade principale de la cathédrale Sacré-Cœur de Jésus de Lomé, vue d’Assiganmé (grand marché) d’où ont émergé plusieurs générations de Nana-Benz, ces fameuses commerçantes de pagnes et d’autres produits, douées en affaires et très fortunées. À partir de ce lieu, on circule par les rues, les lieux de commerce et de restauration. Les sujets s’enchaînent : funérailles, galère, travail indécent, problèmes conjugaux, anecdotes, infidélités, cérémonies traditionnelles, corruption, détournement de fonds…, souvent autour d’un bon plat d’ayimolou, une recette culinaire très prisée de riz-au-haricot, devenu même un personnage de ce chef-d’œuvre.

Controverses et mythes autour des obsèques

Il est des peuples qui semblent chérir la mort. Du moins, dans presque chaque famille africaine, des traditions qui sont avides de macchabées, avec leurs gardiens. C’est la trame de l’histoire de la série Ahoé construite autour d’un jeune togolais revenu de France pour les obsèques de sa mère. « Bienvenue au pays », souhaite au personnage principal, Eli, incarné par Bienvenu Gagalo, son meilleur ami Aris incarné par le comédien et réalisateur Clemens de Souza. Des funérailles au bled, voici un sujet qui peut nourrir plus d’une saison d’histoires.

Ainsi en est-il de la première saison de la série Ahoé constituée de 10 épisodes diffusés de décembre 2023 à janvier 2024. Sur les réseaux sociaux et ailleurs, l’œuvre fait débat : des avis positifs et d’autres mitigés sur la qualité de la production, mais une quasi-unanimité d’appréciation quant aux sujets traités. Chaque épisode varie d’environ vingt à trente minutes – un écart étonnamment irrégulier s’agissant de la durée d’une série – mais les histoires captivent et tiennent en haleine le spectateur. Une série grande, non seulement par la qualité de production, notamment la direction photo et le son, mais aussi par les sujets traités avec humour, malgré le drame quasi permanent.

Le film est porté avec succès par des comédiens et comédiennes reconnus comme Béno Sanvee, Atavi-G Amedegnato, Rosemonde Assogba, etc., et des acteurs à découvrir, qui incarnent ces histoires communes aux familles de cette région. Et quand l’on est dépassé par les chapelets de malheurs, à coups de malices et de pièges-funérailles, comme dans ce film, on s’écrie : « Mawu » (Dieu) ou « Yesu » (Jésus)

Par ailleurs, si la première saison a été tournée gracieusement sans cachet pour l’équipe, un appel à fonds participatif est lancé pour les productions à venir.

africa.la-croix.com

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